Les planificateurs se penchent sur la reconstruction du sud du pays
Architectes, fonctionnaires, écologistes, scientifiques et autres envisagent les moyens de reconstruire la région dévastée, mais doutent de la capacité de tous ces acteurs à coopérer
Comment réhabiliter une région dont les communautés pastorales très unies ont été décimées par une attaque terroriste au cours de laquelle les maisons et les bâtiments ont été réduits en ruines, les habitants ont été dispersés aux quatre coins du pays et des pans entiers des terres arables de la nation ont été laissés en jachère ?
Comment, non seulement reconstruire, mais aussi faire prospérer, en reconstituant et en développant les éléments qui ont fait de la région l’une des parties du pays à la croissance la plus rapide, malgré des dizaines d’années marquées par les tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza toute proche ?
Les tombes des 1 200 victimes du massacre du 7 octobre sont encore fraîches, plus de la moitié des quelque 250 otages enlevés ce jour-là sont encore captifs à Gaza et les bruits des combats à l’intérieur de l’enclave palestinienne résonnent encore dans le paysage, mais les planificateurs réfléchissent déjà à la meilleure façon d’aller de l’avant.
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La semaine dernière, Shahar Solar, directeur général adjoint de la planification stratégique au sein de l’administration de la planification du ministère de l’Intérieur, a organisé la première d’une série de réunions destinées à examiner les moyens nécessaires à la reconstruction de la région frontalière de Gaza, en grande partie dévastée par l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre dernier.
La rencontre, qui s’est tenue dans la petite ville de Mabuim, juste à l’extérieur de la zone la plus touchée, avait pour but de déterminer qui serait impliqué et de discuter des idées, a expliqué Solar.
Des urbanistes, des architectes, des chercheurs, des représentants des autorités locales, des experts en environnement et un lieutenant-colonel de l’armée israélienne figuraient parmi les dizaines de participants. Aucun élu n’a été invité.
L’effort de réhabilitation post-7 octobre est co-dirigé par l’Autorité israélienne de la Terre, l’Administration de la planification et Tekuma (renaissance), un organe spécial créé par le gouvernement quelques jours après les massacres et doté d’un budget initial d’environ un milliard de shekels, avec une promesse de subvention pouvant aller jusqu’à 18 milliards de shekels sur cinq ans.
Mais une liste étourdissante de 43 organismes, composée principalement de ministères, d’autorités et entreprises publiques, pourrait être impliquée dans la réhabilitation de ce qui est souvent appelé l’enveloppe de Gaza, a indiqué Einav Ringler, une haute responsable de l’autorité foncière israélienne. La liste des organismes qu’elle a présentée comprend également les mouvements des moshavim et des kibboutzim, ainsi que la société à but non lucratif pour la protection de la nature en Israël (SPNI).
L’enveloppe de Gaza n’a pas la même signification pour tous.
Des problèmes de coordination
L’administration de la planification s’est associée à l’autorité foncière israélienne pour élaborer un plan stratégique pour l’ensemble du Néguev occidental, qui englobe à la fois les zones les plus proches de Gaza qui ont été les plus touchées le 7 octobre, notamment Sderot et Ofakim, et celles qui ont en grande partie été épargnées par les attaques directes, comme Mabuim et la ville voisine de Netivot, a indiqué Liat Peled, directrice de l’aménagement de l’espace à l’administration de la planification.
La région comprend quelque 86 communautés rurales. Elle a été divisée par une décision antérieure au 7 octobre, mais ses limites exactes n’ont pas encore été déterminées, l’administration devant encore rassembler des données, a déclaré Liat Peled.
L’administration de Tekuma, en revanche, se concentre uniquement sur la zone située dans un rayon de sept kilomètres autour de la frontière de Gaza. Elle comprend 46 communautés rurales (25 kibboutzim et 21 moshavim) et une ville, Sderot.
Aviel Phansapurker, responsable de la construction et du logement à Tekuma, a déclaré que son organisation présenterait bientôt un plan stratégique.
Tekuma étudie les plans de réhabilitation mis en place dans d’autres parties du monde à la suite de catastrophes, et mène des consultations approfondies, car « le gouvernement ne peut pas faire cela tout seul », a-t-il ajouté.
C’est lui seul qui coordonnera la réhabilitation des résidents et des autorités locales, a-t-il insisté.
Dans ses conclusions, Solar s’est demandé s’il était juste d’investir autant d’argent dans la petite ceinture de Tekuma, relativement peu peuplée, plutôt que de le répartir sur l’ensemble du Neguev occidental.
Le fait de ne pas l’étendre, a averti un participant, pourrait être source de ressentiment à Netivot et Ofakim, villes de développement ou les habitants de la classe ouvrière se plaignent depuis longtemps de discrimination en faveur des populations plus aisées des kibboutzim. La contribution des résidents locaux non experts, qui a été ressentie, devrait être intégrée dans le processus en tant que partie distincte.
Si la bonne volonté était palpable, de nombreuses personnes présentes dans la salle ont néanmoins exprimé des doutes quant à la capacité de si nombreux organismes à travailler ensemble. Le manque de coordination est un problème régulièrement souligné dans les rapports du contrôleur de l’État.
Plusieurs participants ont appelé les fonctionnaires à utiliser les plans existants plutôt que d’en créer de nouveaux.
Des logements temporaires
Les dizaines de milliers de personnes évacuées de la région après le 7 octobre vivent depuis dans des logements temporaires, souvent dans des hôtels, ou utilisent d’autres solutions ad hoc pour maintenir la cohésion de nombreuses communautés.
Le processus de reconstruction devant prendre des années, le gouvernement a opté pour diverses solutions temporaires pour les personnes évacuées des communautés situées à la frontière de Gaza.
Les résidents du kibboutz Reïm ont été temporairement relogés dans deux nouvelles tours d’habitation au sud de Tel Aviv, ceux de Nir Oz ont été transférés à Kiryat Gat, à quelque 50 kilomètres au nord-est de Nir Oz, et les évacués de Nahal Oz sont hébergés au kibboutz Mishmar HaEmek, dans le nord d’Israel.
Selon Phansapurker, les résidents du kibboutz Kerem Shalom seront transférés dans les prochains jours à Ashalim, et ceux du kibboutz Sufa à Ramat Gan, près de Tel Aviv, ainsi qu’à Ofakim.
D’ici quelques semaines, les habitants du kibboutz Nirim s’installeront à Beer Sheva.
Au cours des six prochains mois, les habitants du kibboutz Beeri s’installeront dans le kibboutz Hatzerim, à l’ouest de Beer Sheva, et ceux du kibboutz Holit seront transférés dans le kibboutz Revivim, au nord-ouest de la ville de Yeruham, dans le Neguev.
Les membres du kibboutz Kissufim rejoindront la communauté huppée d’Omer, près de Beer Sheva, tandis que ceux du moshav Netiv Haasara s’installeront dans la ville d’Ashkelon, au sud du pays, et ceux du kibboutz Erez dans la ville de Mitzpe Ramon dans le désert.
Il a été dit à la conférence que des options temporaires étaient également envisagées pour le kibboutz Ein Hashlosha (qui déménagera à Netivot), Karmia et le village d’Ibim. Ce dernier pourrait s’installer à Zichron Yaakov et dans la région du Carmel, au sud de Haïfa, dans le nord d’Israël.
Plusieurs participants à la conférence se sont élevés contre l’utilisation de maisons préfabriquées, appelées caravillas en hébreu, qui gâchent le paysage dans d’autres régions du pays. Nombreux sont ceux qui souhaitent trouver des moyens plus efficaces et plus respectueux de l’environnement pour reconstruire les maisons et les autres infrastructures.
L’Académie Bezalel d’art et de design a lancé plusieurs initiatives après le 7 octobre. L’une d’entre elles vise à trouver de meilleures solutions, plus durables, pour remplacer les caravanes. Dans le cadre d’un autre projet, un étudiant en architecture a conçu et construit un prototype d’abri destiné à protéger les Bédouins des éclats de roquettes. Il est notoire que la communauté bédouine du Neguev est dépourvue d’abris.
Le Conseil israélien de la construction écologique a présenté des idées qui incluaient une maison avec un plancher souterrain renforcé pouvant servir à la fois d’abri et d’espace de vie, ainsi qu’une maison autonome sur le plan énergétique.
Des professeurs et des étudiants du Technion – Israel Institute of Technology à Haïfa, dans le nord d’Israël, vont concevoir un arrêt de bus renforcé et travailler sur un projet pilote avec le Commandement de l’Intérieur et le ministère des Transports.
Toutefois, les discussions n’ont guère porté sur la manière de rendre aux habitants revenant chez eux un sentiment de sécurité.
La question des moyens à mettre en œuvre pour redonner un sentiment de sécurité aux habitants revenant chez eux n’a toutefois guère été abordée.
Le lieutenant-colonel de l’armée a déclaré lors d’une table ronde que l’armée israélienne envisageait de doubler sa présence dans les zones frontalières, ce qui obligerait les planificateurs à tenir compte des routes d’accès et d’autres infrastructures.
On ignore si Tekuma ou l’autorité chargée de l’aménagement du territoire ont été informés des projets de l’armée.
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