Les Israéliens du sud craignent plus la violence interne que la guerre – rapport
Un nouvel indice vise à mesurer la résilience et le stress chez les habitants des villes et des localités de l'ouest du Neguev qui ont été victimes du pogrom du Hamas
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Malgré la guerre en cours à Gaza et au Liban, les habitants de l’ouest du Neguev, dans le sud d’Israël – une région qui a été envahie par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 – considèrent la violence au sein de la société israélienne et la situation politique intérieure comme les plus grandes menaces pour le pays.
Cette conclusion est tirée du premier d’une série de rapports trimestriels sur la résilience dans la région. Le premier rapport a été publié au début du mois pour marquer le premier anniversaire du pogrom du Hamas, au cours duquel les terroristes ont assassiné plus de 1 200 personnes et en ont enlevé 251 pour les emmener dans la bande de Gaza.
La nouvelle étude, publiée en anglais dimanche, établit une base de référence pour les futurs rapports trimestriels sur la résilience dans cette région déchirée par la guerre. Elle a été dirigée par la professeure Bruria Adini, chef du département de gestion des urgences et de médecine des catastrophes à l’université de Tel Aviv, qui étudie la résilience en Israël depuis de nombreuses années.
Adini a travaillé avec des experts en résilience de l’Université de Tel Aviv et du Tel Hai Academic College, ainsi qu’avec des représentants de deux organisations travaillant à l’amélioration de la vie dans l’ouest du Neguev, INDICATE Inc. et New Land Now.
Elle a expliqué au Times of Israel que l’objectif de ces indices est de mesurer les résultats obtenus par les groupes de la société civile et les organismes gouvernementaux, tels que l’Autorité Tekuma, créée par le gouvernement après le 7 octobre, dans la réhabilitation de la région.
La recherche combine des données recueillies dans le cadre d’une enquête menée auprès de 503 personnes issues de kibboutzim, de moshavim, de communautés résidentielles et de villes et villages bédouins entre le 28 août et le 8 septembre, ainsi qu’une analyse des interventions sur les principales plateformes de réseaux sociaux entre juillet et septembre.

L’étude a mesuré les réactions des résidents à douze questions, allant de la résilience nationale, communautaire et individuelle aux symptômes de stress, au syndrome de stress post-traumatique (TSPT) et à la cohésion sociale.
L’étude a révélé que les symptômes de stress et de TSPT étaient relativement élevés dans toutes les populations de la région, les habitants des zones urbaines présentant des niveaux de stress inférieurs à ceux des Bédouins et des kibboutznikkim interrogés.
Écarts dans l’aide publique
Les discussions sur les réseaux sociaux concernant les besoins en matière de santé mentale étaient plus fréquentes entre les habitants des villes d’Ofakim et de Netivot.
Ces villes sont situées en dehors de la « ceinture de Tekuma », une région qui comprend une ville (Sderot) et plus de 45 communautés rurales situées à moins de sept kilomètres de la frontière de Gaza. Plus durement touchée le 7 octobre, Tekuma devrait recevoir 19 milliards de shekels sur cinq ans pour son rétablissement.
Pourtant, Ofakim a également été envahie par des terroristes du Hamas le 7 octobre qui y ont massacré 47 personnes. À Netivot, les forces de défense ont réussi à empêcher les terroristes de pénétrer dans la ville.

Dans le rapport, on peut lire que « de nombreuses personnes [interrogées] ont exprimé leur frustration face au fait que, si une aide financière sous forme d’allègements fiscaux et de taxes foncières a été accordée à une partie de la population, dans le domaine de la santé mentale, de nombreuses personnes n’ont toujours pas trouvé de solutions adéquates ». Certains habitants signalent qu’ils sont obligés de se rendre dans d’autres villes pour bénéficier d’une aide en matière de santé mentale, en raison des longs délais d’attente et du manque de thérapeutes.
Ofakim et Netivot ont demandé à la Haute Cour d’être inclus dans la « ceinture de Tekuma ». Le mois dernier, le quotidien économique Calcalist a rapporté que le Premier ministre Benjamin Netanyahu envisageait de réduire d’un milliard de shekels le budget de l’administration de Tekuma pour soutenir des villes et des villages tels que Netivot, Ofakim et la ville bédouine de Rahat, où quatre habitants ont été enlevés et emmenés à Gaza (seuls deux d’entre eux ont été libérés à ce jour).

Méfiance chez les Bédouins
Le rapport révèle un ressentiment marqué chez les Bédouins. Selon les auteurs du rapport, au cours des premières semaines de la guerre, de nombreux Bédouins espéraient voir l’État combler le fossé qui les séparait des Israéliens juifs puisqu’au moins 17 de leurs concitoyens avaient été assassinés lors du massacre perpétré par le Hamas, et que plusieurs autres étaient morts au cours de leur service au sein de Tsahal.
Mais cet espoir a été remplacé par une méfiance au vu de l’incapacité de l’État à lutter contre la criminalité en hausse dans la société arabe et par une colère contre le ministre de la Sécurité intérieure d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, et la police israélienne sous son contrôle, ainsi que par une recrudescence des démolitions d’habitations, selon l’article.

Une liste de dangers
Les résultats les plus surprenants concernent la violence interne. Les habitants ont été invités à choisir parmi une liste de dangers : la situation politique, la guerre avec l’Iran, la stature mondiale d’Israël, la guerre à Gaza, la guerre dans le nord contre le Hezbollah soutenu par l’Iran, la menace nucléaire iranienne, la situation économique et les risques pour la santé.
Ventilée par communauté, la violence au sein de la société israélienne arrive en tête de la liste des neuf menaces possibles pour les Bédouins. Elle arrive en deuxième position pour les résidents des kibboutzim et des villes. Le système politique interne du pays est considéré comme la plus grande menace pour les résidents des kibboutzim, tandis que pour les citadins, c’est la guerre avec l’Iran.

Selon Adini, les personnes interrogées n’ont pas été invitées à préciser la nature de la violence qu’elles craignaient. Cependant, elle a noté que la violence au sein de la communauté arabe dans le sud d’Israël était une crainte connue des Bédouins et des Juifs vivant à proximité.
Les divisions sociales au sein de la société israélienne ont également conduit à des affrontements violents.
Adini a expliqué que, pour les kibboutznikkim, dont beaucoup sont de gauche, la situation politique constitue la plus grande menace, en raison de leur manque de confiance dans le gouvernement d’extrême droite et de la façon négative dont ils pensent que le gouvernement les perçoit.