Le musée juif Anu aborde le 7 octobre avec des journaux intimes, de la musique et des photos saisissantes
Le Musée du peuple juif expose des réactions aux attaques du Hamas, choisies parmi des œuvres créées dans les jours et les semaines qui ont suivi le 7 octobre
Dans les jours qui ont suivi les attaques du Hamas du 7 octobre dernier, Anu, le Musée du peuple juif, a réagi en invitant des évacués du nord et du sud dans ses installations de Tel Aviv, offrant ateliers et espace de détente.
« Nous avons commencé avec 30 personnes, puis 50, et nous avons dû improviser au moment des alertes », confie Orit Shaham-Gover, conservatrice en chef du musée. « Nous sommes allés tous ensemble dans l’abri, nous avons géré. »
Voilà pour la première étape.
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Lorsque Shaham-Gover a été contactée par un proche de Raz Ben Ami, alors otage, au sujet de ses œuvres d’art – Ben Ami a été libérée fin novembre mais son mari, Ohad, est lui toujours captif – elle est passée récupérer ses œuvres ainsi que celles de l’étudiant en art Inbar Heiman, tué en captivité, et de plusieurs autres personnes, pour élaborer une installation originale dans le hall du musée.
Impossible pour les visiteurs d’ignorer les œuvres de ces artistes, avec la douleur et la confusion qui régnait alors dans le pays.
Pour autant, elle a jugé que ce n’était pas suffisant, aussi le musée, qui entend offrir une perspective attrayante sur l’identité et l’histoire juives, a-t-il organisé sa propre exposition sur le 7 octobre, sobrement intitulée « Sept octobre ».
« C’est sans doute ce que nous avons fait de mieux dans ce musée : cette exposition touche absolument tout le monde », explique Shaham-Gover.
L’exposition, qui a ouvert ses portes à la mi-février, sera visible jusqu’au 7 octobre prochain au moins, peut-être même davantage, ajoute le co-commissaire Michal Houminer.
« Cette exposition est née de la confusion et de la tristesse des gens de ce petit pays, où tout le monde connaît quelqu’un qui a été touché, directement ou non », explique Shaham-Gover. « C’est un instantané de la façon dont les Israéliens ont réagi, en temps réel, un temps réel dans lequel nous sommes toujours d’ailleurs. »
Ces six derniers mois, le musée Anu a dû réagir rapidement, comme beaucoup d’autres musées israéliens, et renoncer à une programmation avec deux ans de délais.
Le personnel du musée a constaté que les artistes réagissaient immédiatement, en produisant des œuvres en temps réel et en les publiant souvent sur les réseaux sociaux.
Les conservateurs du musé Anu suivaient les artistes locaux tout en réagissant à ce qu’ils entendaient et voyaient autour d’eux, explique Shaham-Gover.
Son fils, qui travaille dans l’industrie de la musique, a passé de nombreuses heures avec d’autres musiciens à se produire, quasiment 24 heures sur 24, au profit des évacués, des blessés, des soldats et de tous ceux qui avaient besoin de musique pour se remonter le moral. Il estime avoir autant travaillé l’espace de ces quelques mois qu’en un an et demi.
« La musique a été une sorte de baume apaisant, un moyen pour les aider à se sentir mieux », dit-elle.
La proximité de Shaham-Gover avec l’industrie de la musique a amené les commissaires du musée Anu à créer une playlist de chansons pour accompagner l’exposition, avec des œuvres de Matti Caspi, Ester Rada, Micha Sheetrit, Eviatar Banaï, Idan Amedi, Shlomo Artzi, Ishaï Ribo, Hadag Nachash et bien d’autres qui, dans leur diversité, offrent une forme de consolation après les attentats du 7 octobre.
S’ajoute en outre un clip fait de centaines de photos prises par des photo-journalistes et photographes dans les toute premières heures, jours et semaines de l’attaque, qui témoignent de ses conséquences.
L’exposition commence avec des œuvres d’artistes qui ont vécu les attentats de près ou de loin, avant et après le 7 octobre, et dans les jours qui ont suivi.
Il y a notamment cette œuvre de Haïm Maor à propos de Sophie Berzon Mackie, résidente et conservatrice de Beeri, qui a frénétiquement envoyé des messages à propos des terroristes qui se trouvaient dans le kibboutz, messages qu’il a rassemblés dans une sorte de collage qui met en évidence son stress.
Leeor Shtainer pleure ses deux nièces, tuées lors de la rave Supernova, dans deux tableaux qui évoquent le sort qui pèse sur la figure biblique d’Isaac. En face se trouve les journaux intimes de Keren Shpilsher, qui a dessiné au quotidien ce qu’elle voyait sur les écrans et a déjà accumulé six volumes.
Il y a des dessins de Jonathan Chazor, jeune soldat tué à Gaza. Le plus douloureux est peut-être la très réaliste tête de chien qu’il a dessinée sur le tableau noir d’une école alors qu’il combattait à Gaza.
Sur un autre mur se trouve l’une des œuvres désormais familières, tachée de rouge, de Ziva Jelin, résidente de Beeri et artiste dont les œuvres ont été détruites par des éclats d’obus lors de l’assaut du Hamas.
La playlist de l’exposition passe en arrière-plan, dans toute la galerie, tandis que les spectateurs se pressent autour des œuvres. La partie intérieure de la galerie offre des bancs pour que les visiteurs puissent s’asseoir et regarder les 300 photos très émouvantes prises ces derniers mois.
Les photos défilent en silence, donnant à voir des soldats en train de se battre dans les kibboutzim, les nombreux enterrements, les manifestations en faveur de la libération des otages, les visages de leurs proches, comme un contrepoint aux oeuvres qui se trouvent sur les cimaises, explique Houminer, les visiteurs étant les témoins de la douleur et du chagrin qu’inspirent ces événements.
Il y a aussi le travail vidéo saisissant du photographe Roee Idan, tué dans l’une des effroyables attaques terroristes de ce matin-là, non loin de son domicile du kibboutz Kfar Aza.
Il a été l’un des tout premiers à prendre des images des attaques, ce matin-là, avec ses photos d’attaquants du Hamas à bord de parapentes motorisés, avant d’être tué.
Ces images terrifiantes trouvent un contrepoint dans ses premières vidéos de nuées d’oiseaux en train de voler en rangs serrés dans le ciel du Neguev.
« Tout cela n’est qu’une petite partie de ce qui s’est passé le 7 octobre », conclut Houminer. « Nous savions qu’il fallait faire quelque chose, réagir, pour raconter cette histoire du monde juif. »
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