Les terroristes de Dvir Sorek : « Kidnappe le juif. Sinon, tue-le ! »
Après avoir poignardé Dvir Sorek à mort, l'un des suspects est rentré chez lui et a caché le couteau ensanglanté au-dessus du placard de ses enfants, selon les procès-verbaux
Les assassins présumés d’un étudiant de yeshiva de 18 ans en Cisjordanie en août ont déclaré aux enquêteurs qu’ils l’avaient fait en raison de « la souffrance du peuple palestinien » et de « la situation à Al-Aqsa [Mosquée] », selon les transcriptions de leur interrogatoire obtenues par le journal Yedioth Ahronoth.
Les cousins Nasir et Qasseem al-Asafra ont été inculpés au début de ce mois pour le meurtre de Dvir Sorek près du Gush Etzion le 9 août. Ils ont été arrêtés à leur domicile à Beit Kahil, près de Hébron, deux jours après le meurtre. Qasseem aurait conduit le véhicule pendant que Nasir poignardait Sorek à mort.
« Cela fait des mois que je vais prier à la mosquée et que j’entends parler de la situation à Al-Aqsa où les musulmans palestiniens ne sont pas autorisés à entrer alors que les Israéliens ont la permission, » a dit Qasseem à des enquêteurs. « Il y a aussi la construction dans les implantations et le viol de nos terres par l’occupant israélien. J’ai toujours voulu mourir en martyr. »
La mosquée Al-Aqsa, construite sur le mont du Temple de Jérusalem qui est le site le plus saint du judaïsme, serait le troisième site le plus saint de l’islam, et la source de tensions constantes entre Israël et les Palestiniens. Ces derniers accusent souvent l’État juif de tenter une prise rampante du lieu saint, ce qu’Israël nie, et des affrontements éclatent fréquemment dans le complexe sensible.
Les sermons du vendredi dans les mosquées de Cisjordanie sont considérés par Israël comme une source constante d’incitation à la violence et à la haine.
Qasseem a dit avoir acheté un pistolet paralysant peu de temps avant le meurtre, planifiant de l’utiliser pour une attaque.
« Environ 10 jours avant l’attaque, j’ai rencontré Nasir, mon cousin, dans le quartier. Je lui ai demandé de lui parler seul à seul », dit-il.
Nasir a déclaré qu’ils « ont parlé de la situation en Cisjordanie et des souffrances du peuple palestinien, de l’occupation et des fidèles de la mosquée Al-Aqsa et il m’a proposé de participer à un attentat ».
Qasseem a dit qu’il a ensuite montré à son cousin son pistolet paralysant et qu’il lui a « dit que je voulais attaquer des juifs des implantations ». Et puis Nasir m’a dit qu’il avait acheté un couteau d’environ 20-25 centimètres de long. »
Ils se sont mis d’accord pour tuer ensemble un juif des implantations.
Le jour de l’attaque prévue, Qasseem s’est levé tôt et est allé travailler dans la ville israélienne de Rehovot. Son métier n’a pas été mentionné, bien que les Palestiniens qui travaillent en Israël soient souvent employés dans le bâtiment.
Le soir après son retour à la maison, il s’est douché et a emmené sa femme et ses enfants chez ses grands-parents. Il a dit à sa femme qu’il allait faire des courses.
« J’ai appelé Nasir et je lui ai demandé de me rejoindre sur la route. Je l’ai récupéré… et nous nous sommes rendus en voiture au carrefour près du Gush Etzion », à quelques kilomètres au nord de leur ville natale. « Nous avons parlé et j’ai suggéré de kidnapper un juif et de le cacher », dit Qasseem.
Lorsqu’on leur a demandé s’ils envisageaient de kidnapper une victime pour obtenir une rançon, Qasseem a répondu « pas du tout » – le plan était toujours de tuer l’homme, mais les deux hommes ont vu le potentiel de « déstabilisation » et de « fatigue » des forces de sécurité pour leur recherche du disparu comme un avantage supplémentaire.
« Je lui ai dit que j’attendrais dans la voiture et que si ‘tu essaies de kidnapper le juif avec le pistolet électrique, et si tu réussis, on le mettra dans le coffre… si tu ne peux le kidnapper, tue-le' ».
Les deux hommes ont attendu une vingtaine de minutes dans la voiture à l’intersection jusqu’à ce qu’ils aperçoivent Sorek, qui venait de descendre d’un autobus au carrefour.
« Nous recherchions certains détails comme une kippa et des peyot » pour identifier la personne en tant que juif des implantations, a dit Qasseem, en faisant référence au couvre-chef juif et aux papillotes traditionnelles.
Qasseem a ensuite roulé jusqu’à Sorek et Nasir est sorti de la voiture.
« Je suis sorti de la voiture avec le pistolet paralysant dans la main gauche et le couteau à la ceinture de mon pantalon », a dit Nasir. « J’ai essayé de lui donner une décharge, mais je n’ai pas pu activer le pistolet paralysant, puis le juif a essayé de me repousser, et il est tombé sur le sol. À ce moment-là, j’ai sorti le couteau et j’ai commencé à le poignarder dans le haut de son corps, dans la région de la poitrine. Il a essayé de se défendre en se couvrant le visage et le haut du corps avec ses mains. Puis il n’a plus bougé et je suis monté dans la voiture. »
Ils se sont rapidement enfuis, Qasseem a déposé son cousin et est rentré chez lui en possession du couteau. « Après que Nasir ait essayé de le nettoyer, il y avait encore des taches de sang. Je l’ai mis au-dessus du placard de mes enfants. Je me suis garé devant ma maison et je suis allé prier avec ma famille. »
Le corps de Sorek a été retrouvé quelques heures plus tard sur la route menant au séminaire religieux de Migdal Oz où il étudiait dans le cadre du programme hesder, un programme qui combine le service militaire et les études juives.
Outre les deux cousins, trois autres personnes ont été inculpés ce mois-ci pour avoir aidé à planifier et à préparer l’attaque. Inas, la femme de Qasseem, a été accusée le mois dernier d’avoir aidé les deux hommes avant et après l’attaque meurtrière au couteau. Ils ont été accusés d’avoir perpétré l’attentat au nom du groupe terroriste palestinien du Hamas.
Selon l’armée israélienne, outre Nasir et Qasseem, les autres membres de la cellule étaient Ahmad al-Asafra, Yusef Zahour et Mahmoud Atouna.
« Les accusés ont formé la cellule, qui fait partie du groupe terroriste du Hamas, afin de mener des attaques contre des cibles israéliennes. Dans le cadre de leurs activités, les membres de la cellule ont effectué des exercices d’entraînement et des vigies, et se sont armés de couteaux », a expliqué l’armée.
Selon l’acte d’accusation, Qasseem a également mené une attaque à l’arme blanche à Beer Sheva en 2011, au cours de laquelle deux Israéliens ont été blessés, mais il n’a jamais été arrêté. Il sera également inculpé pour cette attaque.
Tsahal a informé les familles de quatre des membres de la cellule qu’il prévoyait de démolir leurs maisons – une forme de punition qu’Israël considère comme un moyen de dissuasion efficace contre de futures attaques, mais qui a été critiquée par les groupes de défense des droits humains comme une forme interdite de punition collective et par certains analystes de la défense comme une mesure inefficace et potentiellement contre-productive.
L’armée a dit qu’elle n’avait pas encore décidé si elle allait démolir la maison du cinquième membre de la cellule, Atouna.
Judah Ari Gross a contribué à cet article.