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Netanyahu et des députés blâment Yitzhak Yosef pour insulte à l’alyah russe

Pour Benjamin Netanyahu, les propos du grand rabbin sur les "gentils qui haïssent la religion" sont "scandaleux et déplacés" ; Liberman dénonce des propos "antisémites et racistes"

Illustration : Des immigrants juifs d'Ukraine arrivent à l'aéroport international Ben Gurion. (AP Photo/Oded Balilty, File)
Illustration : Des immigrants juifs d'Ukraine arrivent à l'aéroport international Ben Gurion. (AP Photo/Oded Balilty, File)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a pris part mardi à un concert de critiques contre le grand rabbin séfarade d’Israël après qu’il ait été révélé que le chef religieux avait qualifié les immigrants de l’ex-Union soviétique de « gentils qui haïssent la religion » – des commentaires que le Premier ministre a qualifiés de « scandaleux et déplacés ».

« L’immigration en provenance de l’ex-Union soviétique est une énorme aubaine pour l’État d’Israël et le peuple juif », a-t-il précisé. « Le gouvernement… continuera à promouvoir l’immigration et l’intégration dans le pays de nos frères et sœurs de l’ex-Union soviétique. »

Le site d’information Ynet a rapporté que, lors d’un rassemblement rabbinique la semaine dernière à Jérusalem, Yitzhak Yosef avait déclaré aux spectateurs que « des centaines de milliers ou des dizaines de milliers de Gentils sont venus en Israël sous la Loi du retour ».

« Il y a beaucoup, beaucoup de non-Juifs ici, certains sont communistes, hostiles à la religion, détestant la religion. Ce ne sont pas du tout des Juifs, mais des Gentils. Alors ils votent pour des partis qui incitent contre les ultra-orthodoxes et contre la religion. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, (à gauche), et le grand rabbin séfarade Yitzhak Yosef assistent à une cérémonie marquant les 25 ans de l’attaque terroriste de 1992 contre l’ambassade israélienne à Buenos Aires, au bureau du ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, le 6 mars 2017. (Autorisation/Yaakov Cohen)

Avigdor Liberman, chef du parti Yisrael Beytenu, dont les partisans sont majoritairement laïcs et russes, a demandé la démission de Yosef suite à ses déclarations, disant que ses propos étaient « antisémites et racistes » et qu’il espérait qu’il serait remplacé par quelqu’un qui ne « séparera et ne divisera pas » les gens.

Liberman, lui-même un immigrant de Moldavie, une ancienne république soviétique, a dit par la suite que Yosef n’était « pas un grand rabbin, mais un grand incitateur à la haine ».

Liberman a refusé de rejoindre un gouvernement dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu en mai dernier en raison de désaccords avec les partis ultra-orthodoxes sur le projet de loi militaire des étudiants ultra-orthodoxes. En novembre, il a publié une liste de revendications concernant la religion et l’État, disant qu’elles constituent le minimum absolu auquel son parti laïc consentira dans toute négociation visant à former un gouvernement de coalition après les élections de mars.

Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, assiste à la conférence du journal Calcalist à Tel Aviv, le 31 décembre 2019. (Miriam Alster/Flash90)

Le président de la Knesset, Yuli Edelstein (Likud), qui a été détenu comme prisonnier de Sion dans une prison soviétique pendant plus de trois ans avant d’immigrer en Israël, a déclaré que « l’on ne peut imaginer Israël sans l’énorme contribution de l’immigration en provenance de l’URSS. Même en période électorale, il n’y a pas de place pour le discours inapproprié de la haine et de la division ».

Edelstein a été incarcéré dans une prison soviétique sous de fausses accusations de trafic de drogue après avoir été pris en train de donner des cours d’hébreu clandestins. Se voyant refuser une demande d’immigration en Israël, Edelstein devint un célèbre prisonnier de Sion avec sa femme Tatyana qui dirigeait les démarches pour le libérer. Il a été libéré en mai 1987, à la veille de Yom HaAtsmaout, la fête de l’indépendance d’Israël.

Le dirigeant de Kakhol lavan, Benny Gantz, a déclaré que Yosef devait s’excuser pour ses propos, affirmant que l’État d’Israël avait une dette envers les immigrants de l’Union soviétique qui ont apporté avec eux des acquis culturels, scientifiques et sociaux.

Mais, au lieu de cela, le rabbin a défendu ses propos, affirmant qu’ils avaient été « déformés » par les responsables politiques.

« J’étais clair et je le répète : à côté de la majorité de l’aliyah de centaines de milliers de Juifs de l’ex-Union soviétique… il y a une minorité d’immigrants qui ne sont pas Juifs selon la loi juive et qui sont venus à cause de la Loi du retour », a déclaré Yosef dans un communiqué.

« Au cours de mes visites récentes dans les communautés juives florissantes de Russie et d’Ukraine, j’ai été confronté à de vives critiques au sein de ces communautés concernant l’immigration de non-Juifs en Israël », a-t-il ajouté.

« Il est très regrettable que certains se sentent offensés par la façon dont les propos ont été présentés alors qu’ils ont été manifestement déformés par des personnalités politiques intéressées qui font de l’incitation depuis de nombreux mois contre le judaïsme et la loi juive. »

La députée Tamar Zandberg, de l’Union démocratique, a elle demandé au procureur général d’ouvrir une enquête pour déterminer si Yosef incitait à la haine.

La députée du Camp démocratique Tamar Zandberg, à Jérusalem, le 22 août 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Ceux qui viennent de l’Union soviétique ont immigré légalement en Israël et sont des citoyens égaux qui doivent être protégés contre la haine et les discours de haine qui pourraient conduire à la violence », a déclaré Mme Zandberg dans un communiqué. « Je demande donc au procureur général d’ouvrir une enquête dès que possible sur les déclarations incitatrices du grand rabbin Yosef, pour déterminer s’il est approprié qu’une personnalité publique s’exprime ainsi. »

Le rabbin Uri Regev de Hiddush, une organisation qui plaide pour un plus grand pluralisme religieux en Israël, a également demandé la démission de Yosef.

« Yosef est un homme politique, comme il l’a déjà démontré lors des élections précédentes, un acteur de la campagne électorale du Shas, causant des dommages délibérés au judaïsme et au peuple juif », a-t-il déclaré.

Le grand rabbin Yosef s’adressait à des rabbins qui se préparaient à voyager à l’étranger en tant qu’émissaires, et leur conseillait de ne pas s’impliquer dans les conversions en raison des sensibilités découlant de la loi religieuse.

Plus tard dans la conversation, il a également attaqué des juges religieux, certains par leur nom, dont il a dit qu’il considérait qu’ils étaient trop indulgents sur les questions de conversion.

Yuli Edelstein, président de la Knesset, en visite au tribunal où il a été condamné à trois ans de travaux forcés en Sibérie, le 28 juin 2017. (Crédit : ambassade israélienne à Moscou)

Yosef a même dit que les conversions sous les auspices des tribunaux rabbiniques de l’État, qui sont sous sa propre supervision, ne devraient pas être automatiquement acceptées.

Le rabbin David Stav, cofondateur de Tzohar, une organisation de rabbins sionistes religieux orthodoxes en Israël qui vise à donner un visage plus amical aux services religieux fournis au public, a déclaré : « Il est incompréhensible que quelqu’un qui se trouve à la tête des tribunaux rabbiniques et du rabbinat répande des mensonges sur les rabbins locaux et doute de l’intégrité des juges rabbiniques locaux, simplement à cause de ses propres opinions personnelles. »

La Loi du retour accorde une citoyenneté quasi automatique à ceux qui ont au moins un grand-parent juif. Mais le Grand rabbinat ne les reconnaît comme Juifs que sous une stricte interprétation de la halakha, ou Loi juive : ils doivent avoir pour mère une Juive ou avoir été convertis au judaïsme par des rabbins orthodoxes approuvés par le rabbinat officiel de l’Etat.

Au cours des dernières années, l’immigration en provenance de l’ex-Union soviétique vers Israël a de nouveau augmenté, devançant la France et d’autres pays d’Europe occidentale en tant que source du plus grand nombre de nouveaux immigrants.

Le rabbin David Stav, le cofondateur et le président de l’organisation rabbinique Tzohar, le 20 juin 2013. (Crédit : Flash 90, File)

En 2018, Yosef a été critiqué pour avoir comparé les Noirs à des singes lors de son sermon hebdomadaire. Cela aussi a conduit à des appels pour une enquête criminelle.

En mai 2017, il a laissé entendre au cours de son sermon hebdomadaire que les femmes laïques se comportaient comme des animaux parce qu’elles s’habillaient de façon impudique.

En mars 2016, Yosef a été forcé de retirer ses propos selon lesquels les non-Juifs ne devraient pas vivre en Israël, en les qualifiant de « théoriques ». Il a dit à l’époque que les non-Juifs ne pouvaient vivre en Israël que s’ils observaient les sept lois de Noé, qui sont des interdictions contre l’idolâtrie, le blasphème de Dieu, le meurtre, les relations sexuelles interdites, le vol et la consommation de membres d’un animal vivant, et qui prescrivent l’établissement d’un système juridique.

« Les non-Juifs, a déclaré Yosef, ne sont en Israël que pour servir les Juifs. »

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