Le Premier ministre libanais annonce la démission du gouvernement
Saad Hariri avait convoqué les médias au 13e jour d'un soulèvement populaire qui suscite des tensions croissantes à Beyrouth, impliquant des partisans du Hezbollah

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé mardi qu’il allait présenter la démission de son gouvernement, au 13e jour d’une contestation populaire inédite réclamant la chute du régime.
« Je me rends au Palais de Baabda pour présenter la démission du gouvernement au président de la République », a déclaré M. Hariri lors d’une brève allocution télévisée, accueillie par les vivats de la foule qui l’écoutait en direct sur les lieux de rassemblement.
« Je suis arrivé à une impasse », a-t-il dit au sujet des efforts déployés pour mettre fin à la crise.
Des centaines de Libanais partisans du groupe terroriste chiite du Hezbollah libanais, certains munis de bâtons, ont attaqué un camp de manifestants installés par des anti-gouvernements au centre de Beyrouth. Ils ont détruit les tentes érigées par les contestataires, prenant des chaises pour projectiles et attaquant avec des bâtons les manifestants qui n’avaient pas fui à leur approche.

La police avait déjà dû intervenir brièvement dans la matinée sur le pont autoroutier de Beyrouth pour stopper des heurts entre des contestataires et des partisans du Hezbollah pro-iranien.
Le Premier ministre libanais Saad Hariri avait convoqué les médias mardi après-midi, les milieux politiques faisant état d’une démission imminente au 13e jour d’un soulèvement populaire qui suscite des tensions croissantes sur le terrain avec de nouveaux heurts à Beyrouth.
Lors d’un discours télévisé le 21 octobre, M. Hariri avait annoncé un plan de réformes, qui n’avait pas convaincu les foules : mesures contre la corruption, budget sans nouveaux impôts, programme de privatisations pour lutter contre le dysfonctionnement des services publics, aides en faveur des plus défavorisés…
Ces derniers jours, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait critiqué les manifestations, affirmant qu’elles avaient été financées par des puissances étrangères et des groupes politiques rivaux.
Il avait appelé ses partisans à quitter les rassemblements et exhorté les manifestants à ne plus barrer les routes. Les manifestations ont paralysé un pays déjà en proie à une sévère crise financière. « Qu’est-ce que cela veut dire que les Israéliens obtiennent les Libanais parmi ceux qui sont dans l’entité sioniste à la frontière pour exprimer leur solidarité avec les manifestations », a-t-il dit selon la chaîne télévisée du Hezbollah Al-Manar vendredi. On ignore précisément à quoi il faisait référence.

Le Hezbollah et ses alliés dominent actuellement le gouvernement et sont la plus puissante organisation du pays.
La police anti-émeute et l’armée ont commencé mardi à tenter de séparer les groupes rivaux, mais les forces de sécurité n’ont pas empêché la prise d’assaut de la Place des Martyrs, où des manifestants anti-gouvernementaux se sont installés depuis le 17 octobre.
Les manifestants appelaient à la démission du gouvernement, à organiser des rassemblements sur les places publiques et à promouvoir une campagne de désobéissance civile comprenant le blocage des routes principales.
Au barrage routier de Beyrouth, la foule en colère a grossi en début d’après-midi, certains utilisant des bâtons pour chasser les manifestants. Certains des hommes du Hezbollah ont également attaqué des journalistes, leur donnant des coups de pied et essayant de casser leurs caméras.
Dans la foule en colère, les manifestants ont scandé : « Dieu, Nasrallah et tout le Dahiyeh », en référence à la banlieue sud, bastion du groupe terroriste soutenu par l’Iran qui cherche à détruire Israël. D’autres ont déclaré aux équipes de télévision qu’ils étaient mécontents des barrages routiers et des insultes envers leur chef.

Ensuite, ils se sont dirigés vers la place centrale, détruisant des tentes, brisant des chaises en plastique et utilisant des poteaux en métal pour percer des trous dans les tentes, qu’ils ont ensuite brûlés. Ils ont également battu des manifestants anti-gouvernement. Un présentateur de télévision a décrit cela comme « une scène de guerre ».
Dans son discours de vendredi, Nasrallah a évoqué le spectre d’une nouvelle guerre civile comme celle qui s’est terminée en 1990, affirmant que « quelqu’un essaie de la tirer… vers une guerre civile ».
Son discours a été perçu comme annonciateur de la confrontation de mardi.