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Liberté de la presse : Israël classé 88e, les Territoires palestiniens, 137e

Si la presse se heurterait "à la censure militaire, à la corruption et à l’auto-censure", l'État hébreu reste le pays le mieux classé parmi ses voisins

Carte du classement mondial 2019 de la liberté de la presse, par l’ONG française Reporters sans frontières.
Carte du classement mondial 2019 de la liberté de la presse, par l’ONG française Reporters sans frontières.

Comme chaque année depuis 2013, l’ONG française Reporters sans frontières (RSF) a publié son classement mondial de la liberté de la presse. Dévoilé le 18 avril dernier, le rapport avance que la liberté de la presse à travers le monde ne cesse de se dégrader.

Selon l’association, seulement 24 % des 180 pays et territoires pris en compte dans l’étude afficheraient une situation « bonne » ou « plutôt bonne » pour la liberté de la presse, contre 26 % en 2018.

Classé en milieu de tableau, à la 88e place, Israël perd une place par rapport au classement 2018 – la pire place du pays étant celle obtenue en 2013 : 112e.

« La presse se heurte à la censure militaire, à la corruption et à l’autocensure », note RSF dans son rapport concernant Israël.

L’association admet toutefois que la presse dans le pays « jouit d’une réelle liberté de ton, fait rare dans la région ».

« Néanmoins, malgré l’existence de médias libres et indépendants, les journalistes font face à l’hostilité déclarée de membres du gouvernement, ainsi qu’à la censure militaire, à des ordonnances interdisant la couverture de certains sujets et même à des tentatives de corruption, sans compter les procédures-bâillons souvent utilisées par le milieu des affaires », estime l’organisation.

La première page du Yediot Aharonot, l’un des principaux journaux israéliens, a juxtaposé le 9 mai 2018 des images du président Donald Trump se retirant de l’accord avec l’Iran et une famille assise dans un abri antiaérien (Ben Sales / JTA)

« Le Parlement israélien a commencé à examiner un projet d’amendement pour condamner à 5 ou 10 ans de prison quiconque enregistrerait ou diffuserait des contenus sur des soldats israéliens en service si l’intention de ‘porter atteinte au moral d’Israël et de ses résidents’ ou ‘de nuire à la sécurité de l’Etat’ était prouvée. Enfin, par effet d’autocensure, la réalité des territoires palestiniens ne figure que peu ou pas dans la presse israélienne. Quant aux correspondants étrangers, ils rencontrent souvent des difficultés pour obtenir ou renouveler leur accréditation. »

Le rapport estime également que les « exactions de l’armée israélienne » contre les journalistes palestiniens sont « fréquentes », surtout lors de « la couverture de manifestations ou d’affrontements en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza ».

Reporters sans frontières note ainsi qu’en 2018, « deux journalistes palestiniens ont été tués et des dizaines ont été blessés par l’armée israélienne alors qu’ils couvraient les ‘marches du retour’ dans la bande de Gaza ».

Des journalistes palestiniens arborent un portrait du journaliste Yasser Murtaja, lors de ses funérailles dans la ville de Gaza, le 7 avril 2018. (AFP PHOTO / MAHMUD JAMBON)

« De nombreux journalistes palestiniens, accusés d’inciter à la violence contre le pays ou de collaborer avec des organisations terroristes, sont victimes du système israélien de détention administrative : ils peuvent être détenus sans charge officielle pour une durée indéterminée et sans que leur dossier ne soit communiqué à un avocat. Plusieurs médias palestiniens accusés d’incitation à la violence ont été visés ou fermés par les forces armées israéliennes au cours des dernières années », conclut le rapport.

La « Palestine », comme notée dans le rapport, obtient elle la 137e place. « La pratique du journalisme en Palestine est un exercice périlleux, d’autant que les tensions politiques y demeurent très vives », indique l’étude.

« Les journalistes palestiniens continuent à faire les frais de la lutte que se livrent le Fatah et le Hamas dans les territoires palestiniens : menaces, interpellations, procédures-bâillons, arrestations sans inculpation, interrogatoires musclés, interdiction de couvrir certains événements… Ces tensions politiques, couplées à la pression des autorités israéliennes, compliquent fortement le travail des journalistes et poussent nombre d’entre eux à l’autocensure. »

Des journalistes palestiniens manifestent devant les bureaux de la Croix Rouge à Ramallah, en Cisjordanie, pour soutenir leur collègue, Omar Nazzal, placé en détention administrative par Israël, le 24 avril 2016. (Crédit : AFP/Abbas Momani)

« Plusieurs sites de médias considérés comme d’opposition par l’Autorité palestinienne sont inaccessibles depuis 2017. La censure en ligne vient aussi parfois des plateformes comme Facebook ou Twitter qui retirent, sur pression politique israélienne, des posts ou des comptes de journalistes ou de médias palestiniens accusés d’inciter à la violence. Si certains des contenus supprimés abusivement sont bien remis en ligne après sollicitation des modérateurs des plateformes, les ONG locales continuent de dénoncer un ‘deux poids, deux mesures’ par rapport aux contenus israéliens et palestiniens. »

Avec sa 88e place, Israël reste le pays le mieux placé parmi ses voisins. L’Egypte obtient la 163e place, la Turquie la 157e, la Jordanie la 130e et le Liban la 101e.

Parmi les pays du Maghreb, la Tunisie se classe 72e, le Maroc 135e, l’Algérie 141e et la Libye 162e.

La France est classée 32e, pays où une « haine croissante contre les journalistes » a été constatée.

« L’année 2018 a vu le nombre des attaques et des pressions contre les médias d’information [français] et contre les journalistes croître dangereusement. Insultés, menacés, agressés, voire blessés par des manifestants ou par les balles de défense des forces de l’ordre, des journalistes ont été confrontés pendant le mouvement des Gilets jaunes en novembre 2018 à un niveau de violence inédit en France », a noté l’ONG.

Logo de l’ONG française Reporters sans frontières.

Les Etats-Unis, où une « violence sans précédent contre les journalistes » a été constatée cette année, ont été classés 48e. La Russie se classe elle 149e.

En tête du classement, on retrouve pour la troisième année consécutive la Norvège, pays où « les médias sont libres, et où les journalistes ne subissent ni censure ni pressions politiques », suivie de la Finlande, de la Suède, des Pays-Bas, du Danemark et de la Suisse.

En bas de classement, on retrouve le Turkménistan, 180e place, «  trou noir de l’information toujours plus profond ». Il est précédé de la Corée du Nord, de l’Erythrée, de la Chine (177e), du Vietnam, du Soudan, de la Syrie (174e), de Djibouti, de l’Arabie saoudite (172e) et du Laos.

L’Iran obtient elle la 170e place, « l’un des pays les plus répressifs pour les journalistes depuis maintenant 40 ans » et dans lequel « au moins 860 journalistes et journalistes-citoyens ont été arrêtés, détenus ou exécutés par le pouvoir entre 1979 et 2019 ».

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