Israël en guerre - Jour 649

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Reportage

L’incertitude des Israéliens après l’attaque nocturne contre les installations du nucléaire iranien

Alors que Tsahal a visé des cibles à plus d'un millier de kilomètres, les citoyens, réveillés par des alertes d'urgence, sont retournés se coucher dans des abris avant la riposte attendue de l'Iran

Des Israéliens faisant leurs courses à Tel Aviv, alors que le pays se prépare à une riposte iranienne aux attaques israéliennes contre le programme nucléaire de la République islamique, le 13 juin 2025. (Crédit : Michael Giladi/FLASH90)
Des Israéliens faisant leurs courses à Tel Aviv, alors que le pays se prépare à une riposte iranienne aux attaques israéliennes contre le programme nucléaire de la République islamique, le 13 juin 2025. (Crédit : Michael Giladi/FLASH90)

Les rues de Tel Aviv étaient calmes vendredi matin, alors même que les dirigeants du pays appelaient la population à se préparer à des représailles iraniennes après l’attaque à grande échelle lancée par Israël contre l’Iran.

Le Commandement du Front intérieur a informé la population que les écoles seraient fermées dans tout le pays et a interdit les rassemblements publics, et annulé la Gay Pride de Tel Aviv, qui attire habituellement des dizaines de milliers de personnes dans la ville.

« Nous avons déjà vécu cette situation deux fois », a dit Uri, 31 ans, assis sur un banc devant un supermarché, se demandant s’il devait ouvrir son restaurant ou jeter la nourriture du jour.

« Pour être honnête, je m’en fiche. Je vais juste aller dans un miklat [abri anti-atomique] et tout ira bien », a-t-il répondu lorsqu’on lui a demandé s’il s’inquiétait pour sa sécurité.

L’Iran a tiré des centaines de drones et de missiles balistiques sur Israël lors de deux attaques l’an dernier, dans le contexte de la guerre qui fait rage dans la région depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023. Ces salves ont semé la panique parmi la population israélienne, mais n’ont causé que des dégâts mineurs.

Une autre habitante, Vered Saar, était plus bouleversée, affirmant que ce qui l’effrayait le plus était le risque « d’incertitude et de chaos ».

Des gens faisant leur jogging, alors que le pays se prépare à une éventuelle riposte de l’Iran contre Israël, après une vague de frappes israéliennes contre la République islamique, à Tel Aviv, le 13 juin 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/FLASH90)

Cette pâtissière de 54 ans a indiqué avoir immédiatement appelé ses enfants lorsque son téléphone a commencé à émettre une alerte d’urgence pendant la nuit.

Les sirènes d’alerte ont retenti dans tout le pays vers 3 heures du matin, dans l’attente d’une riposte iranienne, et peu après, les Israéliens ont été invités à rester à proximité des abris anti-atomique jusqu’à nouvel ordre.

« C’était très effrayant… Je n’ai pas pu me rendormir », a déclaré Saar à l’AFP. Les magasins sont restés fermés et les rues étaient désertes.

« Je suis davantage préoccupée par l’incertitude, par la possibilité qu’il y ait de nombreux blessés et que le chaos règne », a-t-elle ajouté.

« Je m’inquiète pour mes enfants, mais aussi pour mes moyens de subsistance, car cela affecte le marché. On ne peut ni travailler, ni faire quoi que ce soit. »

Dans le cadre de sa plus grande opération militaire contre l’Iran à ce jour, Israël a lancé une vague de frappes qui a touché une centaine de cibles, notamment des installations nucléaires et des centres de commandement militaire, et éliminé plusieurs personnalités de haut rang, dont le chef du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé du régime iranien, ainsi que les principaux scientifiques nucléaires.

Par la suite, l’armée a confirmé que l’Iran avait lancé environ 100 drones en représailles. Mais dans l’après-midi, le Commandement du Front intérieur a levé l’avis de mise à l’abri, déclarant que les citoyens n’avaient plus besoin de rester à proximité des zones protégées. Tsahal a affirmé que la menace des drones iraniens était « sous contrôle ».

Dans tout le pays, les supermarchés et certains cafés sont restés ouverts, même si certains commerces ont préféré garder portes closes. Les consommateurs ont fait des provisions de nourriture et d’eau en bouteille, provoquant de longues files d’attente aux caisses.

Les Israéliens faisant leurs provisions à Jérusalem, au lendemain du lancement par Israël d’une vague de frappes aériennes contre l’Iran, le 13 juin 2025. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP)

« Mon frigo est vide », a déclaré Noha, 41 ans, alors qu’elle se rendait au supermarché. Cette mère de deux enfants a expliqué qu’elle avait prévu de fêter son anniversaire de mariage avec son époux dans un hôtel.

Noha a exprimé son inquiétude quant à la gravité d’éventuelles représailles, ajoutant que les gens se demandaient si les abris anti-bombes de leurs immeubles seraient suffisamment solides pour résister à une attaque ou s’il serait plus sûr de se réfugier dans des abris souterrains.

« Démoralisant »

L’Iran a qualifié de « déclaration de guerre » l’attaque massive d’Israël sur son territoire, et menacé de la « faire regretter » à son ennemi juré, par la voix de son président, Massoud Pezeshkian.

Les dirigeants israéliens justifient l’opération par une menace existentielle de l’Iran pour l’Etat hébreu, en raison de son intention de se doter de la bombe atomique, ce que Téhéran nie.

De nombreux Israéliens ont exprimé leur épuisement et un profond sentiment de malaise. Or Hasson, professeur d’université, a dit se sentir impuissant.

« Nous avons le sentiment de ne pouvoir compter sur personne », a déclaré Hasson, 45 ans.

« Nous avons l’impression que notre gouvernement joue avec nos vies et celles des autres. Nous sommes inquiets, bien sûr, fatigués et un peu impuissants. C’est du moins ce que je ressens », a-t-il ajouté.

Des Israéliens faisant leurs courses à Tel Aviv, dans l’attente de représailles de l’Iran contre Israël, le 13 juin 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/FLASH90)

« La seule chose qui soit certaine, c’est l’incertitude. Et nous adaptons notre mode de vie à chaque instant en fonction des changements, ce qui est à la fois épuisant et démoralisant. »

Reuven Peleg, un habitant de Jérusalem, a déclaré que lui, son épouse et leur fillette avaient passé la nuit dans le miklat de leur immeuble, un abri anti-atomique commun situé au sous-sol.

Il a déclaré au Times of Israel qu’il ne se sentait toujours pas rassuré, même si le Commandement du Front intérieur avait levé les consignes de rester à proximité des abris.

Il a expliqué que la situation était désormais « suspendue », tout en admettant qu’il était plus inquiet avant que le feu vert ne soit donné, se demandant combien de temps sa famille devrait rester dans l’abri en cas d’attaque iranienne.

Par mesure de précaution, il a annulé son week-end chez ses parents à la campagne et a déclaré qu’il ne savait toujours pas s’il devait se rendre au travail dimanche, dans une entreprise de haute technologie.

Dans le même temps, certains Israéliens ont salué ces frappes.

« Sur le principe, je pense que c’est une bonne idée », a déclaré Alex, un ouvrier du bâtiment de 48 ans, qui n’a donné que son prénom.

« L’Iran n’est pas vraiment un bon citoyen du monde, c’est le moins que l’on puisse dire, et son programme nucléaire pose clairement problème […] Je pense qu’il fallait le faire à un moment ou à un autre », a-t-il ajouté, alors que les dirigeants israéliens ont prévenu que l’Opération « Rising Lion » était appelée à durer plusieurs jours.

Quant aux menaces iraniennes de riposte, elles ne l’inquiètent pas.

« C’est assez loin, et je doute qu’ils soient capables […] Ils ont déjà essayé, mais n’ont pas réussi à faire beaucoup de dégâts. »

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