Les parents de l’enfant juive de 12 ans violée à Courbevoie se confient
"Il y a un mimétisme entre les actes perpétrés par les terroristes du Hamas et ce que notre fille a subi", dénoncent-ils
Les parents de l’adolescente juive de 12 ans violée à Courbevoie le 15 juin ont pris la parole pour la première fois, lundi 24 juin, sur TF1.
« Elle a des flash-back. Nous sommes horrifiés des actes abominables qui ont été perpétrés sur notre fille, on a l’impression qu’on lui a volé son enfance », a dit son père. L’homme s’exprimait sous anonymat, avec son visage dissimulé et sa voix modifiée.
Mardi 18 juin, deux adolescents de 13 ans ont été mis en examen dans cette affaire pour viol en réunion, menaces de mort, injures et violences antisémites. Un troisième mineur, âgé de 12 ans, a lui été placé sous le statut de témoin assisté pour les faits de viol, et mis en examen pour les autres faits.
Les parents ont expliqué que la jeune fille avait été victime d’un « guet-apens ». « Je ne vois pas comment un garçon qui n’habite pas du tout la ville se retrouve dans le square » près de l’appartement familial, a déclaré la mère.
L’avocate Muriel Ouaknine-Melki, qui représente la jeune fille et sa famille, a elle dénoncé dans Le Point une « expédition punitive ». Elle a déclaré que les trois adolescents étaient « venus au pied de son immeuble, en bas de chez elle, pour la punir de ne pas avoir dit qu’elle était Juive ».
L’adolescente avait dit aux enquêteurs avoir été traitée de « sale Juive ». Les trois garçons l’auraient « accusée d’être un soutien d’Israël et d’être contre la Palestine ». « C’est toute la société qui est malade, c’est toute la société qui doit contribuer à ce que l’on guérisse », a déclaré sa mère.
« Notre fille a vécu l’antisémitisme dans sa chair », ont ajouté ses parents auprès du Parisien. Ils disent qu’elle a subi, après les attaques du 7 octobre, « un harcèlement dans son collège et une mise à l’écart du fait de sa religion. Cela a commencé dans le courant du mois de novembre par des saluts nazis, des croix gammées sur les tables à l’école ou des blagues sur la Shoah ».
Selon son père, son viol est un « acte clairement antisémite qui est lié à l’importation en France du conflit israélo-palestinien. L’expédition punitive consistait à venir massacrer une personne parce qu’elle est Juive ». « Un amalgame s’est opéré dans une partie de l’opinion entre Israël, vu comme l’agresseur du peuple palestinien, et les Français juifs montrés du doigt. »
Le père de l’adolescente était parti à sa recherche en fin d’après-midi, et raconte avoir fini par découvrir sa fille désorientée, en larmes, dans l’entrée de leur immeuble : « Elle m’a tout de suite dit : ‘Papa, j’ai été violée. Ils m’ont tout fait. Je n’ai rien le droit de te dire, ils m’ont fait jurer de ne rien dire, sinon ils me tueraient. Ils m’ont menacée de mort et m’ont dit qu’ils vous feraient du mal à vous aussi.’ »
« Notre fille a été saisie de force puis conduite contre sa volonté dans un local désaffecté […], elle a été menacée à l’aide d’un briquet, puis elle a subi des actes sexuels affreux tout en étant filmée. Il y avait de la part de ses agresseurs l’envie très claire de la détruire », a-t-il ajouté, dressant un parallèle entre ces faits et les attentats du Hamas. « Il y a un mimétisme entre les actes perpétrés par les terroristes du Hamas et ce que notre fille a subi. » Le Hamas a utilisé le viol comme arme de guerre et avait fourni des caméras à ses membres qui ont perpétré le pogrom du 7 octobre.
La mère a aussi affirmé que les Juifs français ne connaissaient pas « un antisémitisme résiduel [comme l’a pretendu Jean-Luc Mélenchon], mais plutôt un antisémitisme lourd, visible et palpable ».
Les parents dénoncent ainsi « la faillite collective de notre société qui se révèle incapable de lutter contre cet islamisme radical qui gangrène même l’esprit des enfants jusque dans ses formes les plus extrêmes ».
Selon l’avocate de la famille, deux des jeunes agresseurs mis en cause « sont imprégnés d’un islam en lien direct avec ce que l’on peut trouver sur les sites radicaux ».
Des plaintes ont par ailleurs été déposées pour menaces, harcèlement et diffusion d’éléments permettant d’identifier les trois mineurs mis en cause dans ce viol, a indiqué mardi le parquet de Nanterre, sollicité par l’AFP.
La Brigade de répression de la délinquance « a été saisie de plusieurs plaintes et signalements dans le cadre d’enquêtes ouvertes notamment pour diffusion d’éléments d’identification des mineurs mis en cause sur les réseaux sociaux et pour violation du secret de l’enquête », a précisé le parquet.
Le parquet a aussi reçu des plaintes et signalements « pour harcèlement et menaces à l’encontre des trois mis en examen et de leur entourage », confiés à différents services de la Direction territoriale de la sécurité de proximité (DTSP) du département.