L’envoyé américain au conflit israélo-palestinien démissionne
Un haut-responsable indique que le départ d'Andrew Miller est différent de celui d'autres officiels moins importants au sein du Département d'État - ce que d'autres nient, affirmant qu'il a quitté son poste "pour des raisons purement personnelles"
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le plus haut-responsable du département d’État américain en charge du conflit israélo-palestinien a démissionné vendredi, a confirmé son Bureau.
Informant ses collègues de sa décision de présenter sa démission, le vice-Secrétaire adjoint aux Affaires israélo-palestiniennes, Andrew Miller, a fait part de son désir de passer plus de temps avec sa famille – une famille qu’il n’a que rarement vue depuis le début de la guerre à Gaza, il y a neuf mois, a indiqué une source.
Annonçant ce départ, le Washington Post a estimé que ce nouveau départ d’un officiel du département d’État – plusieurs ont quitté leurs fonctions récemment – s’expliquait par le fait que Miller avait perdu ses illusions face au refus opposé par le président Joe Biden d’adopter une ligne plus dure à l’égard d’Israël, dans le contexte du conflit qui oppose l’État juif au Hamas au sein de l’enclave côtière.
Néanmoins, un responsable de premier plan du département d’État, dont le travail porte en grande partie sur la question d’Israël, a confié au Times of Israel que la démission de Miller devait, au final, davantage interpeller Jérusalem que Washington.
L’homme, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a noté que Miller était respecté au sein de l’État juif et qu’il soutenait les relations bilatérales américano-israéliennes.
« Il est indubitable que la démission d’Andrew devrait activer le signal d’alarme à Jérusalem. Si le gouvernement israélien crée un environnement où même des gens comme lui prennent la décision de partir, c’est qu’il y a des choses qu’il fait vraiment très mal », a-t-il dit.
Un autre officiel du département d’État qui s’est, lui aussi, exprimé sous couvert d’anonymat a rejeté cette affirmation : « Ce n’est pas la vérité. Andrew a démissionné purement pour des raisons personnelles ».
Il a fait la différence entre le départ de Miller et celui des autres employés du département d’État qui avaient expressément cité leur désaccord avec le soutien apporté par l’administration Biden à Israël dans le contexte de la guerre.
« Les démissions antérieures avaient concerné des subalternes, pas des gens qui, de manière générale, étaient en charge de portefeuilles dotés d’une influence particulière sur la politique au Moyen-Orient. Andrew, d’un autre côté, était un responsable du département d’État de premier plan qui se consacrait complètement aux problématiques israélo-palestiniennes », a-t-il continué, tout en reconnaissant que c’était la Maison Blanche qui avait le plus de contrôle s’agissant de la politique mise en œuvre dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.
L’officiel de premier plan du département d’État a souligné la vidéo qui a été diffusée mardi par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, une vidéo dans laquelle il accuse les États-Unis d’avoir gardé des livraisons d’armes à destination d’Israël. Il a fait remarquer que c’était une telle conduite qui amenait l’État juif à perdre le soutien des voix les plus nuancées au sein de l’administration.
« Ceux d’entre nous qui, à de hauts niveaux de l’administration, constatons bien ce qui est, de fait, notre politique et qui entendons le Premier ministre Netanyahu complètement fausser ce que nous savons être notre politique – c’est quelque chose de profondément frustrant et c’est mauvais pour Israël », a-t-il commenté.
Give us the tools and we'll finish the job. pic.twitter.com/eQHpyd9q0X
— Benjamin Netanyahu – בנימין נתניהו (@netanyahu) June 18, 2024
Les États-Unis ont rejeté avec force l’accusation lancée par Netanyahu, insistant sur le fait qu’une seule livraison de bombes de grande puissance avait été suspendue jusqu’à présent, les autres ayant lieu au rythme initialement prévu. Le Premier ministre a encore amplifié ses critiques vendredi sans pour autant préciser quelles livraisons auraient été reportées.
« Le Premier ministre Netanyahu œuvre activement à créer un plus grand fossé encore entre les États-Unis et Israël, ce qui amène des personnalités comme Andrew à avoir le sentiment qu’elles n’ont d’autre choix que de démissionner », a poursuivi le responsable.
Miller n’a pas répondu à notre demande de commentaire.
De son côté, le porte-parole du département d’État, Matthew Miller (qui n’entretient aucun lien de parenté avec Andrew Miller) a indiqué que ce dernier « a posé, chaque jour, son expérience profonde et son expertise nette sur la table. Tout le monde ici est désolé de le voir partir mais nous lui souhaitons bonne chance dans ses prochaines initiatives ».