Les Gazaouis ont désespérément besoin de plus d’aide, estime l’ONG humanitaire soutenue par les US et Israël
Selon des officiels américains, la Fondation Humanitaire de Gaza aurait demandé 30 millions de dollars à l'administration Trump ; huit personnes ont été tuées près des sites de distribution d'aide samedi

La Fondation humanitaire de Gaza, organisation soutenue par les Etats-Unis et Israël chargée de distribuer des rations alimentaires dans la bande de Gaza depuis le mois dernier, a déclaré samedi que les habitants de l’enclave palestinienne « avaient désespérément besoin de davantage d’aide ».
Cet aveu de la Fondation de son incapacité de répondre à la demande fait suite à de sévères critiques de la part d’autres organisations humanitaires et des fusillades meurtrières quasi quotidiennes à proximité des lieux de distribution.
L’agence de défense civile de Gaza, dirigée par le Hamas, a déclaré samedi que les soldats israéliens avaient tué au moins 17 personnes- huit d’entre elles étaient venues chercher de la nourriture. L’armée israélienne a déclaré à l’AFP qu’elle enquêtait sur les décès signalés par l’agence de défense civile près des centres de distribution de la Fondation humanitaire de Gaza.
Dans un communiqué publié samedi, le directeur exécutif par intérim de la Fondation humanitaire de Gaza, John Acree, a indiqué que l’organisation « fournit de l’aide à grande échelle, en toute sécurité et de manière efficace… Mais nous ne pouvons pas répondre à l’ampleur des besoins tant que de grandes parties de Gaza demeurent fermées ».
Il a ajouté que sa fondation « travaille en bonne intelligence avec le gouvernement israélien pour tenir ses engagements et ouvrir d’autres points de distribution dans le nord de Gaza ».
« La population de Gaza a désespérément besoin de davantage d’aide et nous sommes prêts à nous associer à d’autres organisations humanitaires pour venir en aide aux personnes qui en ont le plus besoin », a conclu Acree.
Pour parvenir à ses fins, l’organisation soutenue par les États-Unis et Israël a demandé à l’administration du président américain Donald Trump d’apporter 30 millions de dollars, ont laissé entendre trois officiels américains.

La demande donne quelques détails financiers sur la Fondation et son travail dans l’enclave en proie à la guerre, à commencer par une prévision de budget mensuel de l’ordre de 150 millions de dollars une fois que les points d’aide actuels seront totalement équipés – ce qui correspond à 1,8 milliard de dollars par an.
Selon ces officiels américains, qui n’étaient pas autorisés à parler publiquement de la question et l’ont donc fait sous couvert d’anonymat, la demande de financement de la Fondation a été soumise à l’Agence américaine pour le développement international. Elle aurait été examinée cette semaine par cette agence qui devrait très prochainement être absorbée par le Département d’État, dans le cadre de la rationalisation de l’aide internationale.
Deux de ces officiels ont déclaré que l’administration aurait décidé d’accorder les fonds. Selon eux, la demande ferait l’objet d’un processus d’examen allégé par rapport à ce que Washington requiert pour accorder des subventions à une organisation qui vient en aide à des pays étrangers.
Dans un courrier soumis jeudi en complément à cette demande, le Secrétaire de la Fondation humanitaire pour Gaza, Loik Henderson, a déclaré que son organisation « était reconnaissante de l’opportunité de travailler avec vous pour aider encore davantage Gaza ».
Ni le Département d’État ni Henderson n’ont encore répondu aux demandes de commentaires faites samedi.
Dans les documents remis à l’appui de sa demande, la Fondation humanitaire de Gaza explique avoir reçu près de 119 millions de dollars, en mai, de la part « d’autres donateurs publics », sans plus de détails, qui pourraient verser 38 millions de dollars au titre du mois de juin, lesquels s’ajouteraient aux 30 millions de dollars demandés aux États-Unis.

Israël assure ne pas prendre part au financement de l’aide à Gaza alors que la radio publique Kan a indiqué ce mois-ci que le gouvernement avait validé le transfert de 700 millions de shekels à la Fondation humanitaire pour Gaza.
Par ailleurs, le groupe humanitaire World Central Kitchen (WCK) a annoncé avoir pu reprendre ses activités, dimanche, à Gaza pour la première fois depuis 12 semaines, après que des camions d’aide alimentaire ont rejoint ses équipes sur le terrain.

Disposant désormais de denrées alimentaires, le WCK a déclaré avoir repris la distribution de repas dans plusieurs cuisines communautaires à travers Gaza, où l’insécurité alimentaire est très grave.
Près de 10 000 repas ont été préparés le premier jour de la reprise des opérations, selon le WCK.
Contrairement à la Fondation humanitaire de Gaza, qui distribue des denrées alimentaires sèches aux Gazaouis depuis un mois, WCK fournit des repas chauds aux Palestiniens.
« Le 7 mai, WCK a été contrainte d’arrêter la cuisine dans toutes ses cuisines à grande échelle et dans sa boulangerie mobile après l’épuisement complet de ses réserves alimentaires. Cette interruption a marqué un moment dévastateur dans notre intervention, coupant une source vitale de nourriture quotidienne pour des familles déjà confrontées à des difficultés extrêmes », a déclaré WCK dans un communiqué.
« Cette livraison de première urgence est une étape importante, mais les effets d’une famine prolongée ne disparaissent pas du jour au lendemain. La faim laisse des séquelles physiques et psychologiques profondes, et même si les repas reprennent, les dommages causés par les longues interruptions d’approvisionnement continuent de toucher les familles et les communautés », a ajouté WCK.