Les parents de Hersh Goldberg-Polin parlent de Pessah alors que leur fils est captif
Rachel Goldberg et Jon Polin expliquent comment l'attaque iranienne a permis à l'État juif de se rapprocher de ses alliés, alors que le sentiment anti-Israël grandit aux États-Unis
C’est la veille de Pessah, et pour Rachel Goldberg et Jon Polin, s’ils n’avaient qu’un souhait à formuler pour cette fête, ce serait que leur fils Hersh Goldberg-Polin, qui est retenu en otage aux mains du Hamas et de ses complices, soit libéré.
En l’absence d’une telle possibilité, Goldberg dit qu’elle préférerait ne pas célébrer la fête cette année.
« Je ne veux même pas y participer », a-t-elle déclaré. « Il y a quelque chose de pervers à assister à une fête célébrant un affranchissement d’esclavage alors que notre fils unique n’est pas libre et qu’il vit la pire forme de captivité que chacun d’entre nous puisse imaginer. C’est totalement inapproprié. »
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Hersh Goldberg-Polin, 23 ans, participait à la rave Supernova dans le désert le 7 octobre, et faisait la fête avec des amis lors de l’attaque lancée par le groupe terroriste palestinien du Hamas. Lui et ses amis ont tenté de fuir, et se sont réfugiés dans un abri anti-bombes avec une vingtaine d’autres personnes.
Aner Shapira, le meilleur ami de Goldberg-Polin, montait la garde à l’entrée de l’abri et a attrapé et renvoyé les grenades jetées par les terroristes, jusqu’à ce que la huitième grenade lui explose dans les mains et ne le tue.
Goldberg-Polin a eu le bras gauche arraché à partir du coude et, c’est avec un garrot ensanglanté enroulé à la hâte autour de sa blessure, qu’il a été poussé avec deux autres personnes dans une camionnette du Hamas pour être emmené dans la bande de Gaza.
Depuis ce matin-là, où Hersh a envoyé deux SMS à sa mère, « Je t’aime » et « Je suis désolé », ses parents n’ont eu de cesse d’essayer de ramener leur fils à la maison.
Cette semaine, s’adressant au Times of Israel aux côtés de son mari, Goldberg a indiqué que le Seder de cette année comporterait plus de quatre questions.
« Je pense que la cinquième question que tout le monde devrait se poser est la suivante : ‘Pourquoi y a-t-il des absents ?' »
Goldberg a été nommée en début de semaine dans la liste des 100 personnalités les plus influentes par le magazine Time. Le couple s’est récemment entretenu avec des membres de l’administration américaine et avec des élus, et a été interviewé par les principaux organes de presse des États-Unis.
Ce genre de voyage éclair fait partie de leur routine depuis six mois, le couple passant chaque minute de chaque jour à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ramener leur fils à la maison.
« Le Congrès a été incroyablement généreux, ouvert et serviable à notre égard », a indiqué Goldberg. « Jon dit que, ‘sur une échelle de 1 à 10, ils méritent un 16’. Mais malheureusement, au bout du compte, il s’agit d’une situation binaire. Et s’il n’est pas à la maison, c’est que nous avons échoué. Quand je dis ‘nous’, j’inclus toutes les personnes impliquées, y compris nous-mêmes. »
Lors du dernier séjour de Polin et Goldberg à Washington, un accord sur les otages était en cours de négociation, mais il a été rejeté par le Hamas. Pour Polin, cette dernière proposition était l’occasion pour le Hamas d’accepter un cessez-le-feu et de mettre fin aux souffrances des habitants de Gaza.
« Nous espérions qu’ils feraient un pas, et nous continuons à l’espérer », a affirmé Polin. « Nous pensons qu’il s’agit là d’une réelle opportunité. »
Ils ont tous deux évoqué le changement palpable dans l’attitude des États-Unis, un ton qui a été ressenti comme plus agressivement anti-Israël ces dernières semaines et mois.
« Nous avons insisté auprès des États-Unis sur la nécessité de ne pas céder complètement aux voix très fortes de la gauche libérale. Ne dissociez pas le cessez-le-feu, quel qu’il soit, de la libération des otages », a expliqué Polin.
Peu après leur retour à Jérusalem, l’Iran a lancé tôt dimanche matin quelque 300 roquettes et missiles en direction d’Israël, un moment qui a peut-être tout changé, selon Polin.
Alors qu’ils se précipitaient dans l’abri anti-bombes aux premières heures de dimanche, Goldberg a remarqué qu’elle ne ressentait aucune peur.
« Je pense que lorsque vous vivez avec un sentiment de terreur totale depuis si longtemps, ce n’était vraiment pas effrayant », a-t-elle expliqué. Goldberg dit avoir entendu le bruit des missiles interceptés par le Dôme de fer, « mais nous n’avons même pas ressenti une once de peur. Je pense que j’ai dépassé le stade de la peur », a-t-elle déclaré. « Ma chute dans le vide dure depuis si longtemps. »
Lors d’un entretien en début de semaine, Polin a exprimé l’espoir qu’Israël saisisse l’occasion de renforcer sa position avec le soutien de ses alliés contre une attaque potentielle de l’Iran.
« C’est une occasion, après nous être sentis isolés et avoir compté principalement sur l’aide des États-Unis, nous avons reçu samedi soir une assistance en matière de défense de la part de plusieurs pays », a expliqué Polin.
Il a suggéré qu’Israël profite de cette occasion, alors que le pays bénéficie du soutien de la communauté internationale qui ne souhaite pas d’escalade militaire, pour faire savoir que si les otages étaient libérés dans les prochains jours, Israël ne riposterait pas [à l’attaque iranienne].
« Libérer 133 otages est le meilleur moyen de désamorcer les tensions dans cette région », a ajouté Polin. « Profitons donc du soutien international dont nous bénéficions en ce moment. Gardons-le. Exploitons-le. »
Depuis l’attaque iranienne, Polin et Goldberg, ainsi que leur groupe d’amis, de parents et de bénévoles, ont contacté des membres du Congrès et de l’administration afin de créer une coalition et de faire baisser les tensions qui ont englouti une grande partie de la région.
Depuis le début, ils font la même chose à la Knesset, dit Goldberg, « en organisant des réunions avec des politiciens qui sont les porte-parole et les décideurs du gouvernement israélien ».
Pourtant, bien que le couple d’origine américaine et ses trois enfants vivent en Israël depuis 15 ans, Goldberg et Polin constatent qu’il est parfois plus difficile de communiquer avec les politiciens et les dirigeants israéliens qu’avec l’administration américaine.
Selon Goldberg, c’est parce qu’il y a 133 familles d’otages en Israël, toutes confrontées au problème des otages, contre seulement huit Américains détenus, dont trois ne sont plus en vie.
« L’accès est plus facile parce qu’il y a moins de demandes », a précisé Goldberg.
Lorsqu’ils se rendent à la Knesset, ils apportent souvent une photo de Hersh et parlent de son enfance, des écoles qu’il a fréquentées, de ses passions et de ses rêves.
« Nous essayons de décrire le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui », a-t-elle déclaré. « Nous ne leur demandons rien d’autre que de nous regarder dans les yeux, de partager notre histoire et d’essayer de comprendre qui nous sommes et qui est Hersh. »
Quant à Pessah cette année, ils disent qu’ils préfèrent s’en passer, explique Polin, même si des milliers de sympathisants leur demandent des conseils sur ce qu’il faut mettre sur le plat du seder, ce qu’il faut faire, dire ou ajouter à la cérémonie de lundi soir célébrant l’exode du peuple hébreu d’Égypte, son passage de l’esclavage à la liberté.
« Ce n’est pas que nous ne sachions pas quoi faire, c’est que nous ne voulons pas nous plonger dans les aspects créatifs parce que c’est écœurant », confie Goldberg. « Nous prions donc pour une résolution rapide, comme on dit dans certains milieux, pour que Hersh rentre à la maison et que nous puissions ne plus nous en soucier. »
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