L’ex-otage Agam Berger se joint à l’orchestre qui avait joué pour sa libération
Libérée des geôles du Hamas, la violoniste s'est illustrée à Jérusalem aux côtés de l'Orchestre Lu Yehi, un ensemble multiculturel et intergénérationnel de musiciens professionnels et amateurs
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Lorsque l’ex-otage Agam Berger a joué du violon avec l’Orchestre Lu Yehi à Jérusalem mardi, cela a été pour elle l’occasion de boucler la boucle – une boucle du moins, a estimé Dor Veksler, l’un des créateurs de cette initiative musicale sociale.
« Nous avons bouclé la boucle avec Agam et sa famille », a déclaré Veksler, rappelant que le premier concert de l’orchestre avait eu lieu en octobre 2024 à Tel Aviv, alors que Berger était encore retenue en captivité à Gaza.
À l’époque, l’orchestre, une initiative sociomusicale intergénérationnelle et multiculturelle qui réunissait des musiciens, des enseignants et des étudiants de tout le pays, s’attachait à faire la promotion des valeurs d’égalité, d’unité, d’humanité – avec a création d’une société meilleure par la musique. Il avait interprété « Lu Yehi » (« Qu’il en soit ainsi »), l’hymne mélancolique de 1973 de feu Naomi Shemer, dans un arrangement du chef d’orchestre, Michael Wolpe.
« C’était la première fois que nous la jouions », a déclaré Veksler, « et nous avions l’impression que la chanson parvenait jusqu’à Gaza. »
Berger est depuis rentrée chez elle, relâchée en janvier dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu conclu avec le Hamas qui a ouvert la porte à la remise en liberté des otages. L’orchestre, qui joue pour la libération des captifs, a pu marquer une étape émouvante lorsque la violoniste a repris son instrument à leurs côtés cette semaine.
« Elle a appris l’arrangement de Michael. Elle a joué avec nous et c’était extrêmement émouvant », a souligné Veksler.
L’ex-otage Agam Berger (au centre) jouant « Lu Yehi » avec l’Orchestre Lu Yehi, à Jérusalem, le 8 avril 2025. (Crédit : Autorisation)
L’orchestre a ouvert le concert de mardi par une interprétation exaltante de « Lu Yehi » avec Berger, suivie de « Clair de Lune » de Debussy, également arrangée par Wolpe, en soutien à l’otage et musicien Alon Ohel, qui se trouve toujours dans les geôles du Hamas.
Les musiciens ont accompagné un enregistrement vidéo d’Ohel, un pianiste accompli, jouant l’œuvre de Debussy.
« Cela a été l’un des moments les plus émouvants et les plus saisissants que j’aie jamais vécus, en tant que musicien et en tant que personne », a déclaré Veksler.
L’orchestre, dirigé par Veksler, Wolpe et Ravit Hananel, est une initiative bénévole à laquelle participent quelque 200 musiciens. Ces derniers peuvent participer aux événements lorsqu’ils le souhaitent, comme l’ont fait 60 d’entre eux mardi dans le quartier Gilo de Jérusalem.
L’orchestre Lu Yehi accompagnant une vidéo de l’otage Alon Ohel jouant « Clair de Lune » de Debussy, lors d’une représentation, à Jérusalem, le 8 avril 2025. (Crédit : Autorisation)
Il n’y a pas de répétitions, car c’est pratiquement impossible à organiser avec des musiciens qui vivent aux quatre coins du pays.
Veksler habite dans le nord, à Abirim – même si lui et sa famille ont été évacués vers le centre du pays jusqu’à récemment en raison de la guerre menée par Israël contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah. Le chef d’orchestre Wolpe vit, de son côté, à Jérusalem.
Le violoniste Michael Greilsammer, qui vit également à Jérusalem, a déclaré avoir découvert l’orchestre par le biais d’une publication parue sur Facebook. Il avait été séduit par l’idée de rejoindre un groupe musical multigénérationnel composé de musiciens professionnels et amateurs et dédié aux otages.
« L’expérience musicale et sociale a été vraiment extraordinaire », a expliqué Greilsammer, ajoutant que la salle était pleine à craquer, avec un public mixte composé de membres religieux, laïcs et ultra-orthodoxes.
L’orchestre Lu Yehi jouant « Shir Le lo Shem », à Jérusalem, le 8 avril 2025. (Crédit : Autorisation)
Tous les spectateurs ont fredonné et chanté avec eux tout au long du concert, a ajouté Veksler.
Lors de cette représentation, a noté Veksler, ils ont ajouté plusieurs autres morceaux, dont « Earth Song » de Michael Jackson, un autre des morceaux préférés d’Ohel, arrangé par Veksler, et « Shir Le lo Shem » (« Une chanson sans nom »), que l’otage aurait fredonné en captivité pour rester calme, selon d’anciens captifs qui étaient détenus avec lui.
Ils ont ajouté « Hallelujah » de Leonard Cohen, l’un des morceaux préférés de Berger, et ont terminé par « Yerushalaïm Shel Zaav », arrangé par Veksler avec une introduction en personne de Lali Shemer, fille de l’auteure-compositrice Naomi Shemer.
« C’était parce que nous étions à Jérusalem », a déclaré Veksler.
L’Orchestre Lu Yehi interprétant « Yerushalaïm Shel Zaav », à Jérusalem, le 8 avril 2025. (Crédit : Autorisation)
Les musiciens reçoivent les partitions des arrangements avant le spectacle. Le jour J, ils répètent ensemble, puis ils organisent une répétition ouverte à laquelle le public peut assister, même si certains des musiciens participants découvrent l’arrangement pour la première fois.
« Vingt musiciens nous ont rejoints mardi », a déclaré Veksler.
« Quand nous arrivons quelque part, nous travaillons généralement seuls pendant environ une heure, puis nous faisons une répétition ouverte. »
« Le public peut ainsi découvrir la folie et la dynamique d’une répétition, et c’est quelque chose que nous avons voulu inclure. »
L’orchestre continue de se mettre en place et de développer une chaîne YouTube ainsi que d’autres comptes sur les réseaux sociaux.
Pour l’instant, a déclaré Veksler, leur espoir est de jouer à la résidence présidentielle, mais ils veulent avant tout que tous les otages soient relâchés et qu’ils puissent trouver d’autres raisons de se produire.