Israël en guerre - Jour 376

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Les Juifs américains célèbrent Yom HaAtsmaout dans l’ombre de la guerre

Certaines communautés ont remplacé les festivités par des réunions sur les otages, l'importance d'un État juif démocratique et l'émergence de l'antisémitisme aux États-Unis

Deux hommes portant des drapeaux israéliens à New York, le 23 mai 2021. (Crédit : Ben Sales/JTA)
Deux hommes portant des drapeaux israéliens à New York, le 23 mai 2021. (Crédit : Ben Sales/JTA)

JTA– L’année dernière, la Congrégation Kol Ami de Seattle a pris la décision de renoncer aux festivités traditionnelle de Yom HaAtsmaout pour se concentrer sur l’agitation qui régnait alors dans le pays – un clin d’œil à ce que le rabbin Yohann Kinberg a décrit comme la « réalité émotionnelle de nombreux Israéliens ».

L’événement portait sur la refonte controversée du système judiciaire israélien, qui avait à l’époque suscité des protestations de masse et un débat à l’échelle mondiale. Un an plus tard, le calme est loin d’être revenu en Israël. Face à la crise des otages qui dure depuis sept mois et à la guerre contre le Hamas à Gaza, Kinberg a déclaré que Kol Ami avait une fois de plus opté pour une approche différente.

À l’instar de l’année dernière, la congrégation a décidé d’articuler sa cérémonie de Yom HaAtsmaout sur une célébration de la démocratie israélienne. Les participants devaient étudier la déclaration d’indépendance et chanter l’hymne national d’Israël.

« Mon espoir et mon intention dans le cadre de cette cérémonie, en plus de parler de la démocratie israélienne, est de pouvoir nous engager dans l’esprit de Yom HaAtsmaout », a expliqué Kinberg à la Jewish Telegraphic Agency. Il a ajouté que cette journée serait une opportunité d’œuvrer pour « donner vie au rêve de Theodor Herzl, le fondateur du sionisme moderne ».

Comme Kol Ami, de nombreuses congrégations et communautés à travers le pays se sont interrogées sur la manière de célébrer Yom HaAtsmaout cette année, qui a commencé lundi soir, alors que la guerre entre Israël et le Hamas bat son plein. Cette journée est généralement l’occasion de célébrer la fondation, la culture et les réalisations d’Israël, avec des repas, des chansons et de la danse. Mais cette année, face aux combats à Gaza, à la solennité en Israël et à la montée de l’antisémitisme dans le pays, de nombreuses cérémonies abordent de front les sentiments complexes du moment.

« Il est important de reconnaître la guerre et la montée de l’antisémitisme aux États-Unis, ainsi que la nécessité de soutenir le droit d’Israël à exister en tant qu’État juif démocratique », a déclaré Adam Hertzman, vice-président associé chargé du marketing de la Fédération juive de Pittsburgh.

La fédération de Hertzman organisera une marche pour Israël ainsi qu’un concert du groupe israélien HaShayara, dont les membres sont originaires du kibboutz Eshbal, dans le nord d’Israël, non loin de la zone frontalière qui est sous le feu des roquettes du Hezbollah depuis le 8 octobre. Les membres du groupe partageront leur expérience de la guerre.

Des personnes passant devant des photographies d’Israéliens toujours retenus en otage par des terroristes du Hamas à Gaza, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 14 mars 2024. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Jewish Silicon Valley (JSV), un groupe communautaire juif de la région de San Francisco, mettra également l’accent sur l’expérience des kibboutzim dans sa programmation de Yom HaAtsmaout, avec une attention particulière pour les communautés attaquées lors de l’invasion d’Israël par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre dernier.

Près de 1 200 personnes ont été assassinées lors de cette attaque transfrontalière massive, qui a déclenché la guerre en cours. Les 3 000 assaillants qui ont franchi la frontière et se sont livrés à un carnage dans le sud du pays ont également enlevé 252 personnes de tous âges et les ont emmenées en otage à Gaza. Israël a répondu à l’attaque du Hamas par une offensive militaire visant à détruire le Hamas, à faire tomber son régime à Gaza et à libérer les otages, dont 128 sont toujours en captivité.

Le JSV a marqué Yom HaHaZikaron, qui a été célébré dimanche soir et qui précède Yom HaAtsmaout, par une exposition créée par des élèves de huitième année sur les otages. Le programme se poursuivra ensuite par une célébration de Yom HaAtsmaout axée sur le rôle des kibboutzim – des collectifs agricoles socialisés – dans la société israélienne.

« Le thème des kibboutzim est lié au 7 octobre, car de nombreux kibboutzim ont été touchés », a expliqué Maya Tripp, directrice de la vie et de la culture juives de JSV, à la JTA. Tripp, qui est Israélienne, a précisé que le programme représentera « la dissonance entre le calme pastoral des kibboutzim et ce qui s’est passé le 7 octobre », date à laquelle de nombreux membres des kibboutzim frontaliers ont été assassinés ou pris en otage.

L’événement présentera certaines de ces communautés et présentera des informations sur les otages et sur la manière de plaider pour leur libération. Les participants prendront également part à un projet de fabrication de fleurs axées sur la fleur nationale d’Israël, l’anémone rouge, qui recouvre certaines parties du sud d’Israël, où les massacres ont eu lieu le 7 octobre.

M² : L’Institut pour l’éducation juive expérimentale a demandé au designer Eli Kaplan-Wildmann, basé à Jérusalem, de créer une série de cartes postales contenant des questions à débattre ainsi que des thèmes – présentés à la fois en anglais et en hébreu – tels que la perte, la peur et l’espoir. Au dos d’une carte représentant une assiette brisée figure le mot « Shatter » (briser) ainsi que la question suivante : « Quelle idée ou quel sentiment a volé en éclats pour vous ?

« L’un des messages est que là où il y a deuil, il y a aussi croissance », a expliqué Kaplan-Wildmann à la JTA. « Les cartes montrent une sorte de progression, qui commence par la rupture et se termine par la floraison ou l’épanouissement. »

Kaplan-Wildmann a expliqué qu’il était important de faire de la place à toutes les émotions que les gens peuvent ressentir et d’offrir un outil pédagogique qui puisse apporter une structure à ceux qui se sentent perdus.

« Les images valent mille mots », a-t-il déclaré. « Nous vivons une époque où nous avons à peine les mots pour décrire ce que nous ressentons ou pour assimiler les événements, et les images peuvent nous aider. »

L’événement Yom Haatzmaut 2023 de la Congrégation Kol Ami a donné lieu à une discussion sur la démocratie israélienne. (Crédit : Rabbin Yohann Kinberg/JTA)

Le monde entier célébrera Yom HaAtsmaout différemment cette année, notamment Israël où, selon un récent sondage, près d’un tiers des Israéliens estiment qu’il ne devrait pas y avoir de célébration cette année. En l’état, la cérémonie officielle du pays n’a pas inclus de feux d’artifice en raison de la guerre et des plaintes des vétérans de l’armée, chez qui les pétarades déclenchent des symptômes de stress post-traumatique (TSPT). Le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas assisté à certains des événements officiels de la fête, et certains Israéliens du nord du pays ont prévu de passer la journée à protester contre leur gouvernement.

Des manifestations anti-Israël pourraient également affecter le jour férié. Dans un cas au moins, à Ottawa, au Canada, le spectre des manifestations a conduit la ville à annuler initialement la cérémonie de lever du drapeau israélien, en invoquant des raisons de sécurité. Toutefois, face aux objections de la communauté juive locale qui a organisé son propre rassemblement, le maire est revenu sur sa décision.

En outre, en raison de la guerre, certaines organisations juives ont décidé de se concentrer sur les narratifs palestiniens et israéliens. Le mouvement Rebuilding Judaism a produit un ensemble de ressources pour la fête de cette année, notant que « dans la perspective de la poursuite de l’action militaire en Israël/Gaza, nous savons que ce jour peut sembler plus difficile que d’habitude ».

Outre les programmes traditionnels tels que la célébration de la nourriture et de la musique israéliennes, le guide propose plusieurs options qui s’écartent des célébrations classiques de Yom HaAtsmaout et attirent l’attention sur les perspectives palestiniennes. Le guide recommande aux congrégations de lire des livres « qui portent sur les récits et les histoires palestiniens », y compris des livres sur la Nakba, le terme désignant le déplacement massif de Palestiniens qui a accompagné la guerre d’Indépendance d’Israël en 1948. Le guide suggère également des moyens de « canaliser la tension » du conflit israélo-palestinien, en invitant par exemple des Israéliens et des Palestiniens à partager leurs expériences.

D’autres dirigeants et organisations juifs ont invité les communautés à surmonter leur envie de transformer la fête de cette année en un événement solennel. L’institut Shalom Hartman a publié un guide pour Yom HaZikaron et Yom HaAtsmaout dans lequel il encourage les communautés à « continuer à chanter la riche musique d’Israël ».

« Aussi difficile que cela puisse être cette année, faire une pause pour élever nos voix en chantant témoigne de notre détermination que des jours meilleurs nous attendent », ont écrit la femme rabbin Jessica Fisher, directrice de l’enrichissement rabbinique de l’organisation, et Sara Labaton, directrice de l’enseignement et de l’apprentissage de Hartman. « Les luttes du passé n’ont pas étouffé la musique de Yom HaAtsmaout et les événements de cette année ne devraient pas non plus l’étouffer. »

Les soldats de Tsahal forment le motif du ruban des otages lors de la cérémonie officielle de Yom HaAtsmaout, le 13 mai 2024. (Capture d’écran, utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Non loin de Kol Ami, certains groupes juifs et synagogues de Seattle ont organisé des célébrations traditionnelles et festives à l’occasion de Yom HaAtsmaout. Une autre congrégation locale, la synagogue De Hirsch Sinai, a organisé un débat sur l’antisionisme et l’antisémitisme. Selon Kinberg, l’éventail des activités proposées semble être le bon équilibre pour une fête compliquée à une époque difficile.

« La région de Seattle n’est pas un endroit où il est facile d’être Juif en ce moment », a expliqué Kinberg. « Je voulais donc veiller à ce qu’il y ait suffisamment d’options pour que les gens se sentent à l’aise, en sécurité et soutenus par leur communauté juive. »

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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