Les GPS, brouillés pour la guerre, font faire de drôles de rencontres aux Israéliens et Libanais
Les applications qui mettent en relation des utilisateurs en fonction de leur géolocalisation ont été perturbées par le brouillage des signaux de localisation de Tsahal
Les utilisateurs israéliens et libanais d’applications de rencontres se sont retrouvés pris dans un brouillard de guerre électronique, les applications suggérant des rencontres entre des personnes vivant dans des États ennemis, de part et d’autre d’une frontière qui est devenue une zone de guerre active.
Ce curieux phénomène a été attribué à l’armée israélienne qui bloque certains signaux du système mondial de localisation (GPS) dans le cadre de la guerre en cours avec le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza et des affrontements meurtriers avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
Depuis les premiers jours de la guerre, les automobilistes utilisant des applications de navigation telles que Waze et Google Maps voyaient souvent leur position s’afficher de manière complètement erronée. Les utilisateurs de Tel Aviv se voyaient indiquer Le Caire, tandis que ceux de Haïfa étaient localisés à Beyrouth.
Le brouillage semble également avoir perturbé les applications de rencontres.
Un Israélien récemment démobilisé de son service de réserve dans les rangs de Tsahal a publié sur Facebook qu’une application de rencontre qu’il utilise lui avait donné des correspondances bizarres au Liban, a rapporté la semaine dernière The National, un quotidien de langue anglaise publié aux Émirats arabes unis.
L’homme a indiqué qu’il n’était jamais allé au Liban mais qu’en octobre, des profils libanais avaient commencé à apparaître dans ses correspondances. L’article ne précisait pas quelle application de rencontre l’homme utilisait. Cependant, la Douzième chaîne a indiqué que Tinder et Bumble étaient concernés.
Au Liban, Leila et Maher, tous deux originaires de Beyrouth, ont déclaré à The National qu’ils avaient vécu la même expérience, mais avec des Israéliens.
« Depuis le début de la guerre, je vois surtout des Israéliens sur l’application – je ne l’utilise presque plus », a indiqué Maher à The National.
Omar, un Libanais qui utilise Tinder, a déclaré qu’avant la guerre, des profils israéliens apparaissaient occasionnellement, mais qu’il avait remarqué une nette augmentation depuis le mois d’octobre.
« Je continue à les voir et elles sont absolument magnifiques, mais je ne peux rien faire parce que nous sommes divisés par un mur d’apartheid et une armée génocidaire qui n’aime pas trop les Arabes », a-t-il ajouté.
The National a cité un article de L’Orient-Le Jour selon lequel, en février, les profils israéliens représentaient 60 à 62 % de ceux qui s’affichaient pour les utilisateurs libanais de l’application Tinder.
Pour les Libanais, la situation pourrait avoir des conséquences juridiques, car la loi leur interdit d’avoir des contacts avec des Israéliens. Les deux pays sont techniquement en état de guerre.
Ari, un habitant de Tel Aviv, note que les Israéliens et les Libanais ont toujours été tenus à l’écart en tant qu’ennemis, mais qu’aujourd’hui, en raison du problème, « ces deux ennemis se frôlent en toute décontraction ».
« Les Israéliens s’en délectent », a-t-il déclaré au The National.
Abed al-Kataya, responsable du programme médias de SMEX, une organisation de défense des droits numériques à Beyrouth, a déclaré au journal que « l’interférence avec le GPS met également en danger le trafic maritime et aérien civil et commercial, en provoquant potentiellement des pannes de navigation. »
Il a ajouté qu’une telle activité peut constituer une violation de l’Union internationale des télécommunications, dont Israël est membre. L’Union exige de ses membres qu’ils empêchent « la transmission ou la diffusion de signaux de détresse, d’urgence, de sécurité ou d’identification faux ou trompeurs ».
Mais al-Kataya a rejeté la rumeur selon laquelle la prolifération des profils israéliens sur les applications de rencontres libanaises était une ruse de l’agence de renseignement du Mossad pour obtenir des informations sur les résidents locaux.
Le Mossad, a-t-il noté, dispose d’autres outils, et « il possède des capacités étendues pour mettre sur écoute les câbles Ethernet, les câbles sous-marins, et des outils avancés pour surveiller les réseaux de télécommunications au Liban ».
La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque le Hamas a attaqué Israël, tuant 1 200 personnes, pour la plupart des civils, au cours d’atrocités horribles. Les milliers de terroristes qui ont envahi le sud d’Israël depuis la bande de Gaza ont également enlevé 253 personnes de tous âges et les ont emmenées de force à Gaza.
Israël a réagi par une opération militaire visant à renverser le régime du Hamas, à anéantir le groupe terroriste et à libérer les otages, dont plus de la moitié sont toujours en captivité.
Au lendemain de l’attaque du Hamas, le Hezbollah, groupe terroriste chiite libanais soutenu par l’Iran, a lancé des attaques le long de la frontière avec Israël, affirmant qu’il agissait en soutien à Gaza.
L’armée israélienne a déclaré dans les jours qui ont suivi qu’elle avait interrompu le GPS « de manière proactive pour divers besoins opérationnels ». Elle a mis en garde contre « des effets divers et temporaires sur les applications de géolocalisation ».
Les appareils qui utilisent des systèmes de navigation par satellite, tels que le système GPS, propriété du gouvernement américain, fonctionnent en recevant des signaux de plusieurs satellites en orbite autour de la Terre et en les utilisant pour calculer une position précise.
Mais le signal s’affaiblit au fur et à mesure qu’il se rapproche du sol, ce qui le rend facile et peu onéreux à brouiller avec des signaux plus puissants.
Selon The National, l’utilisation du GPS dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, a toujours été irrégulière, manifestement en raison des activités de brouillage en cours, et les personnes qui utilisent des applications de navigation ont souvent du mal à déterminer leur position.
Les attaques quasi quotidiennes du Hezbollah ont entraîné des frappes de l’armée israélienne et le conflit n’a cessé de s’intensifier, provoquant le déplacement de dizaines de milliers de personnes de part et d’autre de la frontière. Ces derniers jours, le Hezbollah a tiré des dizaines de roquettes sur le nord d’Israël et, en réponse, Tsahal a frappé les sites du groupe terroriste au fin fond du Liban. Cette escalade de la violence a ravivé les craintes d’une nouvelle guerre dans la région.