Les archéologues découvrent le poumon de la synagogue de Vilnius rasée par les nazis
La découverte des bains rituels de la communauté juive donne une autre dimension à la reconstruction de la vie quotidienne de la communauté massacrée appelée le « Jérusalem de Lituanie »
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Une équipe composée d’archéologues israéliens, américains et lituaniens a découvert le cœur de la Grande Synagogue à Vilnius, qui a été rasée par les nazis il y a 70 ans. La découverte des bains rituels, considérés comme une partie essentielle d’une communauté juive active, est la découverte la plus intéressante de cette deuxième année de fouilles sur le site.
La Grande Synagogue est en réalité un grand complexe qui était considéré comme le poumon du judaïsme lituanien pendant environ 300 ans. Il contenait la célèbre bibliothèque Strashun, 12 synagogues, des écoles juives, des bains rituels, le bâtiment local du conseil communautaire juif et même des lieux de restauration casher. Lorsque les soldats nazis ont occupé la ville en juin 1941, ces bâtiments juifs ont été brûlés.
Vilnius, qui avait une communauté juive d’environ 70 000 personnes lors de la Seconde Guerre mondiale, comptait plus de 100 synagogues et une demi-douzaine de quotidiens juifs et était connu sous le nom de « Jérusalem en Lituanie ». Sous l’occupation nazie, 95 % des Juifs lituaniens ont été assassinés pendant l’Holocauste et le gouvernement soviétique a chassé beaucoup de ceux qui ont survécu. Dans les années 1950, le complexe de la synagogue a été transformé en une salle de basket-ball et une maternelle.
Après que les nazis ont détruit le complexe, trois morceaux de la Grande Synagogue de Vilnius ont survécu : un bas-relief avec les Dix Commandements, une porte provenant d’une Arche où les rouleaux de la Torah étaient conservés et une table sur laquelle le rouleau était lu. Toutes les autres traces du complexe ont presque disparu.
En 2015, une équipe d’archéologues dirigée par le Dr. Jon Seligman de l’autorité israélienne des Antiquités (IAA) et le professeur Richard Freund, le directeur du Centre Maurice Greenberg pour les études judaïques de l’université de Hartford, ont dirigé la fouille avec un radar à pénétration de sol et ont trouvé des indications prometteuses que les ruines souterraines des bâtiments y étaient encore.
En 2016, les fouilles ont permis de découvrir les salles souterraines et cet été, la salle de bain et les bains rituels ont continué à être déterrés.
« Le mikveh a été utilisé pour l’usage rituel de tous les Juifs qui sont allés à cette synagogue ici dans la ville », a déclaré Seligman, assis sur un morceau de béton au-dessus d’un sol carrelé jaune dans une vidéo filmée sur le site des fouilles publiée par l’IAA.
« C’est la forme classique d’un mikveh, d’un mikveh moderne, avec le carrelage et des escaliers en béton. La Grande Synagogue n’était pas seulement un centre communautaire, c’était aussi un centre religieux et un endroit où tout le monde devait passer plusieurs fois pendant la journée », a déclaré Freund.
« Mais le mikveh était un endroit où les gens participaient à un rituel unique aux Juifs. C’était pour certaines personnes un [rituel] mensuel, pour certaines personnes c’était hebdomaire, et pour certaines personnes c’était un rituel quotidien, où ils venaient au mikveh pour se purifier pour prier », a déclaré Freund.
Les archéologues ont également découvert la « trésorerie », où l’eau naturelle était stockée pour une utilisation casher pour le bain rituel.
La découverte des bains rituels, ont déclaré les experts, donne une autre dimension à la reconstruction de la vie quotidienne d’une communauté juive assassinée.