Les Etats-Unis rejettent la clause de reconnaissance d’Israël par l’Iran
L’accord avec Téhéran est limité à « une question nucléaire, » a déclaré le Département d'Etat
Le Département d’Etat américain a rejeté la demande israélienne au cours du week-end que tout accord final avec l’Iran sur son programme nucléaire comprenne la reconnaissance du droit d’Israël à exister, alléguant que ce n’était pas la question à l’ordre du jour.
« Cet accord porte uniquement sur le nucléaire », a déclaré la porte-parole du département d’Etat Marie Harf aux journalistes vendredi soir, selon Fox News.
Dans l’intervalle, le New York Times a rapporté que la Maison Blanche a déjà fait des efforts intenses pour vendre l’accord émergent à un Congrès réticent, afin d’empêcher les législateurs de le bloquer.
Depuis que l’accord a été annoncé aux hauts membres de l’équipe du président Barack Obama jeudi, dont le vice-président Joe Biden, le chef d’état-major Denis McDonough et la conseillère à la sécurité nationale, Susan Rice, ont téléphoné à leurs collègues de la Chambre et du Sénat ainsi qu’à des groupes de lobbying juif pour les convaincre du bien-fondé de l’accord, rapporte le Times.
Un projet de loi bipartite promu au Sénat prévoit que tout accord final avec l’Iran soit soumis au Congrès pendant une période d’examen de 60 jours avant que des sanctions imposées à l’Iran par le Congrès puissent être annulées ou suspendues par le président. Principalement soutenu par les républicains, le projet de loi bénéficie du soutien clé des législateurs démocrates.
Obama a promis d’opposer son veto au projet de loi, affirmant qu’il pourrait annihiler l’accord nucléaire et isoler les Etats-Unis dans une position intransigeante. Le succès ou l’échec du projet de loi repose donc sur la capacité des républicains à faire basculer les démocrates dans leur camp afin d’obtenir une majorité de vetos incontournables.
« Le président a beaucoup de travail, et cela sera difficile, » a déclaré au Times le sénateur Jeff Flake, membre de la commission des Affaires étrangères. « De toute évidence, le Congrès sait qu’il a un rôle important à jouer, ce que l’administration peine à admettre. »
Mais la Maison Blanche espère que l’accord sera plus facile à vendre, maintenant que ses détails ont été décidés.
« Les gens étaient naturellement sceptiques parce que nous n’avions pas d’accord à montrer, mais maintenant que c’est le cas, cela nous donne plus de force face au Congrès », a déclaré Josh Earnest, le secrétaire de presse de la Maison Blanche.
« Quand ils jettent un œil à l’accord et prennent conscience de la quantité de détails, nous sentons que nous atteignons les objectifs établis, mais aussi que nous avons un moyen de le vérifier. »
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, de son côté, a déclaré après une session du cabinet vendredi : « Israël n’acceptera aucun accord qui permette à un pays voué à nous anéantir de développer des armes nucléaires, point final ».
Toutefois, il a également reconnu la possibilité qu’un accord final soit atteint, affirmant qu’il doit « inclure une reconnaissance iranienne claire et sans ambiguïté du droit d’Israël à exister ».
La Maison Blanche a exprimé sa confiance vendredi soir qu’un accord nucléaire final soit atteint dans les prochains mois.
« Il y a beaucoup de travail à faire, mais nous sommes confiants quant à la finalisation des détails », a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Eric Schultz, selon Reuters.
Netanyahu a sévèrement critiqué les négociations, exigeant plutôt que le programme iranien soit démantelé. Selon lui, l’Iran ne peut être digne de confiance, et laisser certaines installations intactes permettrait aux Iraniens de construire une bombe.
Toutefois, il semble peu probable qu’Israël puisse empêcher la signature d’un accord final dans le contexte d’un si large soutien international.
La Chine a déclaré samedi que cet accord-cadre renforcerait les relations entre Washington et Pékin.
Selon une déclaration du gouvernement chinois citée par Reuters, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi s’est entretenu au téléphone à ce sujet avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry.
« La Chine et les Etats-Unis, qui ont des responsabilités importantes dans la sauvegarde du système international de non-prolifération nucléaire, ont maintenu un bon contact au cours des négociations, tout en inculquant de l’énergie positive dans les relations bilatérales », a déclaré Wang à Kerry.
« Pour finaliser un accord global comme prévu, la Chine maintiendra une étroite coordination avec toutes les parties concernées, y compris les Etats-Unis, et continuera à jouer un rôle constructif tout au long du processus. »
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a assuré aux dirigeants israéliens préoccupés par l’accord qu’il permettrait d’améliorer la sécurité de leur pays.
« Nous demandons au gouvernement israélien d’examiner l’accord de plus près », a déclaré Steinmeier, selon Reuters. « Ses principaux points visent à garantir que la sécurité au Moyen-Orient… s’améliore et non s’aggrave. »
Le diplomate allemand a toutefois averti qu’il était trop tôt pour célébrer l’événement.
« Nous pouvons être satisfaits, mais j’espère que l’Iran s’en tiendra aux principaux accords », a-t-il déclaré.