Les proches d’otages gardent espoir en publiant leurs recettes préférées de Shavouot
Pour collecter des fonds et faire libérer les otages de Gaza, le forum des otages publie le livre de cuisine "Shavuot of longing"

Lorsque Gil Dickmann – et sa cousine Carmel Gat – étaient enfants, ils célébraient souvent Shavouot au kibboutz Beeri, là où leurs cousins avaient grandi, tout comme la mère de Gil.
Cette année, il espère que sa cousine sera bientôt libérée à la faveur d’un accord. Elle a été enlevée à Gaza le 7 octobre par des terroristes du Hamas.
En attendant ce moment, il a donné une recette de famille pour « Shavuot of Longing, Their Recipes on Our Table [NDLT : Shavouot de la nostalgie, leurs recettes à notre table », livre de cuisine en hébreu et en anglais rédigé en l’espace de quelques semaines par le Forum des otages et de leurs proches, dans le but de continuer d’appeler l’attention sur l’absence, pour ces fêtes, des 120 otages encore à Gaza sur les 251 enlevés le 7 octobre dernier.
« À Tel Aviv, on mange du cheesecake et basta », assure Dickmann, qui a grandi dans cette ville. « Dans les communautés agricoles, on célèbre les récoltes et même les bébés nés dans l’année. »
Sa famille a longuement hésité entre plusieurs recettes de cheesecake pour finalement porter son choix sur une bûche au chocolat à base de cacao et de biscuits que le grand-père de Gat, mort en 2018, préparait avec ses petits-enfants, dont Carmel Gat, l’aînée.
Les fêtes qui s’annoncent vont s’avérer difficiles pour Dickmann et ses proches.
Sa tante, Kinneret Gat, a été tuée chez elle au kibboutz Beeri, le 7 octobre, et sa cousine, Carmel Gat, son frère Alon Gat, sa belle-sœur Yarden Roman-Gatet et leur fille âgée de trois ans, Geffen, ont été enlevés par des terroristes.

Alon et Geffen Gat sont parvenus à échapper à leurs ravisseurs du Hamas, le 7 octobre, avant d’arriver à Gaza, et Roman-Gat a été libérée fin novembre. Carmel Gat, sa cousine germaine, fan de yoga et de voyages en Inde, est toujours aux mains du Hamas.
« Nous sommes une famille très unie », explique Dickmann. « Ma tante Kinneret aime beaucoup cette fête des récoltes et le fait qu’elle ne soit pas avec nous remue encore toute cette histoire. C’est si dur, si difficile. »
Il a paru opportun de parler des otages dans la perspective de cette fête, explique Itay Shemberger, spécialiste du marketing et bénévole du Forum qui s’est chargé de sortir ce livre de recettes, imprimé dans les locaux de l’imprimerie du kibboutz Beeri.
Tous les bénéfices de ce livre de 75 recettes, vendu 45 dollars, iront au Forum pour financer les actions en faveur de la libération des otages. L’ouvrage est disponible, dans sa version imprimée, aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Australie et en Israël et, ailleurs, en ligne.
« C’est une autre fête très familiale, avec plein de bonnes choses à manger, les réunions de famille et les kibboutzim, et tous les bons souvenirs qui y sont rattachés », confie Shemberger. « Une fois de plus, ils ne seront pas là pour cette fête. Comme pour chacune de nos actions, nous espérons ne plus en avoir besoin et pouvoir juste le jeter à la poubelle. »
Il a fallu environ six semaines pour faire ce livre de cuisine. Les membres du forum se sont rapprochés des familles d’otages pour leur demander leurs recettes favorites, à eux et leurs proches.
Certains ont donné leurs propres recettes, d’autres les plats préférés de leurs proches. Des chefs israéliens ainsi que des influenceurs culinaires ont proposé leur version de ces plats pour les besoins de cet ouvrage.
Orly Peli-Bronshtein, influenceuse culinaire israélienne et auteure de livres de cuisine, a joué le rôle d’éditrice pour ce livre de recettes de Shavouot, rôle qu’elle avait déjà tenu pour l’ouvrage « From the Farmer to the Table [NDLT : Des fermiers à la table] », après les attaques du Hamas du 7 octobre dernier.
Ce livre de recettes avait été produit par le site israélien Foody de manière à rendre hommage aux agriculteurs attaqués du sud, avec des recettes liées à leurs cultures.
« Les livres de recettes sont un moyen pour nous d’en apprendre un peu plus sur ces personnes, et pour les familles, d’en dire un peu plus sur leurs proches », explique-t-elle.
Dans le livre « Shavuot of Longing », on trouvera bien plus que des recettes de cheese cake (même s’il y en a 12 au total), comme par exemple plusieurs versions de biscuits mamoul farcis aux dattes, détaille Peli-Bronshtein.
L’otage Omer Wenkert, gourmand de nature et de par son métier, aime particulièrement un cheese cake incroyablement moelleux et léger. Peli-Bronshtein a confié toutes les recettes à un chef, chargé de les tester, ce qui, dans le cas de ce dernier gâteau, ne s’est pas fait sans mal.

« C’est un gâteau surprenant, à la fois très léger, mais avec beaucoup de textures différentes. J’ai moi aussi testé la recette jusqu’à ce que le résultat soit bon », explique-t-elle.
Au-delà du banc-test des recettes, il a parfois fallu procéder à des modifications très difficiles, par exemple lorsque l’on a su que des otages cités dans le livre étaient en fait morts depuis le 7 octobre, leur dépouille ayant été conduite à Gaza.
« C’est ce que nous vivons en ce moment », confie Peli-Bronshtein.
« Il y a tellement d’émotions, de sensibilité : il faut être très précautionneux. »
Peli-Bronshtein a ajouté quelques recettes au livre, comme des salades et des accompagnements, pour que les lecteurs puissent s’y reporter à d’autres moments de l’année et que cela leur donne envie de l’acheter et de contribuer à financer les actions en faveur de la libération des otages.
« Ce n’est pas seulement pour Shavouot, c’est surtout de la vraie cuisine israélienne, des cheese cakes bien sûr mais aussi beaucoup de fruits et de légumes », poursuit-elle.
Peli-Bronshtein a été en contact avec les filles de l’otage Louis Har, aujourd’hui libéré. Elles lui avaient parlé des pizzas maison que Har avait coutume de faire, chaque semaine au kibboutz Nahal Oz, à la fois pour sa famille et le reste de la communauté.
Visiblement joyeux et heureux, Har se trouve en deuxième de couverture du livre, et sa pizza est la toute première recette.
Le projet ne se termine pas avec l’achat du livre de recettes, souligne Shemberger. Ses lecteurs sont invités à choisir une recette ou un otage dont ils se sentent particulièrement proches et à publier sa recette sur les réseaux sociaux.
Influenceurs culinaires et chefs feront de même, ce qui, souhaitons-le, donnera lieu à des milliers, voire des dizaines de milliers de messages pour attirer l’attention sur le sort des otages, ajoute Shemberger.
« Ce projet est un témoignage d’espoir et d’optimisme », conclut-il. « On y parle de chacun des otages, de ce qu’il est, de ce qu’il aime faire et de ce qu’il aime manger. »

Bûche au chocolat
Pour 12 à 16 parts
Ingrédients
1 tasse de sucre
1/2 tasse de cacao
1/2 tasse de lait
1/4 de vin rouge doux
1 cuillère à café d’extrait de vanille
1 cuillère à café d’extrait de rhum
100 grammes de beurre
500 grammes de biscuits Petit Beurre
1. Mélanger le sucre, le cacao, le lait, le vin, la vanille et l’ extrait de rhum dans une casserole et porter à ébullition.
2. Retirer du feu et ajouter le beurre en mélangeant bien.
3. Émietter les biscuits et les ajouter au mélange de chocolat. Placer la pâte sur une plaque à pâtisserie recouverte de papier sulfurisé.
4. Façonner la pâte en forme de bûche et la placer dans le réfrigérateur deux à trois heures le temps qu’elle durcisse.
5. Coupez la bûche en fines rondelles et servez.
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