Les médias haredim minimisent les accusations d’agression sexuelle contre Walder
Les médias ultra-orthodoxes ne mentionnent pas un éventuel suicide après que l'auteur s'est apparemment donné la mort, et ils soulignent ses contributions à la communauté
Plusieurs médias ultra-orthodoxes ont relativisé les accusations d’agression sexuelle qui avaient été lancées contre l’auteur haredi Chaim Walder, qui écrivait des livres pour enfants, après sa mort. Il se serait suicidé lundi.
Walder était un pilier de l’éducation ultra-orthodoxe en Israël et il avait écrit des dizaines de livres pour enfants qui ornent aujourd’hui les rayonnages des bibliothèques de la plupart des foyers de la communauté. Il se serait donné la mort à Petah Tikva, lundi, à l’aide d’une arme à feu suite à de nouvelles accusations de violences sexuelles – il avait déjà été mis en cause par plusieurs femmes dans le passé.
Les médias ultra-orthodoxes ont largement évité de mentionner ces accusations et ils n’ont pas évoqué non plus son suicide dans leurs éloges funèbres, lundi.
Le site d’information Behadrei Haredim a parlé de Walder, « un écrivain reconnu et un homme d’éducation », soulignant les camps d’été dont il avait été à l’origine. Le site a évité d’aborder la question des accusations d’agression sexuelle ou de son suicide.
La Une du site d’information Haredim10 a pour sa part rendu hommage « à l’homme qui a influencé une génération toute entière d’enfants ». La plus grande partie de l’article a été consacré à son démenti ferme des accusations qui avaient été lancées à son encontre et au travail qu’il avait réalisé dans sa communauté.
Il a par ailleurs noté que « le tragique incident » de sa mort était survenu après un article paru dans Haaretz, qui avait accusé Walder de « méfaits graves présumés ».
Le site ultra-orthodoxe Kikar Hashabbat a mentionné les allégations à la fin de son éloge funèbre.

Il y a plusieurs semaines, Walder avait été suspendu d’un programme, à la radio, dont il était l’animateur en raison « de preuves d’un comportement indécent », dit ainsi l’article.
Walder « avait nié avec emphase ce qui lui avait été reproché », continue l’article qui n’évoque pas de suicide.
Sur les réseaux sociaux, certains s’en sont pris avec colère au journaliste de Haaretz Aaron Rabinowitz, dont l’article avait révélé les accusations lancées à l’encontre de Walder.
« Qui a donc fait de vous un juge, un jury, un bourreau ? », lui demande ainsi une personne.
Une autre jure que « Walder se vengera de là où il est. Il y a la loi et il y a un juge… Le journalisme tue, la Torah pardonne ceux qui se repentent. Aujourd’hui, il n’a plus rien à se reprocher ».
Le site d’information Kipa, pour sa part, a cité les propos du célèbre rabbin sioniste-religieux David Stav qui avait déclaré au journal que la communauté ultra-orthodoxe devait publier les accusations contre Walder pour empêcher, si possible, d’autres agressions et ce, malgré les craintes portant sur un éventuel suicide.
Walder a été retrouvé mort, lundi, dans un cimetière de Petah Tikva, près de la tombe de son fils décédé il y a plusieurs années des suites d’un cancer. La police avait annoncé que le corps sans vie d’un homme avait été retrouvé dans le cimetière juste avant 13 heures, blessé mortellement à la tête. C’est un passant qui avait entendu le coup de feu qui avait alerté les autorités.

Walder avait antérieurement menacé de se suicider en raison de la révélation des accusations lancées à son encontre.
Auteur de 80 livres, Walder, qui était âgé de 53 ans, avait quitté sa maison, lundi matin, après être resté enfermé pendant des jours. Sa famille avait tiré la sonnette d’alarme, inquiète pour sa sécurité.
Il avait été accusé, le mois dernier, par trois femmes qui avaient dit avoir été agressées sexuellement quand elles étaient respectivement âgées de 12, 15 et 20 ans. Ces accusations avaient été publiées dans le journal Haaretz et suite à la parution de l’article, plusieurs autres femmes de la communauté ultra-orthodoxe avaient raconté des histoires similaires au sujet de Walder sur les réseaux sociaux.
Connu comme éducateur et thérapeute au sein de la communauté haredi, Walder aurait abusé de sa popularité et de son statut pour commettre ces actes.
Dimanche, un tribunal rabbinique privé en charge d’affaires d’abus sexuels au sein de la communauté avait fait savoir qu’il avait recueilli les témoignages de 22 personnes – notamment de jeunes garçons et de jeunes filles – qui auraient affirmé avoir été agressées alors qu’elles avaient été confiées à Walder pour une thérapie, ce qui avait considérablement élargi le spectre des accusations le visant.
Le grand-rabbin de Safed, Shmuel Eliyahu, président de ce tribunal, avait écrit sur Facebook, dimanche, que la cour avait reconnu Walder coupable de ces accusations même si l’écrivain n’avait pas témoigné lui-même lors de la session.
Walder avait annoncé, le mois dernier, qu’il allait se retirer de la vie publique pour blanchir sa réputation. Une annonce qui avait été faite après l’avertissement lancé par le journal ultra-orthodoxe Yated Neeman, dont Walder était un contributeur, qui avait fait savoir à l’écrivain qu’il serait renvoyé s’il ne se mettait pas de lui-même en disponibilité.
Un certain nombre de groupes ultra-orthodoxes avaient rompu les liens avec Walder, qui habitait Bnei Brak. Il avait quitté son travail sur la chaîne de radio ultra-orthodoxe Radio Kol Chai et le magazine pour enfants Otiyot avait fait savoir qu’il ne publierait plus ses histoires.
Les livres de Walder avaient également disparu des rayonnages de la chaîne de supermarchés Osher Ad et de la librairie juive Eichler’s Judaica à Borough Park, à Brooklyn.