Le représentant d’Israël à l’ONU prend sa retraite en juillet
Eviatar Manor quitte Genève après quatre ans à ce poste et une longue carrière dans la diplomatie
De nombreuses saillies et polémiques auront marqué son mandat aux Nations unies : après quatre ans de service et 43 ans de carrière dans la diplomatie, Eviatar Manor prend sa retraite, a-t-il annoncé lors d’une interview avec le journal suisse La Tribune de Genève.
Diplômé de l’université hébraïque de Jérusalem, ancien ambassadeur d’Israël en Suède, Manor remarque qu’aux Nations unies, « l’approche des relations diplomatiques est totalement différente. On comprend que, face aux tsunamis, aux tremblements de terre, aux épidémies comme Ebola ou face aux conflits armés, aucun pays ne peut agir seul ».
Et que l’organisation est fortement politisée : « J’ai essayé de lutter contre la politisation de certaines instances comme l’OMS ou le Conseil des droits de l’homme tout en m’efforçant d’inclure Israël dans les activités onusiennes que je jugeais cruciales pour la résolution des crises », explique-t-il, et relève la différence de traitement reçue par Israël à Genève : « en 2016, 5,6 millions de dollars ont été demandés par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme pour des programmes dont le seul but est de nous mettre au banc des accusés. Alors que seulement 4 millions sont sollicités pour protéger la population syrienne ».
Le vote pour la création d’une liste noire des compagnies israéliennes et internationales faisant des affaires en Cisjordanie par le CDH avait notamment suscité de vives réactions en Israël.
Au cours de son mandat, il s’est notamment illustré en déclarant, lors d’une séance de travail au Conseil des droits de l’Homme, que l’organe de l’ONU souffrait « d’un trouble obsessionnel-compulsif » et que cela conduisait le Conseil au « suicide ».
Mais, contrairement à certains dirigeants israéliens qui souhaitaient quitter le Conseil face à ces controverses et aux nombreuses attaques envers Israël, Manor a insisté pour y demeurer, comme il l’explique à la Tribune : « Mon rôle était de leur expliquer que lutter contre la politisation de ces enceintes tout en y participant n’était pas nécessairement incompatible. En tant que pays membre de la communauté internationale, mon pays a une place à tenir en termes de solidarité. C’est même dans la tradition juive ».
Enfin, interrogé sur la Syrie, la grande préoccupation du Conseil actuellement, il se montre assez pessimiste : « je crois qu’il est impossible de reconstruire la Syrie telle qu’elle était auparavant. Il y a 6 millions de réfugiés et l’intelligentsia a quitté le pays. Maintenant les Kurdes, les Alaouites, les sunnites mais aussi des groupes comme Daech ont des revendications d’autonomie. Je ne vois pas quelle peut être la solution ».
L’identité de son successeur a été annoncée en janvier dernier par le ministère des Affaires étrangères : il s’agit de Aviva Raz-Schechter, actuellement Directrice adjointe au ministère. Elle aura fort à faire pour réhabiliter l’image d’Israël au sein des diverses institutions genevoises.