Les États-Unis condamnent le déchaînement de violences des résidents d’implantation
Le porte-parole du Département d'État a déclaré que l'annonce faite par Netanyahu concernant de nouvelles habitations en Cisjordanie "enflamme les tensions"
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Les États-Unis ont condamné, mercredi, l’attaque de représailles commise par des partisans du mouvement pro-implantation contre des Palestiniens ainsi que l’annonce faite par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a déclaré que 1 000 nouvelles habitations seraient construites dans les implantations en réponse à un attentat terroriste meurtrier à l’arme à feu qui a eu lieu mardi en Cisjordanie.
Le porte-parole du département d’État, Vadant Patel, a commencé sa conférence de presse en émettant un communiqué sur la dernière recrudescence des violences en date survenue entre Israéliens et Palestiniens. Il a condamné l’attentat terroriste à l’arme à feu qui a fait quatre morts, des Israéliens, aux abords de l’implantation d’Eli avait de faire remarquer les informations « troublantes » portant sur des violences commises par les partisans du mouvement pro-implantation dans toute la Cisjordanie.
Des centaines de partisans du mouvement pro-implantation israéliens sont entrés dans la ville palestinienne de Turmus Ayya dans la journée de mercredi, incendiant des maisons, des voitures et des champs et terrorisant les résidents peu après les funérailles des victimes israéliennes de l’attaque d’Eli, qui avait été commise la veille.
L’Autorité palestinienne (AP), via son ministère de la Santé, a fait savoir qu’un Palestinien, Omar Qattin, 27 ans, avait été tué et que douze personnes avaient été blessées pendant cette attaque des partisans du mouvement pro-implantation et pendant des affrontements avec les soldats. Au moins quatre personnes ont été blessées par balle et l’une d’entre elles serait dans un état grave, a continué le ministère.
La police a indiqué que l’un de ses agents avait ouvert le feu et touché au moins un Palestinien, qui était soupçonné d’avoir tiré en direction des forces de sécurité pendant les heurts. Il est difficile de dire s’il s’agit de Qattin. Il est aussi difficile de dire qui a été l’auteur des coups de feu qui ont blessé les quatre autres Palestiniens.
Ces émeutes survenues dans cette ville proche de Ramallah ont eu lieu après d’autres violences de partisans du mouvement pro-implantation qui ont saccagé plusieurs villes du nord de la Cisjordanie dans la soirée de mardi, quelques heures après l’attentat d’Eli.
Des saccages qui semblent être la répétition d’un incident survenu à Huwara – que certains Israéliens avaient qualifié de « pogrom » – au début de l’année, dans le sillage également d’un autre attentat meurtrier.
Alors que Patel faisait son point-presse, mercredi, les médias palestiniens faisaient savoir que plus de cent résidents de l’implantation ultra-radicale d’Yitzhar et des avant-postes illégaux environnants étaient entrés dans le visage palestinien d’Urif, situé à proximité, et qu’ils attaquaient ses habitants.
« Nous condamnons ces actes de violence et nous faisons part de nos condoléances aux familles des victimes », a dit Patel.
« La justice devra être poursuivie avec la même rigueur dans tous les cas de violence extrémiste et leurs auteurs devront rendre des comptes », a ajouté Patel, qui a utilisé les mêmes éléments de langage que ceux qui avaient été employés par l’administration Biden après l’attaque perpétrée par des centaines de partisans du mouvement pro-implantation à Huwara, il y a quatre mois, des violences qui avaient fait un mort et des dizaines de blessés.
Il n’y avait eu que peu d’arrestations suite à cette attaque et aucune mise en examen n’a été prononcée.
Aucune arrestation n’a non plus été faite au cours des deux derniers jours suite au déchaînement de violence des partisans du mouvement pro-implantation.
L’armée a fait savoir, mercredi, qu’elle condamnait l’attaque mais elle n’a pas fait part d’arrestation, soulignant au contraire que ces violences compliquaient la mission de l’armée – qui est de protéger les civils israéliens. Netanyahu a dénoncé les émeutes dans un communiqué qui a aussi évoqué des heurts sans lien sur le plateau du Golan qui avaient opposé les résidents druzes et la police, appelant les Israéliens à se soumettre à la loi.
Patel a salué le communiqué émis par Tsahal tout en ajoutant que les États-Unis « attendent du gouvernement israélien qu’il fasse assumer leurs responsabilités aux auteurs de ces attaques et qu’il les traduise en justice, en plus de verser des indemnités pour les habitations et pour les biens qui ont été perdus ».
Les Palestiniens dont les maisons avaient été endommagées à Huwara, au mois de février, n’ont jamais été indemnisés par le gouvernement israélien.
Le bureau américain des Affaires palestiniennes a émis son propre communiqué condamnant le saccage « consternant » de Turmus Ayya. « Nous appelons les autorités israéliennes à mettre un terme immédiat aux violences, à protéger les civils américains et palestiniens et à poursuivre les responsables », a-t-il précisé.
Pour sa part, Tor Wennesland, envoyé des Nations unies pour la paix au Moyen-Orient, a dénoncé les violences des « justiciers du mouvement pro-implantation israéliens contre les résidents, les terres et les biens palestiniens, dont une école & une ambulance, dans les villages situés aux alentours de Naplouse & de Ramallah suite à l’attentat à l’arme à feu d’hier ».
« Je condamne tous les actes de terrorisme contre des civils », a-t-il écrit sur Twitter, ajoutant qu’Israël, « en tant que puissance occupante, doit garantir que la population civile est protégée contre tous les actes de violence et que leurs auteurs répondront de leurs actes ».
Même avertissement du côté du ministère des Affaires étrangères jordanien, qui a appelé la communauté internationale à intervenir pour protéger les Palestiniens.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a réclamé « la fin immédiate » des attaques des partisans du mouvement pro-implantation dans les villages de Cisjordanie, s’en prenant aux autorités israéliennes pour leur incapacité à intervenir à Turmus Ayya et dans les autres villages palestiniens où les partisans du mouvement pro-implantation ont incendié des dizaines de bâtiments et de voitures.
« L’Égypte rejette totalement les actes d’intimidation et les sanctions collectives prenant pour cible les citoyens palestiniens », a fait savoir le ministère des Affaires étrangères.
Mercredi également, Patel a été interrogé sur la décision prise par Netanyahu de faire avancer les plans de construction de 1000 nouvelles habitations à Eli.
Une décision qui a été prise lors d’une rencontre entre Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre des Finances Bezalel Smotrich qui ont convenu de « l’avancée immédiate » de la planification des nouvelles habitations.
« Notre réponse au terrorisme est de frapper dur et de construire sur notre terre », ont-ils dit dans un communiqué.
Il est difficile de dire si les nouvelles habitations qui ont été approuvées à Eli entrent dans le cadre d’un projet existant qui portait sur la construction de milliers de logements supplémentaires dans les implantations de Cisjordanie.
« Des actions unilatérales comme celle-ci – l’avancée des implantations – ne feront qu’enflammer les tensions et elles sapent la perspective d’une solution à deux États », a commenté Patel pendant le point-presse.
Ces annonces de construction dans les implantations ont d’ores et déjà amené le Maroc à abandonner son projet d’accueillir la deuxième édition du forum du Neguev, un rassemblement ministériel, a indiqué un responsable américain au Times of Israel, mardi, ajoutant qu’elles nuisaient également aux efforts livrés par l’administration Biden en vue d’une normalisation des liens entre Israël et l’Arabie saoudite.
Patel a aussi été interrogé, pendant le point-presse, sur le positionnement américain face à la pratique israélienne de rétention des dépouilles des attaquants palestiniens abattus.
« Les familles doivent être en capacité d’enterrer ceux qui leur sont chers de manière digne, sans entrave », a répondu Patel.
Les forces de sécurité israélienne conservent régulièrement les corps sans vie des terroristes. Parfois, ils sont ensuite rendus aux familles pour qu’elles puissent les inhumer. Les dépouilles sont par ailleurs parfois retenues – pour empêcher des funérailles festives dans les villes natales des attaquants, ou pour les utiliser dans les négociations portant sur le rapatriement des dépouilles des soldats conservées en otage par les groupes terroristes.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.