Les charges retenues contre la majorité des occupants anti-israéliens du Hamilton Hall de Columbia abandonnées
Tous ces étudiants doivent toutefois encore prendre part à une audience disciplinaire et ils risquent le renvoi de l'université
NEW YORK — Les charges retenues contre des dizaines d’étudiants de l’université de Columbia qui avaient occupé un bâtiment du campus dans le cadre d’un mouvement de protestation pro-palestinien et anti-israélien vont être abandonnées, ont annoncé les procureurs.
Lors d’une audience qui a eu lieu jeudi, le Bureau du procureur de district de Manhattan a expliqué qu’il ne poursuivrait pas devant les tribunaux 31 des 46 personnes qui avaient initialement été arrêtées pour être entrées par effraction dans le bâtiment administratif.
Les étudiants et leurs alliés avaient pris d’assaut le bâtiment, connu sous le nom de Hamilton Hall, le 30 avril. Ils s’étaient barricadés à l’intérieur à l’aide de meubles et de cadenas à l’occasion de ce qui avait représenté une escalade majeure des manifestations anti-israéliennes sur les campus américains, dans le contexte de la guerre à Gaza qui avait été déclenchée le 7 octobre.
A la demande des responsables de l’université, des centaines d’agents du Département de la police de New York étaient entrés sur le campus la nuit suivante, accédant au bâtiment par une fenêtre du deuxième étage. Ils avaient alors procédé à des dizaines d’arrestations.
Au cours de l’audience de jeudi, les procureurs ont indiqué qu’ils allaient abandonner les charges retenues à l’encontre de la majorité des personnes arrêtées dans le cadre de cette prise d’assaut, en partie en raison du manque d’éléments permettant de les lier à des actes précis. Ils ont aussi noté qu’aucun des étudiants impliqués n’avait d’antécédent judiciaire.
Stephen Millan, procureur de district adjoint, a fait remarquer que les protestataires portaient des masques et qu’ils avaient bloqué les caméras de surveillance qui se trouvaient dans le bâtiment, ce qui rend difficile « de prouver qu’ils ont aidé à endommager les biens appartenant à l’université de Columbia ou de prouver qu’ils ont porté atteinte à quelqu’un ».
Tous ces étudiants doivent toutefois encore prendre part à une audience disciplinaire et ils risquent le renvoi de l’université.
Les procureurs ont fait savoir qu’ils poursuivront une personne qui avait participé à l’occupation du Hamilton Hall et qui est aussi accusée d’avoir cassé une caméra de la police de New York, ainsi que d’avoir mis le feu à un drapeau israélien pendant un mouvement de protestation.
Treize autres occupants du bâtiment ont refusé de conclure un accord qui aurait entraîné l’abandon des charges dont ils devaient répondre – un refus s’apparentant « à une démonstration de solidarité avec ceux qui sont victimes des répressions les plus énormes », selon un communiqué qui a été émis par le groupe Columbia University Apartheid Divest, une coalition de mouvements qui représentent les protestataires. Sur ce groupe de personnes arrêtées, ont expliqué les procureurs, la majorité était constituée d’anciens élèves de l’institution et deux étudiaient encore à Columbia.
Neuf autres personnes qui avaient été placées en détention pour avoir occupé un autre bâtiment au City College de New York ont aussi rejeté les accords avec les procureurs qui leur avaient été proposés, selon le groupe. Les procureurs ont expliqué, jeudi, qu’ils allaient abandonner les charges contre neuf autres individus appréhendés au City College.
Nos demandes de commentaires qui avaient été soumises à un avocat représentant un grand nombre de manifestants arrêtés n’avaient pas obtenu de réponse au moment de l’écriture de cet article.
L’occupation de ce bâtiment était survenue dans le sillage du campement de tentes qui avait été installé dans le cadre des manifestations anti-israéliennes à l’université de Columbia – un camp qui devait servir de source d’inspiration aux campus de tout le pays. Les établissements d’enseignement supérieur ont fortement attiré l’attention pour leur prise en charge de l’antisémitisme qui sévit dans les universités depuis le 7 octobre.
A Columbia – au début du mois, l’université a accepté un accord juridique avec un étudiant juif l’obligeant à fournir des escortes sur le campus – le groupe représentant les protestataires appelle l’institution à rompre tous ses liens avec Israël et à accorder l’amnistie aux manifestants, promettant que les rassemblements continueront « pendant tout l’été et au-delà ».