L’Égypte propose un cessez-le-feu de deux jours contre la libération de 4 otages
Alors que le chef du Mossad est parti pour Doha, le Hamas veut un accord global qui mettre fin à la guerre et lui permettra de se maintenir
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le chef du Mossad, David Barnea, s’est envolé dimanche pour Doha pour tenter d’avancer vers la conclusion d’un accord « cessez-le-feu contre otages » dans la guerre qui oppose actuellement Israël au Hamas dans la bande de Gaza. Il doit s’entretenir à cette fin avec le directeur de la CIA, Bill Burns, et avec le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al Thani.
Selon le Bureau du Premier ministre, les officiels parleront « des possibilités variées qui permettront de relancer les négociations portant sur la remise en liberté des otages qui se trouvent captifs du Hamas, sur la base de l’évolution récente de la situation ».
Le chef du Hamas, Yahya Sinwar, a été tué par l’armée israélienne au début du mois – une mort qui, selon les leaders israéliens et occidentaux, pourrait représenter une « opportunité » de progresser vers la finalisation d’un accord qui garantirait le retour de certains otages détenus au sein de l’enclave côtière, voire de tous.
Le Hamas ne sera pas impliqué dans cette série de rencontres, a confié un responsable israélien au Times of Israel, mais il pourra rejoindre de potentiels futurs pourparlers, les médiateurs faisant la navette entre les représentants du groupe terroriste et ceux de l’État juif.
Le Qatar héberge un certain nombre de dirigeants du premier plan du Hamas sur son territoire.
Israël examine la possibilité de finaliser un accord de petite envergure qui relancerait les négociations avec le Hamas en vue de la conclusion d’un accord plus général, a expliqué le responsable, et le pays cherche à comprendre la manière dont va se dérouler le processus décisionnaire au sein du groupe terroriste après la mort de Sinwar.

Le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi a indiqué au cours d’une conférence de presse qui a eu lieu au Caire, dimanche, que son pays avait proposé un cessez-le-feu de quarante-huit heures à Gaza en échange de quatre otages israéliens – une libération qui s’accompagnerait également de la remise en liberté de prisonniers palestiniens incarcérés au sein de l’État juif pour atteinte à la sécurité nationale.
La proposition soumise par l’Égypte – qui comprendrait dix jours de négociations après la libération des quatre captifs retenus dans les geôles du Hamas – a été présentée, la semaine dernière, au Cabinet de sécurité nationale par le patron du Shin Bet, Ronen Bar, a fait savoir la chaîne d’information N12. Si la majorité des ministres et des chefs des services de sécurité présents ont apporté leur soutien à cette idée, le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir s’y sont opposés, a fait savoir la chaîne.
Netanyahu a décidé de ne finalement pas présenter cette proposition au vote en raison des deux jours de cessez-le-feu qui seraient nécessaires avant que les otages soient relâchés, a noté le reportage de N12, et il a renvoyé Barnea en Égypte pour tenter de renégocier l’accord, avec pour objectif d’améliorer ses clauses.
Selon Al Arabiya, le Hamas sera désireux d’accepter la proposition égyptienne tant qu’elle restera incorporée dans le cadre des demandes qu’il avait soumises, le 2 juillet, concernant la conclusion d’un potentiel accord sur les otages. Le groupe veut aussi des garanties sur le fait qu’Israël acceptera d’envisager la proposition égyptienne comme une phase entrant dans un contexte d’accord plus global.
Le Hamas présentera aux pays intermédiaires, de son côté, un accord plus général appelant à la fin immédiate de la guerre et au retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza, ainsi qu’à la remise en liberté d’un certain nombre de détenus palestiniens en échange de la libération de tous les otages israéliens et ce en une seule fois, ont confié des officiels du Hamas à la chaîne saoudienne Asharq News.
L’offre devait être présentée à l’issue des entretiens à Doha, dimanche.

La source non-identifiée du Hamas a déclaré à Asharq que « nous allons écouter les offres faites par les négociateurs mais pour notre part, nous préférons un accord général dont les dispositions seront appliquées en une seule phase et qui mettra un terme à la guerre une bonne fois pour toutes, avec un échange de prisonniers qui permettra à tous les captifs israéliens de recouvrer la liberté avec, en retour, la libération d’un nombre convenu de prisonniers palestiniens incarcérés dans les geôles israéliennes ».
Dans la journée de dimanche, Barnea a assisté à la cérémonie nationale organisée pour rendre hommage aux soldats israéliens tombés au champ d’honneur depuis le pogrom commis par le Hamas, le 7 octobre de l’année dernière.
En Égypte, la semaine dernière, selon le Wall Street Journal, Barnea avait offert aux chefs du Hamas la possibilité de pouvoir quitter Gaza sains et saufs s’ils acceptaient de déposer les armes et de libérer les 101 otages qui se trouvent actuellement entre les mains du groupe terroriste.

Une proposition qui a été « promptement » rejetée par le Hamas – Khalil al-Hayya, le responsable adjoint du groupe pour Gaza, disant que cette offre montrait qu’Israël n’avait pas compris le groupe terroriste et que l’État juif, ce faisant, prenait le risque de prolonger la guerre de plusieurs mois, voire de plusieurs années.
Même si l’Égypte n’enverra pas de délégation à ces pourparlers, le Caire a été étroitement impliqué dans les efforts visant à relancer le processus de négociations entre les deux parties. En plus d’un entretien avec Barnea, le pays a reçu une délégation du Hamas, la semaine dernière, pour discuter des attentes de l’organisation terroriste dans le cadre d’un potentiel accord.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait d’ailleurs salué jeudi la volonté de l’Egypte de trouver un accord sur la libération des otages détenus dans la bande de Gaza, après des discussions au Caire entre des responsables égyptiens et une délégation du Hamas.
A la suite de ces rencontres au Caire, Netanyahu avait alors ordonné au chef du renseignement extérieur israélien Barnea, de se rendre à Doha, pour discuter d’une « série d’initiatives » en vue de reprendre les négociations sur la libération des otages, avait indiqué le bureau du Premier ministre dans un communiqué.
La rencontre entre Barnea et le nouveau responsable des services de renseignement égyptiens, Hassan Rashad, a été productive, a souligné Ynet, et les deux hommes ont parlé d’une nouvelle proposition d’accord ainsi que de l’importance de maintenir et de renforcer la coopération sécuritaire.

La discussion entre Rashad et Barnea a suivi un entretien entre le haut-responsable égyptien et le numéro un du Shin Bet, Ronen Bar, au début de la semaine dernière.
Avant la mort de Sinwar, Israël et le Hamas s’opposaient, dans leurs négociations indirectes, sur un certain nombre de points : celui de savoir si un cessez-le-feu impliquerait la fin de la guerre ; sur le nombre et sur l’identité des otages israéliens et des prisonniers palestiniens appelés à être remis en liberté ; sur la conservation, par l’État juif, du contrôle de la frontière séparant Gaza et l’Égypte ; sur l’éventuel feu vert donné par Jérusalem au retour des résidents dans le nord de Gaza, etc…
97 des 251 otages qui avaient été kidnappés par le Hamas, le 7 octobre, seraient toujours à Gaza – y-compris les corps sans vie d’au moins 34 captifs dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne. Le Hamas détient également deux civils israéliens qui étaient entrés dans l’enclave côtière de leur propre gré en 2014 et 2015, ainsi que les corps sans vie de deux soldats de l’armée israélienne qui avaient été tués en 2014.
De hauts-responsables israéliens ont solennellement promis, pendant la cérémonie d’État qui a eu lieu dimanche, qu’ils feront leur possible pour rapatrier les otages.
Netanyahu a indiqué que le retour des captifs, vivants et décédés, était « une mission sacrée ».

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a souligné le fait que la force militaire seule ne pourrait pas permettre d’atteindre tous les objectifs de la guerre.
« Rapatrier les otages, les ramener chez eux, cela exige des compromis douloureux », a-t-il commenté. « Nous devons accepter ces compromis pour les otages, pour les familles, pour les soldats tombés sur le front pour permettre le rapatriement des captifs, au nom de la tradition de l’armée et au nom de l’éthique juive et israélienne ».
Le président Isaac Herzog, pour sa part, a appelé à saisir l’opportunité offerte par la mort de Sinwar et à ramener les otages détenus dans la bande de Gaza, estimant qu’il s’agissait « de la tâche suprême » à laquelle doit impérativement s’atteler le pays.
Vendredi, le journal palestinien Al-Quds avait publié trois documents écrits à la main par Sinwar – des documents dans lesquels le chef terroriste donnait des instructions aux personnes chargées de garder les otages. Le journal n’avait pas précisé l’origine de ces documents.

Le premier document soulignait l’obligation de « prendre soin de la vie des prisonniers de l’ennemi et de les conserver en sécurité, car ils constituent une importante monnaie d’échange qui se trouve entre nos mains » s’agissant de négocier la remise en liberté de détenus palestiniens incarcérés en Israël pour atteinte à la sécurité nationale. Il comprenait des versets du Coran à ce sujet, selon Al-Quds.
Le second document contenait des données portant sur 112 otages non-identifiés, maintenus en captivité dans trois zones : Gaza City (14), le centre de la bande (25) et Rafah (51). Un quatrième groupe de 22 otages y était répertorié sans précision de localisation.
Les otages, dans chaque secteur, étaient répartis en différentes catégories, selon leur âge (plus ou moins de 60 ans, ou jeunes), selon leur sexe et selon leur statut de soldats ou de civils.
Le document indiquait également qu’un otage bédouin était détenu à Gaza City et quatre autres à Rafah, dont un homme de 55 ans (il s’agit probablement de Youssef Ziyadne et de ses trois enfants, dont deux ont été libérés lors d’un cessez-le-feu qui avait eu lieu à la fin du mois de novembre).
Le troisième document comprenait une liste d’onze femmes otages qui avaient été libérées au début de la guerre – la majorité d’entre elles pendant la trêve du mois de novembre qui avait duré une semaine. Les onze otages étaient listés avec leur nom, leur âge et leur éventuelle double-nationalité.