Les procureurs prônent une enquête sur la faillite de la firme dirigée par Gantz
Selon des reportages télévisés, le bureau du procureur de l'État recommande au procureur général d'ouvrir une enquête sur les liens criminels potentiels entre la police et la firme

Le bureau du procureur général de l’État envisagerait de conseiller au procureur général d’enquêter sur d’éventuels liens criminels entre la police et la société technologique Fifth Dimension, qui était dirigée par le leader de Kakhol lavan, Benny Gantz, avant de faire faillite l’année dernière.
Gantz n’est pas lui-même un suspect, ont rapporté mercredi les Treizième et Douzième chaînes.
C’est en novembre dernier que les procureurs de l’État ont commencé à examiner les preuves de liens criminels potentiels entre la police et Fifth Dimension.
Selon le reportage de la Treizième chaîne, l’enquête portera sur les employés de Fifth Dimension qui auraient fait de fausses déclarations à la police, et examinera si la relation entre les deux parties relève de la catégorie juridique visant à « obtenir quelque chose par la fraude ».
L’enquête devrait commencer quelque temps après les élections du 2 mars, selon les reportages.
Des responsables non nommés du Likud ont remis en question le calendrier, selon la Douzième chaîne, furieux que l’enquête soit retardée jusqu’à ce que les Israéliens se rendent aux urnes. Mais des experts juridiques non nommés ont déclaré à la chaîne que la décision d’ouvrir éventuellement une enquête a été prise environ quatre semaines avant les élections, alors que l’annonce d’une enquête pourrait être interprétée comme une ingérence politique.

Olivier Fitoussi/Flash90
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dont le procès sur les accusations de corruption débutera le 17 mars, a réagi au reportage de mercredi en disant que c’était « un jour triste pour l’État d’Israël ».
Ce commentaire semblait être une pique adressée à Gantz, son principal rival politique, qui avait dit exactement la même chose lorsque le premier ministre a été inculpé en novembre pour fraude, abus de confiance et corruption.
Benjamin Netanyahu nie tou acte délictueux et a rejeté les accusations comme étant une chasse aux sorcières.
Samedi, la Douzième chaîne a interrogé Gantz sur Fifth Dimension, et il a répondu qu’il n’avait aucun problème avec une enquête sur la conduite de la société.
« Je n’ai aucun problème avec une enquête concernant Fifth Dimension. Toute cette histoire est un mensonge du premier au dernier mot », a soutenu Gantz. « Je suis un homme honnête. Je n’ai pas trois mises en examen [contre moi]. »
Gantz, un ancien chef d’état-major militaire, a pris sa retraite de l’armée en 2015 et s’est impliqué dans un certain nombre d’entreprises commerciales, notamment en tant que président de Fifth Dimension, qui développait des solutions d’intelligence artificielle pour les organismes d’application de la loi.
Les informations de mercredi semblent contredire un reportage de la Treizième chaîne de septembre, selon lequel le procureur général Avichai Mandelblit aurait ordonné une nouvelle enquête sur Fifth Dimension.

Bien que Gantz lui-même ne soit pas soupçonné de malversation, ce reportage indique que le bureau de Mandelblit a demandé des informations au contrôleur d’État concernant les 4 millions de shekels accordés à l’entreprise pour un projet pilote avec la police, après que les dirigeants de l’entreprise ont prétendument fourni à la police des informations trompeuses, ainsi qu’un contrat de 50 millions de shekels prétendument accordé sans appel d’offres, en violation des règles d’acquisition.
Mandelblit aurait donné l’ordre de septembre alors que le contrôleur de l’État n’avait trouvé aucune preuve de délit lorsqu’il avait examiné l’affaire six mois plus tôt.
Selon la réponse de l’État à une requête de la Haute Cour de justice demandant une enquête criminelle, le contrôleur de l’État a fourni fin octobre au ministère de la Justice des documents relatifs aux allégations, qui sont actuellement à l’étude.
En mars, le bureau du contrôleur de l’État a déclaré que la police israélienne avait négocié un contrat avec la société de cybersécurité, dirigée à l’époque par le dirigeant de Kakhol lavan, sans lancer d’appel d’offres, en violation des règles d’acquisition.

Le contrôleur de l’État de l’époque, Yosef Shapira, a affirmé dans le rapport, qui détaillait les prétendues lacunes du processus d’acquisition par la police, à qui Fifth Dimension a présenté de fausses informations sur ses opérations.
Il a également indiqué que le commissaire de police de l’époque, Roni Alsheich, était le moteur du projet et avait ordonné que des négociations soient menées avec Fifth Dimension, dont les cadres comprenaient plusieurs anciens gradés de la police israélienne.
La société a fait faillite en décembre 2018 parce que le gouvernement américain a sanctionné son plus gros investisseur, l’oligarque russe Viktor Vekselberg.
En janvier, Gantz a laissé entendre qu’il pourrait intenter un procès contre Netanyahu en raison de l’accusation non avérée du Premier ministre selon laquelle Gantz aurait personnellement empoché des millions aux dépens du public.
Dans son discours accompagnant sa demande d’immunité de poursuites dans trois affaires de corruption auprès de la Knesset, demande retirée par la suite, Benjamin Netanyahu a fait valoir que les autorités chargées de l’application de la loi faisaient preuve de discrimination à son égard et n’enquêtaient pas sur d’autres responsables politiques soupçonnés de malversations.
« Il y a des gens qui ont commis des délits graves mais qui bénéficient d’une immunité automatique à vie », a accusé le chef du Likud. « Ils sont simplement du côté des médias et de la gauche. Benny Gantz – qui a pris 50 millions de shekels [14 millions d’euros] de fonds publics sans appel d’offres et empoché quatre millions de shekels [900 000 euros] – n’a même pas fait l’objet d’une enquête », avait-il déclaré.
La plainte de Netanyahu a fait passer les détails des méfaits présumés de Gantz pour des faits, bien que les autorités n’aient apparemment pas considéré celui-ci comme un suspect dans cette affaire et qu’elles aient seulement enquêté sur la société de cybersécurité qu’il possédait, et non sur lui – ouvrant potentiellement la porte au chef de Kakhol lavan pour intenter un procès en diffamation. De plus, l’accord de 50 millions de shekels ne se serait jamais concrétisé.