Les familles des otages rencontrent les parents de Noa Marciano, tuée à Gaza
Selon Adi Marciano, la lutte pour son retour n'est pas terminée ; les familles des otages disent que le cabinet de guerre ne répond pas aux demandes de rencontre
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Les membres des familles des personnes disparues et retenues en captivité à Gaza ont marché aux côtés de centaines d’Israéliens au troisième jour de leur marche de Tel Aviv vers le bureau du Premier ministre à Jérusalem, qu’ils prévoient d’atteindre samedi après-midi.
La marche de jeudi a commencé à Beit Hashmonaï, où le groupe a passé la nuit après un rassemblement mercredi soir. Ils ont été accueillis par des élèves du lycée local, qui tenaient des pancartes de soutien et des ballons jaunes, utilisés comme symbole de solidarité avec les captifs de Gaza depuis la prise d’otage de Gilad Shalit en 2006.
Les familles ont continué à marcher jusqu’à Modiin, à environ trois heures de marche, pour y rencontrer les parents de la soldate israélienne Noa Marciano, qui a été tuée en captivité.
Noa, 19 ans, de la 414e unité du Corps de Collecte de Renseignements, servait sur la base militaire de Nahal Oz lorsque celle-ci a été prise d’assaut le 7 octobre par les terroristes lors de leur attaque meurtrière sur le sud d’Israël, au cours de laquelle 1 200 personnes ont été tuées et au moins 240 prises en otage.
Lundi soir, le Hamas a publié une vidéo de propagande dans laquelle on voit Marciano s’adresser à la caméra quatre jours après avoir été prise en otage, s’identifier et dire les noms de ses parents et de sa ville natale. La vidéo montre ensuite son cadavre.
S’adressant aux familles des otages à Modiin, la mère de Noa, Adi Marciano, les a remerciés d’être venus et a déclaré qu’elle devait initialement défiler à leurs côtés, avant que la nouvelle de la mort de sa fille ne lui parvienne.
« Il est difficile de parler de Noa au passé », a-t-elle déclaré. « Noa est une fille de lumière et d’amour, aux yeux bienveillants qui racontent l’histoire d’un don, d’un sourire qui ne s’arrête jamais. Le combat pour Noa et son retour n’est pas terminé. Il n’y a pas de tombe. Ils m’ont dit de faire shiva [semaine de deuil], et nous n’avons même pas eu les funérailles qu’elle méritait ».
Décrivant Noa comme une fille merveilleuse et une grande sœur bien-aimée de ses trois frères et sœurs plus jeunes, Adi a déclaré, au bord des larmes, qu’elle était une leader discrète qui marquait son entourage.
« Il est important pour moi que tout le monde sache que la bataille pour Noa et pour la ramener à la maison n’est pas finie », a affirmé Adi. « Je n’ai pas de tombe pour Noa, il n’y a pas eu de funérailles. Le corps de Noa est toujours à Gaza. »
« Je tiens à vous dire que nous sommes ici avec vous pour le combat de notre vie », a-t-elle souligné. « Dès la fin de la shiva, je reviendrai à Tel Aviv pour être avec vous. »
Elle a également remercié tous ceux qui, en dehors d’Israël, les soutiennent et qui leur a souhaité de la force.
Elle a lancé un appel aux dirigeants israéliens. « Nous avons été abandonnés une fois ce Shabbat [du 7 octobre] et nous ne vous permettrons pas de nous abandonner à nouveau. Rencontrez toutes les familles ici et dans leurs maisons et donnez-nous des réponses.
« Dites-nous qu’il y a quelqu’un à qui parler à Gaza. Il y a toujours quelqu’un à qui parler. Il est de votre responsabilité de ramener Noa et tous les autres ».
Le père de Noa, Avi Marciano, a ensuite pris la parole, décrivant comment, malgré la tragédie de la mort de sa fille, il était important pour sa famille d’être aux côtés des autres familles demandant le retour de leurs proches.
« Ces derniers jours ont été les plus terribles que nous ayons jamais vécus. Je ne pouvais pas m’imaginer vivre cela », a-t-il déclaré.
« Malgré tout, nous avons trouvé le temps d’être avec vous, pour exiger du [Premier ministre Benjamin Netanyahu], des [ministres Benny] Gantz et [Yoav] Gallant, et du reste du cabinet de guerre qu’ils viennent d’abord nous parler(…). »
« Si vous concluez un accord, parlez-nous en d’abord. »
« Les plaisanteries sont terminées. Nous enlevons nos gants et nous allons nous battre contre vous », a-t-il poursuivi. « Vous nous négligez. Vous ne venez pas à nous. Honte à vous ! »
Après le discours des Marciano, les participants se sont joints à eux pour chanter l’Hatikva, l’hymne national israélien.
Les représentants des familles d’otages ont déclaré plus tôt ce jeudi qu’ils avaient demandé aux membres du cabinet de guerre du gouvernement de se joindre à eux sur la route, mais qu’ils n’avaient pas reçu de réponse.
« Nous avons marché 37 kilomètres et le cabinet de guerre n’a même pas décroché le téléphone pour fixer une heure de rendez-vous », a regretté Merav Leshem Ronen, mère de Romi Gonen, otage du Hamas.
« Nous leur avons demandé de nous rencontrer », a déclaré Ronen. « Si nous pouvons marcher jusqu’à eux, ils peuvent monter dans des voitures et venir nous parler. Nous savons qu’ils participent activement aux négociations. Venez nous parler ! »
Après leur arrêt à Modiin, les familles étaient prêtes à poursuivre leur chemin, terminant la journée au site commémoratif de Latrun pour les soldats tombés au combat à 19h.
Emanuel Fabian, Amy Spiro, et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.