Un tribunal du travail de Bat Yam ordonne aux soignants de mettre fin à leur grève
Le ministre de la Santé avait demandé une injonction pour empêcher "cette grève sauvage de dernière minute qui nuira injustement à des milliers de patients"
Un tribunal du travail a ordonné aux professionnels de la santé du pays de reprendre immédiatement le travail et de mettre fin à la grève d’une journée qu’ils organisent pour protester contre l’adoption, hier, de la première loi de réforme du système judiciaire du gouvernement.
Cependant, la décision ne devrait pas faire de différence pour les centres de santé ambulatoires, puisqu’elle a été rendue peu de temps avant que la plupart d’entre eux ne terminent leur journée de travail, et que la plupart des rendez-vous avaient déjà été annulés.
Le professeur Zion Hagay, président de l’Association médicale israélienne, a déclaré que les médecins reprendraient le travail « après une grève qui a duré la majeure partie de la journée de travail », tout en menaçant de mener d’autres actions à l’avenir.
« Nous avons un long combat à mener, et notre déclaration cette semaine d’un conflit de travail nous donnera plus d’outils plus tard, y compris l’option de déclarer une grève générale – ce qui est différent d’une grève de protestation sur laquelle le tribunal a statué », a-t-il fait valoir.
Lundi soir, l’Association médicale israélienne (IMA) avait annoncé la grève générale du système de santé pour aujourd’hui, en réponse à l’adoption par la Knesset de la loi sur le « caractère raisonnable ».
Dans le cadre de cette grève, le système de santé fonctionne selon un calendrier limité comme lors du Shabbat et des jours fériés. Toutefois, les services d’urgence des hôpitaux généraux et psychiatriques ont fonctionné comme d’habitude, de même que les dispensaires de Jérusalem et de ses environs, « en raison du grand nombre de personnes présentes dans la région et de la situation complexe qui y règne ».
Mardi matin, le ministre de la Santé Moshe Arbel et les professionnels de son ministère ont demandé une injonction pour empêcher « cette grève sauvage de dernière minute qui nuira injustement à des milliers de patients ».
Quelques heures plus tard, Arbel a demandé à l’IMA d’accepter de mettre fin à la grève à 13 heures, ce qu’elle a refusé.
Puis, peu avant 15 heures, le tribunal du travail de Bat Yam a accédé à la demande d’injonction d’Arbel.
« Nous pensons qu’une grève de protestation de deux heures est suffisante pour exercer le droit de protester, mais pas au-delà », a déclaré le tribunal.
« Dans la pratique, la grève dure depuis plus de sept heures », a ajouté le tribunal.
« Nous ordonnons la reprise immédiate du travail pour tous les services de santé qui étaient en grève aujourd’hui afin de réduire autant que possible les dommages causés aux patients.
Arbel a réagi en se félicitant de la décision « appropriée », déclarant qu’il « a été prouvé une fois de plus que les juges tiennent compte des droits de tous les citoyens, ceux qui soutiennent la réforme [judiciaire] et ceux qui s’y opposent. Nous devons tous agir ensemble pour améliorer la santé de tous les citoyens, sans faire de différence sur la base de la religion, de l’appartenance ethnique, du sexe, de la nationalité ou de l’opinion politique. »
Après 29 semaines de manifestations et d’opposition publique de masse qui ont ébranlé le pays et divisé ses citoyens, la Knesset a donné son approbation finale lundi à une loi qui empêche les tribunaux de réexaminer le « caractère raisonnable » des décisions gouvernementales et ministérielles, le premier projet de loi majeur de la refonte judiciaire du gouvernement à être adopté.
Le projet de loi a été adopté en troisième et dernière lecture par 64 voix pour et 0 contre, l’ensemble des 56 membres de l’opposition ayant boycotté le vote en signe de protestation.
Le président de l’IMA, le professeur Zion Hagay, a qualifié mardi « d’unilatérale » cette loi qui retire aux tribunaux la possibilité d’examiner les décisions des hommes politiques sur la base de leur « caractère raisonnable ».
« Aujourd’hui est un jour difficile pour l’État d’Israël et la nation israélienne », a déclaré Hagay après l’adoption de la loi.
Hagay a affirmé qu’il doutait que les fractures sociétales causées par l’adoption de la loi par le gouvernement puissent être guéries.
L’IMA a averti à plusieurs reprises que les conséquences de la version radicale de la loi annulant l’examen du critère de « raisonnabilité » auraient de graves répercussions sur le système de santé, les patients et les médecins.
« Nos espoirs d’une version plus modérée ont été anéantis », a déploré Hagay.