Les conséquences de la découverte de la plus ancienne porte d’Israël
Outre l'entrée de la ville fortifiée de Tel Erani, près de Kiryat Gat, vieille de 5 500 ans, les archéologues ont trouvé des preuves de stratifications sociales
L’Autorité israélienne des Antiquités (IAA) a annoncé mardi que des archéologues ont découvert la plus ancienne porte connue en Israël, un imposant passage en pierre et en briques de terre, vieux de 5 500 ans, menant à la cité antique de Tel Erani. Cette découverte près de Kiryat Gat, une ville du centre du pays, a obligé les archéologues à revoir la date d’apparition de l’urbanisation dans la région, estimant désormais qu’elle est probablement antérieure de plusieurs siècles aux suppositions antérieures.
« C’est la première fois qu’une porte de cette taille, datant de l’âge du bronze ancien, est découverte », a indiqué Emily Bischoff, directrice des fouilles de l’IAA, dans une vidéo consacrée à la porte. Les dernières découvertes à Tel Erani ont été faites récemment au cours d’un examen de la zone par l’IAA préalablement à la pose d’une nouvelle canalisation d’eau vers Kiryat Gat.
« Ce qui rend cette porte intéressante, c’est qu’elle a été construite en partie avec des briques de terre et en partie avec des pierres monolithiques, et ces pierres sont plus grandes que moi », explique Bischoff.
L’ancienne ville de Tel Erani est l’un des premiers exemples d’urbanisation en Israël. D’une superficie d’environ 15 hectares, elle a été établie au début de la période du bronze ancien, vers 3 300 avant notre ère, et abandonnée à la fin de cette période, vers 2 500 avant notre ère.
À Tel Erani, les archéologues ont découvert des preuves d’urbanisation, y compris des bâtiments publics, des plans d’urbanisme (rues et murs de fortification), ce qui pourrait avoir été un système de drainage, et des signes de « stratification sociale », c’est-à-dire que les maisons de certaines personnes étaient plus belles que celles d’autres, en fonction de leur statut.
Jusqu’à cette découverte, les experts estimaient que l’urbanisation dans la région était apparue il y a environ 5 200 ans, ce qui correspondait à l’âge de la plus ancienne porte connue en Israël, située à Tel Arad, près de Beer Sheva. Mais la datation de la porte de Tel Erani repousse de plusieurs siècles la preuve de l’apparition de l’urbanisation, à environ 5 500 ans.
« Tous les passants, commerçants ou ennemis qui voulaient entrer dans la ville devaient probablement passer par cette impressionnante porte », explique Martin-David Pasternak, chercheur à l’IAA et spécialiste de l’âge du bronze. « La porte ne servait pas seulement à défendre la ville, mais elle témoignait aussi de l’importance et de la puissance de cette cité, bien organisée politiquement, socialement et économiquement. »
Une preuve de l’existence d’une organisation sociale
Bischoff fait observer que les pierres nécessaires à la construction de la porte et des murs de fortification ont dû être amenées de très loin et que des centaines, voire des milliers, de briques de terre ont dû être fabriquées.
« Cela n’a pas été le fait d’un ou de quelques individus. Ce système de fortification est la preuve d’une organisation sociale qui représente le début de l’urbanisation », a-t-elle expliqué. « C’est la première fois que des gens passent d’une vie dispersée dans la région à une vie dans les murs de la ville ».
Les archéologues ont également fait d’autres petites découvertes intéressantes, comme celle d’une jarre d’albâtre complète, de plusieurs cruches et de bols rouges. Le mur de fortification, d’une épaisseur de 7 à 8 mètres, date de l’époque des invasions égyptiennes.
Tel Erani a fait l’objet de plusieurs fouilles archéologiques depuis le milieu des années 1950, dirigées par le Département des Antiquités, l’Autorité israélienne Antiquités, l’Université Ben Gurion du Neguev et l’Université de Cracovie, en Pologne. Le prélèvement d’échantillons de squelettes à Tel Erani a permis aux archéologues de faire des analyses du tartre dentaire des squelettes et d’ainsi déterminer les types d’aliments consommés par les anciens Cananéens.
Les fouilles actuelles ont eu lieu avant la construction d’une nouvelle canalisation d’eau, que Mekorot, la compagnie nationale d’eau israélienne, espère mettre en service cette année pour fournir plus d’eau à Tikva Hadasha. La nouvelle canalisation alimentera principalement les usines actuelles et futures d’Intel, qui nécessitent d’énormes quantités d’eau pour produire des puces électroniques.
Intel prévoit d’investir 25 milliards de dollars dans une nouvelle usine de fabrication de puces à Kiryat Gat, dont l’ouverture est prévue en 2027. Les usines de fabrication de puces nécessitent de vastes quantités d’eau ultra-pure pour maintenir les plaquettes de silicium à l’abri du moindre débris ou de la moindre poussière, ainsi que pour le refroidissement. La construction de la canalisation d’eau commencera dans les prochains mois et devrait s’achever en 2024.
La zone a été remblayée une fois l’excavation terminée afin de protéger le portail. Les constructions en briques crues sont particulièrement sensibles à l’érosion et au vandalisme.