Les proches de Yarden Bibas disent ne rien pouvoir lui dire sur sa femme ou ses enfants
« Où sont Shiri et les enfants ? Nous ne voulons plus de cette incertitude », a dit la sœur de Shiri

Des proches de l’otage récemment libéré Yarden Bibas ont exigé lundi que le gouvernement lui donne des réponses sur le sort de sa femme et de ses enfants, toujours en captivité.
« Tout semble très fragile », a confié Ofri Bibas, la sœur de Yarden, lors d’une conférence de presse organisée par la famille. « Mon frère est rentré, mais pas ma belle-sœur ni mes neveux. Yarden me pose des questions à leur sujet et je n’ai aucune réponse à lui donner. »
Lors du pogrom mené par le Hamas le 7 octobre 2023, jour où les terroristes ont attaqué le kibboutz Nir Oz, la famille Bibas a trouvé refuge dans sa pièce sécurisée. À un moment, Yarden a décidé de sortir afin d’attirer l’attention des terroristes et de permettre à sa femme et ses fils de se sauver. Cela lui a en fait valu d’être séparé de sa famille, elle aussi enlevée à Gaza un peu plus tard : les images poignantes de la scène ont fait le tour du monde.
En novembre 2023, le Hamas a annoncé que Shiri et les deux garçons avaient été tués en captivité, ce qu’Israël n’a à ce stade pas confirmé, tout en faisant part de sa « profonde inquiétude » pour leur sort. Tous trois devraient logiquement être libérés à la faveur de l’actuel cessez-le-feu, mais le Hamas a jusqu’ici refusé de répondre aux questions israéliennes les concernant.
Les craintes pour la vie des trois Bibas sont montées d’un cran car ils n’ont pas fait partie des premiers otages libérés par le Hamas, alors même que les femmes et enfants vivants sont supposés être libérés en premier dans le cadre de cet accord.
« Yarden est là et nous nous sommes rendus compte de ce que nous savions déjà, c’est-à-dire d’à quel point il est fort et merveilleux », a déclaré Ofri. « Nous avons appris comment il avait pris soin de lui dans cet enfer, avec la sensibilité et l’humour qui le caractérisent. »
Dana Silberman-Sitton, la sœur de Shiri Bibas, a déclaré : « Je suis tellement heureuse de pouvoir le prendre dans mes bras, d’entendre sa voix et de le voir de mes yeux. Mais où sont Shiri et les garçons ? Notre coeur est encore aux trois quarts otage. Et il en sera ainsi jusqu’à ce qu’ils reviennent. »
Les médias israéliens ont récemment fait état des mauvais traitements infligés par le Hamas à Yarden Bibas lors de captivité, à commencer par de la torture mentale tenant au sort de sa famille.
« Nous n’avons qu’une question : où sont Shiri et les enfants ? Nous ne voulons plus de cette incertitude. Nous voulons des réponses. Nous exigeons leur libération. L’État nous doit bien cela, après tout ce que nous avons enduré », a déclaré Silberman-Sitton.
« Shiri et les garçons étaient chez eux, dans leur kibboutz, en pyjama : le pays et même le monde entier l’ont vu », a-t-elle poursuivi.
« L’État a failli à son devoir de les protéger. Et cela fait près de 500 jours qu’il faillit à celui de les ramener chez eux. Plus encore. C’est la responsabilité du gouvernement et du pays envers Shiri, Ariel et Kfir », a-t-elle ajouté.

Ofri a déclaré que son frère, qui a passé 484 jours en captivité avant d’être libéré samedi, apprenait petit à petit ce qui s’est passé ces 15 derniers mois, depuis le jour où sa famille et lui ont été enlevés, et qu’ils faisaient de leur mieux pour y répondre, mais qu’il n’était pas en état de tout entendre.
Yarden a expliqué avoir été, à plusieurs reprises, déplacé lors de sa captivité et avoir reçu peu de nourriture, a indiqué sa sœur, en expliquant qu’il avait perdu beaucoup de poids et de masse musculaire et qu’il n’avait pas beaucoup vu la lumière du soleil.
La chaîne N12 a indiqué lundi que les ravisseurs de Yarden lui avaient donné comme vêtement une galabeya – une robe égyptienne ample – et détenu seul dans une petite cellule souterraine, séparé des autres otages du kibboutz Nir Oz.
Yarden aurait été libéré une fois par jour pour prendre un repas avec d’autres otages de Nir Oz. Parfois, on ne lui donnait rien à manger, ce qui explique qu’il ait perdu 15 kilogrammes lors de sa captivité, a indiqué N12.
Une fois, Yarden a aperçu un de ses amis de Nir Oz dans un tunnel et a demandé à être détenu avec lui, ce qui lui a été refusé et lui a fait beaucoup de mal.
Selon N12, qui cite des témoignages autorisés de proches de Yarden, il a d’abord cru que sa femme et ses jeunes fils avaient échappé à ce qui lui était arrivé, demandant à plusieurs reprises à ses ravisseurs qu’ils lui disent ce qu’il en était.
Pour le faire taire, les terroristes lui auraient d’abord dit que Shiri, Ariel et Kfir avaient survécu et avaient été aperçus à Tel Aviv.
Plus tard, selon N12, les ravisseurs auraient exigé d’une femme otage qu’elle lui dise que sa femme et ses jeunes fils avaient été tués. Devant le refus de cette femme, les ravisseurs ont forcé un autre otage masculin à transmettre la nouvelle, ce qu’il a fait en larmes : Yarden en a été brisé, ce qu’ont filmé ses ravisseurs du Hamas, explique la chaîne N12. La vidéo a été diffusée par le Hamas à titre de propagande.
Ofri Bibas a déclaré que son frère avait pris conscience qu’il n’était plus un anonyme et que ses proches et lui étaient très aimés, ce qui le touche mais n’est pas facile à accepter. Sa guérison ne fait que commencer, dit-elle, mais elle ne se terminera que lorsque les siens seront de retour.

Ofri a remercié le gouvernement d’avoir pris la décision difficile d’accepter l’accord avec le Hamas, qui exige qu’Israël, dans la première phase de 42 jours, libère 1 900 prisonniers de sécurité palestiniens, dont de nombreux meurtriers, en échange de 33 otages, et lui a demandé d’honorer les deuxième et troisième étapes de l’accord, avec un cessez-le-feu permanent dans l’enclave, afin de ramener tous les otages chez eux.