Le Premier ministre néerlandais s’engage à préserver le fonctionnement « sans entrave » de la CPI
Trump reproche à la Cour d'avoir "engagé des actions illégales et sans fondement contre l'Amérique et notre proche allié Israël" ; ces sanctions augmentent le risque d'"impunité", dénoncent 79 pays

Le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a déclaré vendredi que son pays chercherait à s’assurer que la Cour pénale internationale (CPI), qui siège à La Haye, puisse continuer à fonctionner malgré les sanctions américaines annoncées.
« Bien sûr, en tant que pays hôte, nous avons la responsabilité de garantir le fonctionnement sans entrave de la cour pénale à tout moment. Et nous continuerons à le faire », a déclaré M. Schoof lors de sa conférence de presse hebdomadaire.
Le président américain Donald Trump, qui reproche à la CPI d’avoir mené des « actions illégales », a signé jeudi un décret interdisant notamment l’entrée aux Etats-Unis à ses dirigeants, employés et agents et qui prévoit de geler tous leurs avoirs détenus dans ce pays.
Selon le texte diffusé par la Maison Blanche, la Cour a « engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et notre proche allié Israël », des références aux enquêtes de la CPI sur des crimes de guerre présumés de soldats américains en Afghanistan et de militaires israéliens dans la bande de Gaza.
M. Schoof a décrit ces sanctions comme un « signal inquiétant et très regrettable » avec des « implications significatives » potentielles pour l’indépendance de la CPI et les enquêtes en cours.
« Les Pays-Bas soutiennent la Cour pénale internationale. Nous continuerons à la soutenir. Nous sommes le pays hôte », a déclaré M. Schoof.

« Nous sommes également fiers des Pays-Bas et également de La Haye en tant que ville de paix et de justice. La CPI en fait explicitement partie. Et nous ferons tout notre possible pour garantir que la CPI puisse remplir ses missions », a ajouté le Premier ministre néerlandais.
« risque d’impunité pour les crimes les plus graves »
Les sanctions prises par le président américain Donald Trump contre la Cour pénale internationale (CPI) « augmentent le risque d’impunité pour les crimes les plus graves et menacent de miner l’état de droit international », ont dénoncé vendredi 79 parties à la CPI.
« Aujourd’hui, la Cour fait face à des défis sans précédent », assurent ces 79 signataires dans une déclaration commune faisant spécifiquement référence aux sanctions américaines contre les dirigeants et employés de la Cour.
« De telles mesures augmentent le risque d’impunité pour les crimes les plus graves et menacent de miner l’état de droit international, crucial pour promouvoir l’ordre et la sécurité dans le monde », ajoute le texte initié par la Slovénie, le Luxembourg, le Mexique, la Sierra Leone et le Vanuatu, rejoints notamment par le Royaume-Uni, l’Afrique du Sud, les Palestiniens, la France, l’Allemagne, le Canada, le Chili ou le Panama.
Les sanctions « pourraient menacer la confidentialité d’informations sensibles et la sécurité des personnes concernées, y compris les victimes, les témoins, et les agents de la Cour, dont beaucoup sont nos citoyens ».
Et elles « saperaient gravement toutes les affaires en cours d’enquête, la Cour pouvant être obligée de fermer ses bureaux sur le terrain ».
« En tant que fervents soutiens de la CPI, nous regrettons toute tentative de saper l’indépendance de la Cour », ajoutent les 79 signataires, réaffirmant leur soutien « continu et inébranlable à l’indépendance, l’impartialité et l’intégrité » de la Cour, « pilier vital » de la justice internationale.
« Nous sommes engagés à assurer la continuité du travail de la CPI pour qu’elle puisse continuer à assurer ses fonctions avec efficacité et indépendance », écrivent-ils.