Les Israéliens jettent 4,2 milliards de repas par an
La Journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire tente de sensibiliser le public pour changer le regard que nous portons sur la nourriture
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
La prochaine fois que vous mettrez à la poubelle des restes de nourriture de vos assiettes, pensez à ceci : Chaque année, les Israéliens jettent l’équivalent de quelque 4,2 milliards de repas à la poubelle alors que quelque 400 000 familles du pays n’ont pas assez à manger.
La moitié des aliments qui sont jetés sont parfaitement propres à la consommation humaine.
Lorsque nous les jetons, nous gaspillons en moyenne près de 800 euros par an et par famille, ce qui équivaut à peu près aux dépenses mensuelles d’un ménage pour la nourriture.
Et si les coûts sociaux et économiques ne sont pas suffisants pour vous secouer, considérez que lorsque cette nourriture arrive à la décharge, elle contribue à environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine dans le monde.
Alors, réfléchissez bien : Avez-vous acheté trop de nourriture ? Pouvez-vous conserver, congeler ou utiliser les restes pour un autre plat ? Pouvez-vous en donner à vos invités pour qu’ils les emportent chez eux ? Pouvez-vous donner des aliments achetés en magasin dont la durée de conservation est sur le point d’expirer ? Pouvez-vous simplement couper la partie molle du concombre et manger le reste ? Comment pouvez-vous mieux planifier vos achats afin d’avoir moins de déchets à l’avenir ?
Journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire
La vérité choquante sur le gaspillage alimentaire – dans lequel Israël n’est pas différent des autres nations occidentales – et les moyens de le réduire ont été expliqués à la fois en ligne et hors ligne à des centaines de milliers d’Israéliens jeudi, dans le cadre de la deuxième Journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire.
Des dizaines d’organisations locales, d’entreprises et de municipalités – parmi lesquelles Facebook Israël, la chaîne de cafés Aroma et la société de défense Elbit – ont soulevé la question auprès de leurs employés.
Le ministère de l’Education a demandé à toutes les écoles de consacrer une leçon à ce sujet et l’association des étudiants du Technion de Haïfa – Institut israélien de technologie – a fait passer le message à des milliers d’étudiants.
La campagne, qui vise à toucher deux millions de personnes cette année, est l’idée de la branche israélienne de The Natural Step, une organisation à but non lucratif qui se consacre à l’amélioration de la durabilité. L’organisation a choisi cette date, le 12 mars, pour attirer l’attention sur l’objectif de développement durable numéro 12.3 des Nations unies, qui appelle à réduire de moitié le gaspillage alimentaire mondial d’ici 2030.
Adopter un vilain légume
En Israël, quelque 2,5 millions de tonnes de nourriture d’une valeur d’environ 19,75 milliards de shekels (5 milliards d’euros) sont jetées chaque année, tout au long de la chaîne de production, selon les données recueillies par Leket – une organisation à but non lucratif qui récupère les surplus de nourriture saine et les distribue aux nécessiteux.
En supposant qu’un repas moyen pèse environ 600 grammes – qu’il s’agisse de viande, de pommes ou de beurre de cacahuète – ce gaspillage équivaut à environ 4,2 milliards de repas.
Les déchets comprennent 700 000 tonnes de fruits et légumes. Un tiers de ces déchets est déjà détruit par les agriculteurs, souvent parce qu’ils ont une forme ou une couleur bizarre et ne correspondent pas aux exigences esthétiques des détaillants. La destruction commence aux stades de la cueillette, du tri et du stockage, et se poursuit dans les usines de conditionnement et de transformation des aliments, les marchés de gros et les centres logistiques, les points de vente au détail et au domicile des consommateurs.
Ces fruits et légumes gaspillés pouvaient être utilisés pour des repas sains. Leur déversement entraîne également un gaspillage d’eau, d’engrais, de pesticides et des heures de travail investies dans leur culture.
Le secteur de la restauration rejette à lui seul l’équivalent de 65 millions de repas cuisinés par an, selon une étude de Leket. Dans ce cas, l’argent dépensé pour la culture des aliments doit être augmenté par les coûts de transport, de production, d’énergie, de pollution et autres.
L’équivalent d’environ cinq millions de ces repas est collecté et distribué aux nécessiteux par Leket et d’autres organisations plus petites. Mais il s’agit d’une goutte d’eau dans l’océan.
« 3 milliards de shekels permettraient de résoudre la précarité alimentaire, mais nous en gaspillons 20 milliards »
« Environ 1,8 million d’Israéliens, dont 800 000 enfants, sont en situation de précarité alimentaire, selon le Bituah Leumi, l’agence nationale de sécurité sociale d’Israël », déclare le PDG de Leket, Gidi Kroch.
« Environ 3 milliards de shekels (750 milliards d’euros) permettraient d’assurer que ces personnes soient correctement nourries. Et pourtant, en tant que pays, nous gaspillons 20 milliards de shekels par an, soit près de sept fois ce qui est nécessaire. Il s’agit d’une défaillance massive du marché qui nécessite l’intervention du gouvernement ».
Ces chiffres sont impardonnables en 2020, et dans un pays aussi petit qu’Israël où nous pouvons accéder à tous les endroits en une journée », a ajouté M. Kroch.
La branche israélienne de The Natural Step a passé trois ans à cartographier le système alimentaire en Israël pour identifier les zones les plus problématiques, les intérêts conflictuels et les possibilités de changement. Elle a rassemblé plus de 40 organisations du gouvernement, du monde des affaires, du monde universitaire, des organisations à but non lucratif, des organisations professionnelles et d’autres encore pour essayer de comprendre et d’analyser le problème dans le pays.
Ses recherches ont révélé la quantité de nourriture gaspillée tout au long de la chaîne de production : 13 % pendant la production agricole, 2 % pendant le transport, 30 % pendant la transformation des aliments, 5 % respectivement au stade de la vente au détail et de la restauration et 45 % à la maison.
Sa conclusion, selon Michal Bitterman, PDG et co-fondatrice de la branche israélienne, est que la principale cause de gaspillage est « la cécité… Quand nous changeons notre façon de voir les choses, les choses commencent à changer ».
5 statistics that show how unsustainable our lifestyles are
From food to forests.???? Read more: https://wef.ch/2KAcvzL/
Posted by World Economic Forum on Wednesday, January 15, 2020