Le Wegovy, prescrit pour la perte de poids, arrive en Israël
Alors que le médicament ne s'achète qu'en privé et nécessite souvent des injections de doses croissantes, les usagers risquent de faire face à des coûts mensuels toujours en hausse
L’utilisation du médicament Wegovy, qui est prescrit pour la perte de poids, a été approuvée par le ministère de la Santé en Israël.
Cette annonce faite par le ministère a été accompagnée d’une nouvelle instruction qui a été donnée aux médecins – ces derniers ont ainsi dorénavant l’interdiction de prescrire de l’Ozempic pour la perte de poids, une pratique qui avait été approuvée par la FDA en 2021.
Le Wegovy et l’Ozempic sont des produits injectables sous-cutanés qui contiennent de la sémaglutide comme substance active. La différence entre les deux médicaments, qui sont fabriqués par Novo Nordisk, réside dans leur dosage et dans leur utilisation présumée.
L’Ozempic sert à gérer les niveaux de sucre dans le sang, réduisant le risque des maladies cardiovasculaires chez les adultes atteints de diabète de type 2. La dose maximum, pour le médicament, est de 1 milligramme.
Le Wegovy aide à perdre du poids dans les cas d’obésité et de surpoids, des facteurs susceptibles d’entraîner des complications chez les patients – pré-diabète, diabète de type 2, hypertension, dyslipidémie, apnée obstructive du sommeil ou maladie cardiovasculaire. Approuvé à l’usage pour les enfants âgés de 12 ans et plus, son dosage maximum est de 2,5 milligrammes.
Réserver l’Ozempic aux diabétiques vise à garantir un approvisionnement suffisant de ce médicament pour les malades qui en ont besoin. Avant l’arrivée du Wegovy au sein de l’État juif, certains médecins avaient dû cesser de prescrire de l’Ozempic à leurs patients diabétiques parce que les stocks étaient épuisés par ceux qui l’utilisaient hors de son champ d’utilisation approuvé.
Dans un courrier adressé aux médecins, rédigé le 10 avril, le ministère de la Santé a indiqué que les malades qui étaient en possession d’une ordonnance valide de six mois d’Ozempic pouvaient utiliser le médicament hors-AMM jusqu’à la période d’expiration. Ils devront ensuite recourir au Wegovy.
Le Wegovy ne figure pas dans le « panier » santé israélien – ce qui signifie que le médicament doit être acheté à titre privé au prix fort, un prix qui varie de 600 shekels à 1 300 shekels par mois en fonction de la dose prescrite. L’Ozempic n’était pas non plus dans le « panier » lorsque son usage initial était détourné, mais il coûtait environ 200 shekels de moins par mois pour la dose la plus réduite.
« Le Wegovy est plus cher que l’Ozempic mais il est moins cher que si vous deviez l’acheter aux États-Unis et dans certains pays européens », fait remarquer la docteure Yael Sofer, responsable de l’unité chargée de l’obésité au sein du département d’Endocrinologie, des diabètes et de l’hypertension à l’hôpital Sourasky de Tel Aviv.
Selon Sofer, les Israéliens doivent être aussi conscients du fait que contrairement à l’Ozempic, le dosage du Wegovy est souvent revu à la hausse avec le temps, ce qui entraînera un coût encore plus élevé.
« Lorsque vous l’utilisez chez les diabétiques, vous constatez un plateau dans la baisse du glucose – un plateau qui est ensuite suivi par une amélioration. Mais lorsque vous l’utilisez pour la perte de poids, si vous augmentez le dosage, les résultats sont meilleurs », explique-t-elle.
Elle ajoute que son expérience lui a appris que les patients avaient préféré avoir recours à des spécialistes lorsqu’ils s’étaient fait prescrire de l’Ozempic pour une perte de poids, évitant de le faire auprès de leur médecin de famille.
« Ce qui pourrait bien changer maintenant que le Wegovy est disponible et que les médecins n’ont pas besoin de faire une ordonnance pour un médicament hors-AMM », note-t-elle.
Alors que l’Ozempic et le Wegovy n’ont été mis à disposition des professionnels de la santé qu’au cours de ces dernières années, il n’y a pas encore d’étude à long-terme sur les effets des deux médicaments. Néanmoins, selon Sofer, une étude importante démontrant que l’usage de la sémaglutide a réduit les risques de complications et de mortalité pour les malades atteints de cardiopathie ischémique ou de maladie cardiovasculaire a d’ores et déjà été publiée.
Concernant l’utilisation de la sémaglutide pour la perte de poids, Sofer dit qu’elle n’ira pas jusqu’à évoquer un médicament miracle mais qu’elle considère qu’il a été « une innovation » qui « a changé la donne ».
« Quand on parle de perte de poids, il y a un effet quantitatif et il y a un effet qualitatif », indique-t-elle. « Quantitativement, ce que nous pouvons voir est absolument sidérant ».
« Malgré tout, au niveau qualitatif, nous constatons au sein de notre unité qu’en plus de la graisse, les patients perdent aussi du muscle et de la masse osseuse. Il y a aussi des effets secondaires qui sont majoritairement d’ordre gastro-intestinal », poursuit Sofer.
Sofer ajoute que s’il n’y a pas eu d’étude sur les effets psychologiques de l’utilisation de la sémaglutide, il y a eu des observations cliniques de perte de vitalité chez certains patients.
« Ce n’est pas une dépression pleine et entière mais chez certains, il y a un effet psychologique », dit-elle.
Des recherches menées par les National Institutes of Health (NIH) aux États-Unis, en 2024, ont dissipé les inquiétudes qui étaient apparues en Europe, l’année précédente – les médecins avaient fait le lien entre le Wegovy, l’Ozempic et des idées suicidaires.
Comme c’est le cas également de l’Ozempic, la perte de poids, à l’aide du Wegovy, ne peut se maintenir qu’en continuant à utiliser le médicament sous la supervision des médecins. Un exercice régulier est indispensable pour conserver la masse musculaire et la masse osseuse et un régime sain, prescrit par un diététicien, doit être suivi de manière à ce que le corps puisse avoir accès aux nutriments appropriés malgré une perte d’appétit.
Il y a de nouveaux médicaments pour la perte de poids qui sont en préparation, comme le Zepbound d’Eli Lilly. Sofer estime qu’il pourrait être encore plus efficace et entraîner des effets secondaires moindres. Toutefois, jusqu’à ce qu’il arrive en Israël, les gens qui utiliseront le Wegovy devront s’engager dans un régime d’injections en continu, avec le coût financier qu’elles représentent.
Arrêter le Wegovy pour des raisons personnelles ou à cause d’une pénurie peut entraîner des problèmes lors de la reprise ultérieure du médicament, explique-t-elle.
« Les gens ne constatent pas le même effet quand ils tentent de le reprendre. C’est quelque chose que nous constatons beaucoup et nous ne comprenons pas exactement les raisons de ce phénomène », ajoute Sofer.