Les LGBT de Tel Aviv réalisent une carte des sites à ne pas manquer avant le défilé
La vie dans le centre culturel du pays offre depuis des décennies une bulle de sécurité pour la communauté gay
Pour Shai Doitsh, président de l’Aguda, le Groupe de travail national des LGBT d’Israël, presque chaque rue de Tel Aviv fait partie de l’histoire gay et lesbienne du pays.
Et cela ne prend même pas en compte la plage de l’Hotel Hilton, l’un des lieux de rencontre LGBT, où la ville concentrera une partie de ses célébrations pour la neuvième Parade de la Gay Pride qui aura lieu ce vendredi 3 juin.
Il y a le boulevard Rothschild, une rue large, coupée en deux par un parc qui traverse la ville du nord au sud et accueille tant de bars gays à son extrémité sud qu’il est « presque bizarre de voir des couples hétéro s’embrasser la nuit », a déclaré Doitsh.
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Shenkin Park, une petite aire de jeux en ciment au milieu d’une rue commerçante, était autrefois le site du « placard », une structure temporaire mise en place un vendredi à la fin des années 1990 pour permettre aux gens de « sortir du placard ».
Et le 28 de la rue Nachamani, un petit immeuble un peu délabré, qui en 1975 est devenu le foyer de l’Aguda, le Groupe de travail national LGBT d’Israël, où jusqu’en 2009 étaient organisés des dîners du shabbat gay-friendly, des fêtes et des réunions jusqu’à ce qu’une fusillade ayant fait deux morts n’en modifie l’aspect et l’atmosphère pour la communauté gay en Israël.
« Vous ne pouvez pas imaginer le courage qu’ils avaient », a déclaré Doitsh à propos des six hommes et femmes qui ont décidé « d’émerger du sous-sol » et mis en place cette première association LGBT. « Ils n’avaient qu’une seule mission, qui était joliment naïve : changer la loi israélienne et légaliser les homosexuels ».
Doitsh, président de l’Aguda depuis 2012, a joué le rôle de guide, ce matin, auprès d’un groupe de journalistes visitant les sites de la Gay Pride à Tel Aviv, avant la Parade du vendredi 3 juin.
La ville, a expliqué Doitsh, a toujours eu une population gay forte, qui a augmenté pour s’établir à environ 25 % des 420 000 habitants.
Mais en 1948, lorsque l’état a été établi, a rappelé Doitsh, debout sur le boulevard Rothschild devant le Hall de l’indépendance, le pays avait repris nombre des lois du pré-Etat britanniques, y compris celle interdisant l’homosexualité.
Rien n’a changé ce statut pendant près de trente ans, a noté Doitsh, dirigeant le groupe sur le boulevard Rothschild et tournant à gauche sur Nachmani, jusqu’à ce que le groupe de six rejoigne l’Aguda.
Les membres du conseil d’administration de l’association avaient pris pour habitude de signer les documents de leurs seules initiales dans le but de dissimuler leur identité. Et alors que leur mission était de changer la loi, ils se sont concentrés d’abord sur la création d’une communauté, organisant des dîners pour le shabbat ou pour les fêtes religieuses ainsi que des soirées gay.
« En 1975, ils n’y avait pas de fêtes ou d’applications ou Grindr », a rappelé Doitsh, se référant à l’application de réseautage populaire pour les hommes gais et bisexuels. « On ne pouvait rien organiser pour les gays dans les restaurants ou les clubs ».
Cela a pris du temps, de la patience et il a fallu passer à travers des vides juridiques pour que la communauté LGBT israélienne parvienne à obtenir un statut légal, a déclaré Doitsh, essayant d’expliquer le jargon juridique compliqué qui est finalement parvenu à faire changer la loi.
Même lorsque la loi a été modifiée, les Israéliens gays n’étaient pas complètement acceptés dans la société, bien que « vivre à Tel Aviv soit considéré comme le paradis », a-t-il ajouté. « C’était comme une bulle ».
C’est la fusillade de 2009 à l’Aguda qui a changé l’attitude de la société envers la communauté gay, dit Doitsh. À l’époque, les membres de l’Aguda ont défilé dans le centre-ville, accompagnés du Premier ministre et du président, venus pour offrir leurs condoléances.
Avant 2009, cependant, d’autres changements ont eu lieu. Doitsh a parlé des décisions prises dans les Forces de défense israéliennes au milieu des années 1990, permettant à quiconque de tout genre de servir de manière égale dans n’importe quelle position de l’armée, un mouvement « d’égalisation » pour la communauté gay.
L’Eurovision 1998, lorsque la chanteuse transsexuelle Dana International a remporté le concours pour Israël, fut un autre moment de l’acceptation de la communauté gay, a expliqué Doitsh.
L’Eurovision a également été un autre tournant pour Tel-Aviv, a-t-il dit, lorsque la communauté LGBT entière de Tel-Aviv a convergé vers la fontaine de la place Rabin – le site de nombreux rassemblements politiques et sociaux – les fans de football du Beitar Jerusalem, connus pour leurs attitudes machistes, étaient également venus célébrer une victoire au même endroit et se sont retrouvés entourés par des hordes d’hommes gays.
« Cette nuit-là était une nuit d’acceptation par le noyau dur », a déclaré Doitsh.
« Maintenant, on parle de reconnaissance », a-t-il poursuivi, alors qu’il conduisait le groupe à Gan Meir, un parc du centre-ville nommé après le premier maire de la ville, Meir Dizengoff, mais désormais appelé le « Gay Garden » car il accueille le Centre Gay, un centre communautaire.
Le Centre Gay organise des activités pour les LGBT et les communautés locales hétéros, depuis des cours de ballet jusqu’à des groupes de lecture, avec un café à l’entrée servant expressos et cafés glacés.
Mercredi soir avant la Parade de vendredi, le groupe de journalistes avait l’intention de voir Wigstock Tel Aviv, une performance de dragqueens de chansons de l’Eurovision, à Gan Meir.
Juste à l’extérieur du centre, on trouve une autre première, un mémorial placé en 2013 en hommage aux victimes homosexuelles de l’Holocauste. C’est un triangle de béton rose, rappelant les badges triangulaires que les nazis forçaient les homosexuels à porter.
Avoir un mémorial pour les homosexuels victimes de l’Holocauste est important, a déclaré Doitsh.
« Nous commençons à nous sentir libre de parler des LGBT dans l’Holocauste », a-t-il déclaré, un sujet autrefois tabou.
« Nous ne devons plus choisir entre juif ou gay, nous avons enseigné à la société que nous pouvons être les deux ».
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