Le Parlement autrichien reconnaît symboliquement le génocide arménien
Les chefs des six groupes parlementaires ont co-écrit une déclaration n'ayant aucune valeur juridique
Le Parlement autrichien a observé mercredi une minute de silence en mémoire du génocide arménien, une première dans ce pays autrefois allié à l’empire ottoman et où ce terme n’a jamais été endossé officiellement.
« Le 24 avril 1915 a marqué le début de persécutions qui se sont achevées en génocide », a déclaré la présidente sociale-démocrate (SPÖ) du Parlement, Doris Bures, avant d’inviter l’ensemble des députés à se lever et à se recueillir.
Cette cérémonie fait suite à la rédaction, par les six groupes représentés au Parlement, d’une déclaration commune reconnaissant le génocide. Celle-ci devait être présentée plus tard dans la journée.
Cette déclaration, signée par les chefs des six groupes parlementaires — les partis social-démocrate (SPÖ) et chrétien-démocrate (ÖVP) au pouvoir ainsi que le FPÖ (extrême-droite), les Verts et deux petits partis libéraux — ne sera toutefois pas soumise au vote et n’aura donc pas de valeur juridique. Elle marque cependant un premier pas symbolique dans la reconnaissance du génocide par l’Autriche.
Début avril, le Conseil oecuménique des Eglises chrétiennes d’Autriche (ÖRKÖ) avait solennellement appelé la présidence de la République et le gouvernement à reconnaître le génocide arménien, « à l’instar de beaucoup d’autres pays ».
Mais le président Heinz Fischer a décliné l’invitation de l’Arménie à participer aux cérémonies du centenaire à Erevan vendredi, auxquelles prendront part notamment les président russe et français Vladimir Poutine et François Hollande. Le pays sera représenté par un ambassadeur.
L’Autriche-Hongrie, comme l’Allemagne, avait été l’alliée de l’empire ottoman durant le Premier conflit mondial. La communauté turque représente la deuxième communauté d’origine étrangère du pays, avec quelque 240.000 personnes.
Lundi, le chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, avait accusé les partis au pouvoir de « s’agenouiller devant la Turquie » de peur de froisser leur électorat d’origine turque.
Une vingtaine de pays, dont la France et la Russie, ont reconnu le génocide arménien, qui selon Erevan a coûté la vie à quelque 1,5 million de personnes entre 1915 et 1917.
Ankara, comme plusieurs autres pays dont les Etats-Unis, rejette toujours le terme de génocide pour qualifier ces massacres qui avaient débuté il y a cent ans, le 24 avril 1915.
En Autriche, une messe oecuménique commémorative doit être célébrée en la cathédrale Saint-Etienne de Vienne vendredi. Une marche est en outre prévue dans la soirée, à l’appel notamment d’organisations arméniennes et turques libérales.