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« Les Juifs d’Allemagne en danger », dit le commissaire allemand à l’antisémitisme

Felix Klein a déclaré qu’il pouvait "comprendre si les Juifs quitt(aient) l’Allemagne" face à la menace antisémite

Felix Klein, commissaire allemand à l’antisémitisme, à Berlin, le 8 novembre 2022. (Crédit : Christian Marquardt/NurPhoto via Getty Images)
Felix Klein, commissaire allemand à l’antisémitisme, à Berlin, le 8 novembre 2022. (Crédit : Christian Marquardt/NurPhoto via Getty Images)

Felix Klein, commissaire allemand à l’antisémitisme, se dit préoccupé par la situation sécuritaire des Juifs en Allemagne. « Les Juifs d’Allemagne n’ont jamais été autant en danger depuis l’Holocauste », a-t-il déclaré ce week-end au quotidien régional Westdeutsche Allgemeine Zeitung.

L’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre a constitué « un tournant pour la sécurité des Juifs en Allemagne », a-t-il déclaré. Il décrit le Hamas comme une « organisation terroriste active, qui veut tuer autant de Juifs que possible et qui est ouvertement soutenue par une partie de la population ». « Nous devons craindre que le bras du Hamas s’étende jusqu’en Allemagne », a déclaré Klein.

Alors que les Juifs du pays font face à de « grands troubles », de nombreuses familles n’envoient plus leurs enfants à la maternelle, les clubs sportifs juifs reportent leurs entraînements et les magasins casher sont évités, a-t-il expliqué. Il a ajouté qu’il était évident que le nombre de crimes antisémites en Allemagne sera cette année « plus élevé que jamais ». Il a enfin déploré que la communauté juive d’Allemagne soit tenue « collectivement responsable de ce qui s’est passé en Israël et dans la bande de Gaza ». Felix Klein a ainsi indiqué qu’il pouvait « comprendre si les Juifs quitt(aient) l’Allemagne » face à cette menace.

Dans ce contexte, il réclame que le signalement des incidents antisémites dans les écoles allemandes soit obligatoire. Il veut aussi que les enseignants reçoivent systématiquement une formation à la lutte contre l’antisémitisme, quelle que soit la matière qu’ils enseignent.

Josef Schuster à la synagogue Rykestrasse, lors d’une commémoration de la Nuit de Cristal, le 9 novembre 2018. (Crédit : Tobias SCHWARZ / AFP)

Josef Schuster, président du Conseil central des Juifs d’Allemagne, plus grande organisation juive d’Allemagne, a lui aussi déclaré que, depuis l’attaque du Hamas contre Israël, il y avait eu une « intensification spectaculaire de l’antisémitisme dans les rues allemandes ».

Il a expliqué au Rheinische Post que les attaques contre les Juifs étaient « malheureusement devenues plus nombreuses » ces derniers temps. Il est « inquiétant de constater que l’antisémitisme est aujourd’hui plus visible que ces dernières années ». « La menace provient actuellement davantage du côté arabe que de la scène d’extrême droite en Allemagne », a-t-il ajouté.

Cependant, il « ne voit absolument pas » les Juifs quitter l’Allemagne. Bien que certains partent vers Israël pour des raisons religieuses, « ce n’est pas pour des raisons politiques – contrairement à la France, où il y a un exode évident des Juifs », a déclaré Schuster.

Selon une récente enquête du Conseil central des Juifs, une communauté sur trois dans le pays a rapporté des actes d’hostilités – des insultes, des menaces ou des graffitis injurieux. Plus de 200 000 Juifs vivent actuellement en Allemagne, et le pays compte une centaine de communautés juives. Le 18 octobre, des cocktails Molotov ont été jetés en direction d’une synagogue à Berlin. De nombreuses maisons ont également été taguées d’étoiles de David dans le pays.

Le 1er novembre, Robert Habeck, ministre allemand de l’Économie et vice chancelier, avait prononcé un discours remarqué en Allemagne et à l’étranger sur l’antisémitisme et le conflit israélo-palestinien.

Déplorant que « le débat public depuis l’attaque est échauffé, parfois embrouillé », il a déclaré que « la responsabilité de notre histoire signifie que les Juives et les Juifs peuvent vivre en Allemagne librement et sûrement, qu’ils ne doivent plus jamais avoir peur de montrer ouvertement leur culture et leur religion. C’est cette peur là qui est de retour ».

« J’ai rencontré récemment des membres de la communauté juive à Francfort. Dans une discussion intense et douloureuse, les représentants de la communauté m’ont raconté que leurs enfants ont peur d’aller à l’école, qu’ils ne vont plus au club de sport, qu’ils laissent à la maison, sur le conseil de leurs parents, leurs pendentifs ornés de l’étoile de David. Ici et maintenant, en Allemagne. Presque 80 ans après l’Holocauste. Ils racontent qu’ils n’osent même plus monter dans un taxi, qu’ils ne notent même plus l’adresse de l’expéditeur sur les lettres qu’ils envoient, pour protéger les destinataires. Ici et maintenant, en Allemagne. Presque 80 ans après l’Holocauste », a-t-il déploré. « Un ami juif m’a raconté sa peur, son désespoir complet, son sentiment de solitude. Les communautés juives demandent à leurs membres d’éviter certains lieux pour leur propre sécurité. Ici et maintenant, en Allemagne. Presque 80 ans après l’Holocauste. L’antisémitisme se montre dans des manifestations, il se montre dans des propos, il se montre dans des attaques sur des magasins juifs, dans des menaces. Alors qu’il y a vite de grandes vagues de solidarité, comme lorsque des agressions racistes ont lieu, la solidarité envers Israël est vite fragile. On dit alors que le contexte est compliqué. La contextualisation ne peut pas devenir une justification. Il y a certainement souvent trop d’indignation dans notre culture du débat. Mais ici nous ne pouvons pas trop nous indigner. Il faut maintenant de la clarté, pas de faux-semblants. La clarté, cela signifie ne tolérer l’antisémitisme sous aucune forme, aucune. »

Dénonçant la « dimension inacceptable des manifestations islamistes à Berlin et dans d’autres villes d’Allemagne », il a appelé à une « réponse politique, y compris des associations musulmanes. Certaines se sont déjà clairement distancées des actions du Hamas et de l’antisémitisme, et ont recherché le dialogue. Mais pas toutes, certaines de façon trop hésitante, et, je trouve en général, trop peu d’entre elles. Les musulmans qui vivent ici ont le droit à une protection contre la violence d’extrême droite. Quand ils sont attaqués ce droit doit être mis en œuvre, et ils doivent maintenant appliquer le même droit, lorsque des Juifs et des Juives sont attaqués. Et ils doivent prendre leurs distances de manière claire et nette avec l’antisémitisme pour ne pas saper leur propre droit à la tolérance. L’intolérance religieuse n’a pas sa place en Allemagne ».

« Qui vit ici, vit selon les règles de ce pays. Et qui vient ici doit savoir qu’il en est ainsi et que ce sera appliqué ainsi. Notre loi fondamentale protège et donne des droits, elle édicte des devoirs, qui doivent être remplis par chacun et chacune. On ne peut pas séparer l’un de l’autre. La tolérance ne peut pas accepter l’intolérance. C’est le cœur de notre vivre-ensemble dans cette république. Cela signifie : brûler des drapeaux israéliens est un délit ; l’apologie de la terreur du Hamas aussi. Ceux qui sont Allemands en répondront devant un tribunal, ceux qui ne sont pas Allemands risquent en outre leur titre de séjour. Celui qui n’a pas de titre de séjour donne ainsi une raison pour son expulsion. »

Il a affirmé que « l’antisémitisme islamiste ne doit pas non plus nous faire oublier que nous avons en Allemagne un antisémitisme endurci : l’extrême droite se tient en retrait pour des raisons purement tactiques, pour pouvoir attiser la haine contre les musulmans. La relativisation de la Seconde Guerre mondiale, du régime nazi comme ‘une merde de mouche’ n’est pas qu’une relativisation de l’Holocauste, c’est un coup au visage des victimes et des survivants. Tous ceux qui écoutent peuvent et doivent le savoir. La Seconde Guerre mondiale était une guerre d’extermination contre les Juifs ; pour le régime nazi, l’extermination des Juifs d’Europe fut toujours un objectif principal. Et parce que parmi l’extrême-droite on trouve tant d’amis de Poutine : Poutine se fait photographier avec des représentants du Hamas et du gouvernement iranien et déplore les victimes civiles de la bande de Gaza pendant qu’il fait des victimes civiles en Ukraine. Et ses amis en Allemagne ne sont certainement pas des amis des Juives et des Juifs ».

Il a aussi dit s’inquiéter « de l’antisémitisme chez une partie de la gauche, et malheureusement aussi chez de jeunes activistes. L’anticolonialisme ne peut pas conduire à l’antisémitisme. Ainsi cette partie de la gauche devrait revoir ses arguments et se méfier des grands récits de résistance. L’argument des ‘deux côtés’ induit en erreur. Le Hamas est un groupe terroriste meurtrier, qui combat pour la destruction de l’État d’Israël et la mort de tous les Juifs ».

Dans son intervention, il a souligné que la sécurité d’Israël était « nécessaire » pour l’Allemagne en tant qu’État. « Cette relation particulière avec Israël provient de notre responsabilité historique : c’est la génération de mes grands-parents qui chercha à exterminer la vie juive en Allemagne et en Europe. La fondation d’Israël eut lieu ensuite, après l’Holocauste une promesse de protection fut faite aux Juifs et aux Juives — et l’Allemagne a l’obligation d’aider à faire en sorte que cette promesse soit remplie. C’est un fondement historique de cette république », avait-il expliqué.

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