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Les dirigeants iraniens ébranlés et divisés sur la réponse à l’élimination de Nasrallah – NYT

Les conservateurs veulent des représailles directes, tandis que les "modérés" - dont le président - préfèrent éviter une guerre totale ; Khamenei s'en remet à ses proxys

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une réunion avec le président iranien et son cabinet, à Téhéran, le 27 août 2024. (Crédit : KHAMENEI.IR/AFP)
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une réunion avec le président iranien et son cabinet, à Téhéran, le 27 août 2024. (Crédit : KHAMENEI.IR/AFP)

Les dirigeants iraniens sont divisés et déconcertés par l’élimination du chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah Hassan Nasrallah par Israël, ont déclaré quatre responsables iraniens au New York Times, le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, étant apparemment indécis quant à la marche à suivre.

Alors que les Iraniens conservateurs souhaitent une réponse forte, notamment une attaque directe contre Israël, les « modérés » appellent à la retenue, selon l’article publié samedi.

Les quatre responsables, dont deux sont membres du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé du régime, se sont exprimés sous couvert de l’anonymat.

Ils ont déclaré que la nouvelle de la mort de Nasrallah avait été accueillie avec stupeur et anxiété à Téhéran, certains hauts fonctionnaires spéculant, en privé ou lors de réunions d’urgence, qu’Israël pourrait également frapper l’Iran, et cibler Khamenei.

Un trou dans le sol près du site de l’élimination du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 29 septembre 2024. (Crédit : Hassan Ammar/AP)

Dans un contexte de sécurité renforcée, Khamenei a été transféré samedi dans un lieu sécurisé d’où il a juré de venger la mort de Nasrallah.

Selon les quatre responsables iraniens, Khamenei a été « profondément ébranlé » par la mort de son ami Nasrallah, tout en gardant son sang-froid. Lorsqu’il a pris connaissance des informations, il a convoqué une réunion d’urgence du Conseil suprême de sécurité nationale à son domicile. Au cours de cette réunion, des divergences d’opinion sur la conduite à tenir sont apparues, selon le New York Times.

Les membres les plus optimistes, dont Saeed Jalili, ont insisté pour que l’Iran renforce rapidement son pouvoir de dissuasion en frappant Israël avant que ce dernier ne cible l’Iran, ont déclaré au New York Times des fonctionnaires ayant eu connaissance de la réunion.

La télévision d’État, qui est contrôlée par ceux qui ont des liens avec Jalili, a également insisté sur la nécessité de frapper Israël, selon l’article.

Mais le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian s’est opposé à une telle initiative, estimant que lancer une attaque préventive contre Israël reviendrait à tomber dans un piège tendu par l’État juif pour déclencher une guerre régionale.

D’autres « modérés » craignent également qu’une attaque contre Israël n’attire des ripostes endommageant des infrastructures iraniennes essentielles, un problème aigu dans une économie nationale déjà affaiblie.

Khamenei a publiquement fait l’éloge de Nasrallah et s’est engagé à soutenir le Hezbollah, mais il n’a pas menacé d’attaquer Israël. Il a également indiqué que le groupe terroriste chiite libanais se chargerait des représailles, avec le seul soutien de l’Iran.

« Toutes les forces de la résistance soutiennent le Hezbollah », a-t-il assuré.

Un manifestant tenant une photo encadrée montrant (de gauche à droite) le guide suprême iranien Ali Khamenei, le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, éliminé par une frappe aérienne israélienne le 27 septembre 2024, et le commandant de la Force Al-Qods du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) Qassem Soleimani, éliminé par une frappe de drone américaine en janvier 2020, lors d’une manifestation anti-Israël, sur la Place de Palestine, à Téhéran, le 28 septembre 2024. (Crédit : Atta Kenare/AFP)

« C’est le Hezbollah, à la tête des forces de la résistance, qui déterminera le sort de la région. »

« Le Liban fera regretter l’agresseur et l’ennemi maléfique », a également promis Khamenei.

Le New York Times a cité certains analystes qui ont déclaré que la réponse montrait l’indécision du guide suprême iranien quant à la manière de réagir et sa préférence manifeste d’éviter une guerre totale.

D’autres hauts responsables iraniens ont également déclaré que les milices mandataires de l’Iran dans la région riposteraient à Israël, plutôt que la République islamique ne mène une attaque directe.

Le président du Parlement iranien, Mohammad Baqer Qalibaf, a déclaré dimanche que ce que l’Iran appelle les « groupes de résistance » continueront à affronter Israël avec l’aide de l’Iran, selon les médias d’État iraniens.

Mohammad Ali Abtahi, ancien vice-président de l’Iran, a déclaré au New York Times lors d’un entretien téléphonique que l’élimination de Nasrallah était « un coup incroyablement dur, et d’un point de vue réaliste, nous n’avons pas de voie claire pour nous remettre de cette perte ».

« Nous n’entrerons pas en guerre, c’est hors de question. »

« Mais l’Iran ne fera pas non plus marche arrière en soutenant les groupes militants [terroristes] dans la région, ni en désamorçant les tensions avec l’Occident. Tous ces objectifs peuvent être poursuivis en même temps », a-t-il estimé.

Deux responsables du CGRI, dont un stratège qui a participé à des réunions pour discuter de la réaction à la mort de Nasrallah, ont déclaré que la première préoccupation de l’Iran était d’aider le Hezbollah à se remettre de la série de coups dévastateurs qu’Israël a portés à ses dirigeants et à son infrastructure. Cela implique la nomination d’un nouveau chef, la mise en place d’une nouvelle structure de commandement et l’installation d’un nouveau réseau de communication. Après quoi, le groupe terroriste chiite libanais sera en mesure de planifier ses représailles contre Israël.

L’Iran enverra un membre haut placé de la Force Al-Qods à Beyrouth, via la Syrie, pour conseiller le Hezbollah, ont indiqué les deux membres du CGRI.

Lors de l’Assemblée générale des Nations unies la semaine dernière, Pezeshkian a déclaré aux journalistes que l’Iran était prêt à « déposer les armes si Israël déposait les siennes » et a appelé à une force internationale pour intervenir dans l’établissement de la paix au Moyen-Orient », a souligné le New York Times.

Les conservateurs l’ont fustigé pour ce discours, affirmant que son message témoignait d’une faiblesse qui encourageait Israël à tuer Nasrallah, ajoute l’article. Ils demandent maintenant à l’Iran d’envoyer des unités de combat au Liban pour aider le Hezbollah au cas où les combats dégénéreraient en une véritable guerre.

Le président iranien Massoud Pezeshkian s’exprimant lors de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies, au siège de l’ONU, à New York, le 24 septembre 2024. (Crédit : Charly Triballeau/AFP)

Samedi matin, l’armée israélienne a confirmé avoir éliminé Nasrallah ainsi que d’autres hauts responsables du Hezbollah lors d’une frappe sur le bunker du leader à Beyrouth.

Les combats entre Israël et le Hezbollah se sont intensifiés ces dernières semaines après onze mois de conflit frontalier larvé.

Depuis le 8 octobre 2023, soit au lendemain du pogrom mené par son allié le groupe terroriste palestinien du Hamas, au cours duquel plus de 1 200 personnes ont été tuées et 251 autres enlevées et emmenées de force à Gaza, le Hezbollah a quotidiennement attaqué les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le Hamas, qui est également soutenu par l’Iran.

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