Le parti autrichien d’extrême-droite suspend un élu municipal pour un salut nazi présumé
Le parti pour la Liberté d'Autriche a ouvert une enquête après des plaintes contre un membre subalterne
Le parti pour la Liberté de l’extrême droite autrichienne a suspendu l’un de ses conseillers municipaux qui avait été accusé d’avoir fait le salut nazi et d’avoir dit « Heil Hitler », a annoncé Reuters mardi, citant le journal autrichien Der Standard.
Le parti pour la Liberté est l’un des partis nationalistes les mieux établis en Europe. Il devrait arriver à la deuxième ou à la troisième place lors des élections surprises prévues dimanche, ce qui pourrait lui donner le renforcement nécessaire pour devenir un partenaire subalterne au sein de la coalition gouvernementale.
Selon les informations, une conseillère locale indépendante se serait plainte au maire d’une municipalité d’avoir vu le membre du parti de la Liberté faire le salut hitlérien.
Le journal n’a pas identifié les responsables municipaux impliqués dans l’incident, ni précisé où ce dernier avait eu lieu.
Un avocat représentant le maire a fait savoir que deux témoins oculaires avaient fait des dépositions dans l’affaire et que le dossier serait transmis au procureur, selon l’article.
Il est illégal de faire des déclarations faisant l’éloge du nazisme en Autriche, le pays natal du leader nazi Adolf Hitler pendant la Deuxième guerre mondiale.
Josef Riemer, législateur du parti pour la Liberté, a fait savoir dans un communiqué que le membre de la formation impliqué avait été suspendu tandis qu’une enquête avait été ouverte sur l’affaire. Riemer a noté que le conseiller nie les accusations et qu’il a demandé les services d’un avocat.
Le mois dernier, le candidat à la présidentielle du parti pour la Liberté avait perdu lors d’une élection finale par moins de 1 % des votes. Mouvement marginal il y a 15 ans devenu un parti ancré dans le paysage politique dominant, le parti pour la Liberté, qui s’oppose à l’immigration en provenance des pays musulmans, a tenté de lutter contre sa réputation raciste et antisémite.
Fondé en 1956, cette formation a émergé de la Fédération des indépendants – qui n’a existé que peu de temps – et qui avait été lancée après la Deuxième guerre mondiale par d’anciens nazis démis de leur droit de vote.
Le parti, dont le tout premier chef était un ancien de la Waffen SS, a également su attirer des pangermanistes – qui croient à l’unification avec l’Allemagne telle qu’elle existait sous le Troisième Reich – ainsi que des libéraux lassés de l’establishment centriste au pouvoir.
Au cours des décennies, le parti a empiété de plus en plus sur les deux principales formations politiques : les sociaux démocrates et le parti conservateur (OeVP), qui ont tous les deux dominé la politique autrichienne de l’après-guerre.
Son chef actuel, Heinz-Christian Strache, avait présenté ses excuses en 2012 pour avoir posté sur Facebook une caricature dépeignant un banquier obèse, au nez crochu, portant des boutons de manchettes en forme d’étoile. Le prédécesseur de Strache avait salué les politiques de l’emploi mises en place par les nazis et les Waffen-SS.
Les législateurs du parti pour la Liberté ont souvent assisté – y prenant également la parole – à des événements commémorant les nazis, notamment un rassemblement en mémoire d’un pilote nazi né en Autriche qui avait abattu 258 avions, presque tous russes. Strache lui-même avait été accusé d’avoir fait un salut nazi en 2009, ce qu’il avait nié.
Strache est venu cette année en Israël, rencontrant des responsables au cours de son séjour. Il avait indiqué à cette occasion soutenir la lutte d’Israël contre l’islam radical et avait déclaré avoir purgé son parti de l’antisémitisme.