Les magistrats de Taïwan étendent leur enquête sur les explosions de bipeurs
Aucun suspect n'a été nommé et des questions subsistent quant à l'origine des appareils qui ont explosé, et fait 39 morts et des milliers de blessés
Les enquêteurs de Taïwan ont interrogé lundi deux autres employés de l’entreprise Gold Apollo dans le cadre de l’affaire sur la livraison d’appareils de communication dotés d’explosifs au groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
Des centaines de bipeurs et talkies-walkies utilisés par le Hezbollah, soutenu par l’Iran et allié du groupe terroriste palestinien du Hamas, ont explosé mardi et mercredi derniers à travers le Liban lors d’une attaque sans précédent ayant fait au moins 39 morts et près de 3 000 blessés.
L’origine des bipeurs n’a toujours pas pu être déterminée à ce stade.
« Les deux hommes ont contribué à clarifier l’affaire qui fait l’objet d’une enquête approfondie », a indiqué lundi le bureau du procureur de Taïwan dans un communiqué.
« Aujourd’hui, il a été également ordonné à la division de la Sécurité nationale […] d’interroger d’anciens ou actuels employés de [Gold Apollo] comme témoins », a ajouté le bureau du procureur du district de Shilin à Taipei, où est basée la société.
Deux autres représentants de sociétés taïwanaises avaient déjà été auditionnés vendredi à Taïwan.
Selon le New York Times, Israël avait inséré des matières explosives dans une cargaison de bipeurs de la compagnie Gold Apollo de Taïwan, citant des responsables américains et d’autres responsables anonymes.
Mais Gold Apollo avait pointé du doigt son partenaire hongrois BAC Consulting KFT, qui est autorisé à utiliser sa marque. « Ce ne sont pas nos produits (…) du début à la fin », a affirmé mercredi son directeur, Hsu Ching-kuang, à des journalistes à Taipei.
De son côté, le gouvernement hongrois a assuré que BAC Consulting KFT était « un intermédiaire commercial, sans site de production ou opérationnel en Hongrie ».
Jeudi, des journalistes de l’AFP avaient vu Hsu pénétrer dans les locaux des enquêteurs en compagnie d’une femme. Des médias locaux l’ont identifiée comme étant la représentante d’une société basée à Taipei, Apollo Systems, liée à BAC Consulting KFT.
Le parquet de Taïwan, qui n’a pas dévoilé d’identités, a dit vendredi prendre l’affaire « très au sérieux ».
« Nous clarifierons les faits dès que possible, notamment en ce qui concerne l’implication ou non d’entreprises taïwanaises », a souligné le bureau du procureur.
Il a également indiqué que quatre sites avaient été perquisitionnés, notamment dans les districts de Xizhi et de Neihu, à Taipei. Le siège de Gold Apollo est situé dans le premier et celui d’Apollo Systems dans le second, selon le registre du commerce
Les médias taïwanais ont identifié Wu Yu-jen, un représentant de Gold Systems – qui serait lié à BAC Consulting KFT – comme une autre personne interrogée la semaine dernière.
Le ministre de l’Économie de l’île s’est dit « certain » que les bipeurs qui ont explosé au Liban n’étaient « pas produits à Taiwan ».
Selon les experts, il est peu probable que les piles des bipeurs aient explosé. Les explosifs ont probablement été insérés dans les appareils avant qu’ils ne parviennent au groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, puis activés à distance.