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Les ventes du houmous de la marque Sabra aux États-Unis divisées par deux

Plus que la politique ou une campagne BDS qui perdure, c'est une alerte à la salmonelle survenue en 2021 qui serait la cause de la méfiance des consommateurs

À gauche, du houmous Sabra étiqueté d'un message anti-Israël aux États-Unis, en janvier 2024 ; à droite, des pots de houmous Sabra exposés à Los Angeles, en avril 2021 (Crédit : Capture d'écran Facebook ; The Image Party/Shutterstock.com)
À gauche, du houmous Sabra étiqueté d'un message anti-Israël aux États-Unis, en janvier 2024 ; à droite, des pots de houmous Sabra exposés à Los Angeles, en avril 2021 (Crédit : Capture d'écran Facebook ; The Image Party/Shutterstock.com)

NEW YORK – Les ventes de houmous de la marque Sabra aux États-Unis ont été fortement touchées et la marque emblématique ne retrouvera pas sa part de marché autrefois dominante, avait déclaré Shaï Babad, PDG du groupe Strauss, aux experts et aux journalistes à la fin du mois de novembre. Babad a été directeur général du ministère des Finances pendant cinq ans.

Il est peut-être surprenant de constater que l’intensification de la campagne du mouvement anti-Israël Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre les produits Sabra n’est pas le principal facteur de la dégringolade de la marque.

Ce sont plutôt les multiples rappels de produits contaminés par la salmonelle et la listeria, ainsi que les grandes surfaces américaines qui cherchent à diversifier leur offre de houmous, qui sont cités comme responsables de la chute brutale des ventes de Sabra depuis 2021.

« Les grands distributeurs tels que Costco, Walmart, Target et d’autres nous ont dit qu’ils n’allaient pas mettre tous leurs œufs dans le même panier et que nous n’allions pas être les seuls à leur fournir du houmous », avait déclaré Babad aux analystes.

Du houmous Sabra étiqueté d’un message anti-Israël aux États-Unis. (Crédit : Capture d’écran X)

Le fait qu’au cours des trois derniers mois, les activistes anti-Israël du BDS aient donné un coup d’accélérateur à une campagne d’autocollants contre le houmous Sabra, vieille de 14 ans, n’arrange certainement pas les choses. Dans des centaines de supermarchés et autres magasins d’Amérique du Nord et d’Europe, des autocollants dénonçant Israël ont été apposés sur les contenants des produits Sabra.

Bon nombre de ces autocollants sont jaunes et disent qu’acheter du houmous Sabra signifie « soutenir le sionisme, l’apartheid et le génocide des Palestiniens ».

Dans l’est de Londres, par exemple, des produits Sabra ont été étiquetés avec des autocollants « profits du génocide » à de multiples endroits.

Au début de l’année 2021, la Sabra Dipping Company – qui appartient conjointement au groupe Strauss et à PepsiCo – vendait près des deux tiers de son houmous aux supermarchés américains.

Babad avait indiqué que le groupe Strauss vivait « des moments très compliqués et difficiles » depuis les massacres du 7 octobre, au cours desquels 3 000 terroristes palestiniens du Hamas ont attaqué Israël et tué 1 200 personnes, pour la plupart des civils.

Des employés de Strauss Group et les membres de leurs familles font partie des personnes assassinées et des 253 otages, avait souligné Babad, dont l’entreprise possède plusieurs usines dans la région.

Des épidémies de salmonelle

En mars 2021, un rappel pour contamination à la salmonelle de produits fabriqués dans l’usine Sabra de Virginie a eu un effet dévastateur sur la marque, qui a perdu la moitié de sa part de marché en l’espace d’un seul trimestre.

Un des produits houmous de la marque Sabra rappelés le 29 novembre 2022. (Crédit : Ministère de la santé)

Mais même avant le rappel désastreux du printemps 2021, les produits Sabra avaient fait l’objet de rappels intermittents pour une possible contamination à la listeria et à la salmonelle remontant à 2015. Ces rappels ont eu lieu aux États-Unis et en Israël.

Babad et le groupe Strauss n’ont pas répondu aux différentes demandes d’interview du Times of Israel. Un opérateur de la page WhatsApp de la société Strauss en Israël a reconnu avoir reçu une demande d’interview.

« Nous croyons toujours que nous pouvons croître, nous croyons toujours que nous pouvons obtenir une plus grande part de marché, mais nous ne pensons pas que nous reviendrons à 60 % », avait indiqué Babad aux experts en novembre.

L’apartheid sud-africain

La campagne contre le houmous Sabra a débuté sur la côte ouest des États-Unis il y a 14 ans, lorsque des activistes anti-Israël ont commencé à dénoncer Sabra pour avoir fourni de la nourriture à la Brigade Golani de l’armée israélienne.

Le boycott anti-Sabra a été associé au mouvement BDS contre Israël en Amérique du Nord, et des groupes d’étudiants de plusieurs universités – dont DePaul et Princeton – ont, sans succès, fait campagne pour que leurs écoles abandonnent les produits Sabra.

La rhétorique déployée par les activistes anti-Sabra était similaire sur tous les campus. Les étudiants activistes ont dénoncé Sabra pour avoir envoyé de la nourriture à la Brigade Golani, qui, selon eux, a perpétré un génocide.

En 2019, le comité des étudiants du Dickinson College a adopté une résolution en faveur de l’interdiction du houmous Sabra sur le campus.

Une publicité anti-Sabra, en 2024. (Crédit : Comité de solidarité avec la Palestine de Harvard)

« Tsahal commet des violations des droits de l’Homme à l’encontre des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza », selon la résolution adoptée par les étudiants de l’une des universités les plus prestigieuses de Pennsylvanie.

« Le soutien des produits Sabra permet au groupe Strauss de soutenir la brigade des forces de défense israéliennes, qui maintient un cycle d’oppression des peuples palestiniens en violation du droit international », indique la résolution.

Il y a deux ans, des activistes de Harvard Out of Occupied Palestine avaient manifesté à Harvard Yard et avaient demandé à l’administration de couper les liens avec Sabra. Les participants avaient notamment scandé : « N’achetez pas de produits imprégnés de haine, Sabra finance un État raciste. »

L’étudiant Joshua D. Willcox a été interviewé par le journal étudiant de Harvard, The Crimson, au sujet de son rôle de leader du mouvement anti-Israël sur le campus en 2022.

« Nous ne voulons pas que cette société soit présente dans nos réfectoires », avait déclaré Willcox, en faisant référence à Sabra. « Il s’agit d’un mouvement général visant à ne pas soutenir et à ne pas permettre que de l’argent aille à des entreprises qui s’impliquent dans un État d’apartheid. »

« Nous nous inspirons du même type de mouvement que celui que les gens ont tenté de mettre en place pour mettre fin à l’apartheid sud-africain », avait ajouté l’activiste anti-Israël.

Quelques semaines après la manifestation contre Sabra, Willcox a fondé les « jeudis du keffieh » à Harvard, au cours desquels les étudiants, le personnel et les professeurs portent un foulard palestinien traditionnel appelé keffieh le jeudi pour manifester leur soutien aux Palestiniens.

À la suite de l’assaut lancé le 7 octobre contre Israël par 3 000 terroristes palestiniens du Hamas, des centaines d’étudiants, de professeurs et de membres du personnel de Harvard ont été vus portant un keffieh, le jeudi, selon la page Instagram du Comité de solidarité avec la Palestine de Harvard.

Des partisans anti-Israël rassemblés à l’Université de Harvard, à Cambridge, dans le Massachusetts, le 14 octobre 2023. (Crédit : Joseph Prezioso/AFP)

La vision de Willcox d’une culture du campus de Harvard alignée contre Israël n’a pas faibli depuis qu’il a obtenu son diplôme l’année dernière. Le houmous Sabra est cependant toujours servi dans les austères réfectoires de Harvard.

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