L’Eurovision autorisera les drapeaux palestiniens dans le public cette année
Les règles réexaminées permettront à tous les drapeaux "légalement autorisés" dans le pays hôte, la Suisse, d'être brandis lors du concours - alors que les artistes ne pourront arborer que les drapeaux de leur pays d'origine

L’Union européenne de radio-télévision (UER) a changé sa politique, cette semaine, pour permettre à tous les drapeaux « légalement autorisés » de flotter dans le public du Concours de la chanson de l’Eurovision, cette année – autorisant ainsi les spectateurs à déployer les couleurs palestiniennes après les avoir précédemment interdites de l’événement.
Selon un document obtenu par l’institut danois de radiodiffusion, les règles réexaminées précisent que les fans pourront déployer tous les drapeaux, à l’exception des bannières à contenu raciste et/ou discriminatoire (y compris arborant des symboles incitant à la haine ou à la violence) ; les drapeaux pouvant être considérés comme offensants ou diffamatoires et ceux comportant les symboles d’organisations terroristes interdites.
Ainsi, le public sera désormais autorisé à arborer le drapeau palestinien ou tout autre étendard conforme au nouveau règlement.
Toutefois, ces règles restreignent également ce que les artistes et les participants seront en mesure de brandir lors de leur prestation. Ainsi, seul le drapeau national de l’artiste se trouvant sur scène à un moment donné pourra être déployé.
Les chanteurs auront donc l’interdiction d’arborer des drapeaux des Fiertés, les couleurs palestiniennes ou tout autre étendard n’appartenant pas à leur pays d’origine.
Selon plusieurs médias, ce règlement réactualisé prévoit également de nouvelles conséquences pour les contrevenants – avec notamment la confiscation des objets interdits et l’expulsion de la salle pour les membres du public ayant violé ces nouvelles dispositions.

C’est Bâle, une ville située en Suisse, qui accueillera cette année le concours – l’un des plus grands événements diffusés en direct à la télévision au monde, auquel participent des pays de toute l’Europe et jusqu’à l’Australie – dans l’arène couverte St. Jakobshalle. Les demi-finales auront lieu le 13 et le 15 mai, et la finale le 17 mai.
Israël sera représenté par Yuval Raphael, une survivante du massacre commis par le Hamas au festival de musique électronique Nova, le 7 octobre 2023. Elle interprétera une chanson intitulée « New Day Will Rise ».
Israël a remporté le concours à quatre reprises. Sa dernière victoire remonte à l’édition 2018 du concours, qui avait eu lieu à Lisbonne.

La participation d’Israël à l’événement fait depuis longtemps l’objet de controverses – mais depuis que la guerre à Gaza a éclaté à la suite du pogrom commis par le Hamas (les hommes armés avaient massacré plus de 1 200 personnes et ils avaient enlevé 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza), nombreux sont ceux qui ont demandé que le pays soit exclu de l’événement.
Plus de 51 000 Palestiniens ont été tués dans la contre-offensive israélienne, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui est placé sous la direction du Hamas – des chiffres invérifiables et qui ne font pas de distinction entre civils et hommes armés.

Des milliers de personnes avaient manifesté contre la présence d’Israël au concours à Malmo, en Suède et cette année, le radiodiffuseur public espagnol, RTVE, a envoyé une lettre au directeur-général de l’UER, demandant l’ouverture d’une discussion sur la participation d’Israël à l’Eurovision.
Une demande qui a été rejetée. L’UER a fait savoir que, si elle reconnaissait « que le conflit actuel au Moyen-Orient entraîne des préoccupations et des opinions profondément ancrées », tous les membres de l’UER étaient autorisés à participer à l’Eurovision.
La déclaration n’avait pas cité explicitement Israël, mais le radiodiffuseur public israélien, Kan, est membre de l’UER.
L’Espagne est l’un des pays européens qui a le plus critiqué Israël à propos de la guerre de Gaza. Le pays a officiellement reconnu un État palestinien l’année dernière – une initiative qui, selon Israël, s’apparente à récompenser le terrorisme.
L’année dernière, Israël avait terminé à la cinquième place du classement général du concours.
Le pays, qui était représenté par Eden Golan qui avait interprété sa chanson « Hurricane », était arrivé à la deuxième place dans le vote du public, mais il n’avait obtenu que la douzième place dans le vote du jury, ce qui lui avait valu de terminer à la cinquième place.
A visibly emotional Eden Golan reacts just after leaving the stage following her Eurovision grand final performance of "Hurricane."
Clip credited to: @kann pic.twitter.com/p3ApjYeYJa
— Amy Spiro (@AmySpiro) May 11, 2024
Les huées qui avaient marqué le passage sur scène de Golan avaient été étouffées par la technologie anti-huées déployée par l’UER.
עדן, מבחינתנו כבר ניצחת pic.twitter.com/n2RseFvO87
— כאן (@kann) May 11, 2024
Israël avait choisi « Hurricane » pour le concours après que le premier titre proposé par l’État juif, « October Rain », a été disqualifié par l’UER qui le trouvait trop politique. Des militants avaient mené une campagne, pendant plusieurs mois, en réclamant l’expulsion d’Israël de l’Eurovision – mais les organisateurs avaient opposé un refus ferme à cette demande. Les militants avaient également tenté – en vain – de décider les concurrents à abandonner le concours pour protester contre l’inclusion d’Israël.
Golan était restée enfermée dans sa chambre d’hôtel pendant les semaines qui avaient précédé l’Eurovision et elle avait manqué pratiquement tous les événements organisés dans le cadre du concours, à l’exception des spectacles en direct et des répétitions générales, en raison des fortes menaces qui pesaient alors sur elle et sur sa délégation. Lors de l’événement « tapis turquoise », le dimanche dans la soirée, Golan et la délégation israélienne avaient organisé un petit rassemblement à l’occasion de la Journée de commémoration de la Shoah.