Le président libanais évoque un plan de désarmement du Hezbollah qui le rejette
Joseph Aoun affirme que toutes les armes seront placées sous le contrôle de l'État à l'issue d'un dialogue ; un responsable du groupe terroriste répond en disant que « toute main qui tentera de saisir les armes sera coupée »

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré mardi que toutes les armes au Liban devaient passer sous le contrôle exclusif de l’État en 2025, précisant que le désarmement du Hezbollah se ferait par le biais d’une coordination directe avec le groupe terroriste.
Toutefois, après les déclarations du président, un haut responsable du Hezbollah a réfuté l’idée d’un désarmement, affirmant que le groupe avait l’intention de « s’en tenir à ses armes et à sa résistance ».
Aoun a déclaré au journal The New Arab, soutenu par le Qatar, que « la décision a été prise de placer toutes les armes sous l’autorité de l’État ». Il a précisé que « l’exécution se fera par le biais d’un dialogue qui, à mon avis, doit être bilatéral entre la présidence et le Hezbollah ».
Aoun a déclaré qu’il s’engageait à éviter tout conflit interne tout en poursuivant son programme, qui pourrait considérablement affaiblir le pouvoir militaire et politique que le Hezbollah exerce depuis longtemps dans le pays.
Il a récemment déclaré à Morgan Ortagus, envoyée adjointe américaine pour le Proche-Orient : « Nous voulons retirer les armes du Hezbollah, mais nous ne déclencherons pas de guerre civile au Liban ».
Le président a affirmé que l’autorité de l’armée libanaise sur la milice chiite soutenue par l’Iran était de plus en plus affirmée, déclarant : « Nous avons atteint un point où l’armée [libanaise] accomplit ses missions — au sud du Litani, au nord du Litani et même dans la Békaa — sans aucune obstruction de la part du Hezbollah ».
Joseph Aoun a également suggéré que des membres du Hezbollah pourraient être intégrés dans l’armée libanaise.
Dans le même temps, il s’est opposé aux pressions exercées par les États-Unis sur le Liban pour éradiquer le Hezbollah, invitant Washington à se concentrer sur Israël.

« J’ai dit à Ortagus que la présence d’Israël dans les cinq points contestés donne au Hezbollah un prétexte pour conserver ses armes », a déclaré Aoun, faisant référence aux cinq points stratégiques où les troupes de Tsahal sont restées déployées au Liban depuis un cessez-le-feu conclu en novembre avec le Hezbollah.
Israël affirme que ces positions sont cruciales pour protéger les habitants du nord du pays contre le groupe terroriste.
Aoun a également rejeté la possibilité d’une normalisation avec Israël dans un avenir proche, déclarant : « Les Américains savent qu’il ne peut y avoir de négociations avec Israël à ce stade ».
Selon The New Arab, Aoun a déclaré que le président français Emmanuel Macron avait proposé d’aider le Liban et la Syrie dans leurs efforts de démarcation de leur frontière terrestre, y compris dans le mont Dov [fermes de Chebaa] — une petite région contrôlée par Israël à la frontière libanaise avec le plateau du Golan qui a été par le passé un point de conflit majeur entre Israël et le Hezbollah.
Alors que la zone contestée, un point d’observation stratégique clé pour les forces militaires, est sous contrôle israélien depuis que Tsahal l’a prise à la Syrie lors de la guerre des Six jours en 1967, Aoun a affirmé que Macron avait proposé d’aider les négociations « en fournissant des documents d’archives français qui affirment l’identité libanaise des fermes de
Chebaa ».
Après l’interview d’Aoun, Mahmoud Qamati, haut responsable politique du Hezbollah et membre du Parlement, a réfuté l’idée que le groupe terroriste dépose les armes, affirmant que le groupe pro-Iran « s’en tiendra à ses armes et à sa résistance » et que « toute main qui se tendra pour les saisir sera coupée ».

Récemment, certains responsables du groupe terroriste ont fait part de leur volonté de discuter du désarmement, mais uniquement à la condition qu’Israël se retire totalement du Sud-Liban et cesse toutes ses frappes dans le pays.
« Le Hezbollah est prêt à discuter de la question de ses armes si Israël se retire des cinq points et met fin à son agression contre les Libanais », a déclaré un haut responsable à l’agence Reuters au début du mois.
Hassan Fadlallah, député du Hezbollah au parlement libanais, a déclaré dans un discours la semaine dernière que le groupe terroriste avait « exprimé sa volonté de dialogue afin de trouver une stratégie de défense pour le Liban ».
« Nous sommes en contact permanent avec le président Aoun. Lorsqu’il appellera au dialogue et qu’il établira les bases nationales de celui-ci, nous serons prêts », a-t-il ajouté.
La chaîne saoudienne Al-Hadath a par ailleurs rapporté mercredi que 400 commandants de terrain du Hezbollah ont récemment quitté le Liban avec leurs familles et se sont installés dans des pays d’Amérique du Sud tels que le Venezuela, l’Équateur, la Colombie et le Brésil, citant une source de l’ambassade d’Argentine au Liban.
Cette décision est due à la crainte d’être surveillés dans le cadre du démantèlement de l’infrastructure armée du Hezbollah à la suite de l’accord de cessez-le-feu conclu avec Israël en novembre.
Aucune source officielle libanaise ou du Hezbollah n’a confirmé officiellement cette information.
Le Hezbollah a des liens en Amérique du Sud avec des organisations criminelles, notamment dans le domaine du trafic de drogue, qui constitue une partie des revenus du groupe terroriste chiite libanais.