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Opinion

L’impossible Abbas

Mettant ostensiblement en garde contre la guerre de religion, le dirigeant de l'AP a nourri les flammes de la nouvelle vague terroriste

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Mahmoud Abbas à l'Assemblée générale des Nations unies à New York le 30 septembre 2015 (Crédit : Andrew Burton / Getty Images / AFP)
Mahmoud Abbas à l'Assemblée générale des Nations unies à New York le 30 septembre 2015 (Crédit : Andrew Burton / Getty Images / AFP)

Benjamin Netanyahu n’est pas un Premier ministre avec lequel il doit être facile de traiter pour Mahmoud Abbas par rapport à un Ehud Olmert par exemple.

Netanyahu n’a pas proposé de renoncer à la souveraineté israélienne dans la Vieille Ville en faveur d’un tribunal international, comme Olmert l’a fait.

Netanyahu a parfois laissé entendre une certaine volonté de compromis à Jérusalem, mais il n’a pas offert de diviser la ville en quartiers israéliens et palestiniens, comme Olmert l’a fait. Il a indiqué une volonté de compromis territorial en Cisjordanie, mais pas un retour aux lignes d’avant 1967 avec des échanges de territoires, comme Olmert l’a fait.

Sauf qu’Abbas n’a pas accepté les propositions de paix spectaculaires et sans précédent de 2008 d’Olmert. Comme Olmert l’a ensuite détaillé, Abbas n’a pas réussi à répondre à ses propositions du tout, même si elles répondaient à tous ses objectifs territoriaux qu’il avait réclamés pour la création d’un Etat palestinien.

Dans une interview accordée le 1er novembre 2012 à la Deuxième chaîne de la télévision israélienne, Abbas a juré que, territorialement, il n’avait pas de demandes sur Israël d’avant 1967.

« La Palestine est maintenant pour moi avec les frontières de 67, avec Jérusalem-Est comme capitale. Ceci est le cas maintenant et pour toujours », a-t-il dit. Alors pourquoi ne pas avoir accepté la proposition d’Olmert ?

Dans la même interview, Abbas a déclaré que bien qu’il soit né à Safed, dans le nord d’Israël, il n’avait pas le sentiment qu’il avait le droit de revenir et en faire de nouveau sa maison.

« C’est mon droit de le voir, mais pas d’y vivre », avait-il dit.

Alors pourquoi, quand l’infortuné John Kerry a dirigé en 2013-14 la tentative d’un rétablissement de la paix, Abbas a insisté pour que le « droit au retour » soit rendu à des millions de réfugiés palestiniens et à leurs descendants de deuxième, troisième et quatrième génération, un « droit » qui, s’il est exercé, constituerait la mort d’Israël comme un Etat juif ?

Enfin, dans cette interview de la télévision, Abbas a promis que tant qu’il était au pouvoir, il n’y aurait pas de troisième Intifada armée contre Israël. « Jamais », avait-il juré.

« Nous ne voulons pas utiliser la terreur. Nous ne voulons pas utiliser la force. Nous ne voulons pas utiliser des armes. Nous voulons utiliser la diplomatie. Nous voulons faire de la politique. Nous voulons utiliser les négociations. Nous voulons utiliser la résistance pacifique. Voilà ».

Alors pourquoi, il y a un an à l’ONU, a-t-il faussement et vilement accusé Israël de poursuivre une politique de « génocide à Gaza » – une accusation garantissant de faire monter l’hostilité arabe et palestinienne en particulier contre Israël ?

Et pourquoi, la semaine dernière à l’ONU, tout en mettant en garde, hypocritement, Israël contre la transformation du conflit « politique en [un conflit] religieux », a-t-il intensifié sa campagne pour faire précisément cela – avec des conséquences meurtrières prévisibles ?

Mercredi dernier, à New York, Abbas a mis en exergue une série d’allégations incendiaires sur ces derniers mois au sujet de soi-disants complots israéliens contre la mosquée al-Aqsa en affirmant au monde et, de manière plus pertinente, ses propres gens qui regardent ce que, à Jérusalem, « des groupes israéliens extrémistes commettent de manière répétée, des incursions systématiques dans la mosquée Al-Aqsa ».

Le gouvernement israélien, poursuivit-il, est la poursuite d’un « stratagème » pour imposer « une nouvelle réalité » au mont du Temple, « permettant aux extrémistes, sous la protection des forces d’occupation israéliennes, les ministres accompagnant et les membres de la Knesset, à entrer dans la mosquée, à certains moments, tout en empêchant aux fidèles musulmans d’accéder et d’entrer dans la mosquée à ces moments et de librement exercer leurs droits religieux ».

En réalité, Israël, après l’annexion du mont en 1967, capturant le site le plus sacré du judaïsme, a choisi d’autoriser les autorités musulmanes à continuer à administrer ses Lieux saints, tout en interdit aux Juifs d’y prier. Ce sont des arrangements encore et toujours en vigueur à ce jour.

Pour employer un euphémisme, il serait difficile d’imaginer toute autre force conquérante, qui dans de telles circonstances, initierait et conserverait de tels arrangements.

Ceux qui ont encore une certaine sympathie pour Abbas soulignent qu’il, chose encore vraie au moment de la rédaction de cet article, maintient la coopération de ses forces de sécurité de l’Autorité palestinienne avec leurs homologues israéliens.

Ils disent que c’est difficile pour lui de condamner les derniers actes de terrorisme palestinien parce qu’il est déjà largement considéré par son peuple comme un larbin israélien.

Ils soutiennent que ce n’est pas Abbas qui incite au terrorisme palestinien mais plutôt les articles arabes publiés dans les médias et l’accent implacable mis par les médias sociaux sur les présumées attaques israéliennes à Al-Aqsa.

Mais le fait est qu’Abbas n’a jamais cherché à contrer l’affirmation de son prédécesseur Yasser Arafat qu’il n’y avait pas eu de temples juifs de Jérusalem et donc, par extension, qu’il n’y a pas de légitimité historique de la souveraineté juive ici.

Le fait est qu’Abbas n’a pas permis le développpement d’un sentiment d’un lien juif sur le mont du Temple pour compliquer le récit palestinien de l’illégitimité israélo-juive.

Le fait est qu’Abbas ne s’est pas démené de manière décisive pour empêcher la vicieuse incitation à la haine anti-israélienne dans les médias palestiniens.

Le fait est que l’AP d’Abbas a continué la pratique d’honorer les terroristes et les « martyres » [shahid].

Mahmoud Abbas, entouré d'une foule de palestiniens accueillant les prisonniers libérés en aout 2013. (Crédit Issam Rimawi/Flash90)
Mahmoud Abbas, entouré d’une foule de palestiniens accueillant les prisonniers libérés en aout 2013. (Crédit Issam Rimawi/Flash90)

Le fait est qu’Abbas, que beaucoup en Israël voulait voir, même après 2008, comme un partenaire pour la paix – y compris Olmert lui-même, à ce jour – a depuis longtemps échoué auprès de son peuple et du nôtre.

Le fait est qu’Abbas a délibérément alimenté les flammes de cette dernière vague de terreur centrée sur Al-Aqsa.

Sombre et amer, paralysé entre son empathie pour l’entreprise d’implantation et son inquiétude face au fait qu’Israël pourrait devenir un Etat binational, Netanyahu n’est pas un Premier ministre facile pour un dirigeant palestinien réellement à la recherche d’un accord viable durable pour la paix.

Mais Mahmoud Abbas n’est pas un tel leader palestinien.

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