Israël en guerre - Jour 530

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L’otage Keith Siegel a eu des moments « où il a perdu tout espoir », dit sa famille

Aviva Siegel, qui avait, elle aussi, été kidnappée, a dû informer son époux de la mort de sa mère, ajoutant qu'elle a été effrayée par la maigreur de son mari à son retour

L'otage israélo-américain Keith Siegel, à droite, retrouve sa femme Aviva peu après avoir été libéré de sa captivité à Gaza, le 1er février 2025. (Armée israélienne)
L'otage israélo-américain Keith Siegel, à droite, retrouve sa femme Aviva peu après avoir été libéré de sa captivité à Gaza, le 1er février 2025. (Armée israélienne)

Après 484 jours de captivité passés dans les geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas, la première question posée par Keith Siegel alors qu’il embarquait à bord de l’hélicoptère qui le ramenait en Israël a été la suivante : sa mère était-elle encore en vie ?

« Quand sa mère est décédée [au mois de décembre], j’ai dit à tout le monde que je ne voulais pas et que je ne pouvais pas être celle qui lui annoncerait la nouvelle », a confié à la chaîne d’information N12 son épouse, Aviva.

« Je ne parvenais pas à lui dire », a-t-elle expliqué devant les caméras. « J’ai commencé à suffoquer et j’ai commencé à pleurer. Il a compris et il m’a dit : ‘Elle est partie’. »

Keith, un ressortissant israélo-américain âgé de 65 ans, a été relâché par le Hamas la semaine dernière aux côtés de deux autres Israéliens dans le cadre de la quatrième remise en liberté d’otages qui étaient jusque-là détenus au sein de l’enclave côtière – des libérations qui sont intervenues dans le contexte de la première phase de l’accord de cessez-le-feu qui a été finalisé entre l’État juif et le groupe terroriste du Hamas.

Ses geôliers l’avaient obligé à écrire une lettre de remerciement, lui indiquant ce qu’il devait y dire. Il avait alors répondu : ‘Très bien, peu importe, je vais l’écrire’, » a expliqué Aviva. « Quand vous êtes dans la survie – je le sais parce que j’y ai été moi-même – vous vous dites toujours : Comment vais-je pouvoir mieux survivre ? »

Le couple avait été kidnappé au kibboutz Kfar Aza, le 7 octobre 2023, lorsque des milliers de terroristes placés sous la direction du Hamas avaient pris d’assaut le sud d’Israël. Les hommes armés avaient massacré plus de 1 200 personnes et ils avaient enlevé 251 personnes, qui avaient été prises en otage à Gaza.

Aviva et Shaï Siegel réagissant en regardant leur mari et père Keith Siegel libéré de la captivité du Hamas, le 1er février 2025. (Crédit : Capture d’écran/Armée israélienne)

Aviva avait été libérée dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu qui avait été conclu au mois de novembre 2023, après 51 jours de captivité. Depuis, elle s’est battue sans discontinuer en faveur de la libération de son mari.

« C’est fou d’être de l’autre côté », a-t-elle fait remarquer après avoir appris que Keith allait être relâché.

Aviva ignorait que son fils, Shaï, avait survécu au massacre avant de revenir en Israël. Lorsque Keith a été remis en liberté, Aviva a voulu s’assurer qu’il savait que Shaï était encore en vie.

« Un jour, au mois de février, les ravisseurs de Keith l’ont laissé écouter la radio », a raconté Aviva, « et il a entendu Ilan, notre fille, qui parlait de son frère qui avait survécu au massacre de Kfar Aza ».

« S’il ne l’avait pas entendu ce jour-là, il ne l’aurait pas su avant aujourd’hui », a indiqué Aviva.

Elle a ajouté que Keith avait été « tellement, tellement heureux » d’entendre la voix d’Ilan à la radio.

Leur autre fille, Shir, a fait savoir à la chaîne N12 que Keith se souvenait de tous les détails de cette émission radiophonique.

« Il m’a dit : ‘Est-ce que ce n’est pas vrai qu’au 205e jour à 14 heures 40, sur telle station de radio, vous vous trouviez devant la maison d’untel’… Il se souvient parfaitement des choses. Ça a été sa bouée de sauvetage. »

L’otage libéré Keith Siegel retrouvant ses trois filles, à l’hôpital Ichilov, le 1er février 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Jusqu’à son retour en Israël, Aviva avait été détenue avec Keith – ainsi qu’avec Amit Soussana, qui avait également été relâchée au mois de novembre 2023 et avec les soldates Liri Albag et Agam Berger, qui ont été remises en liberté dans le cadre de l’accord actuel.

Selon Aviva, Liri et elle avaient noué une relation particulière en captivité.

Aviva a raconté comment son mari avait sombré dans une dépression profonde en captivité lorsque Liri « l’a regardé et elle lui a dit : ‘Keith, je suis inquiète pour toi, reviens vers nous’. Et elle a réussi à le sortir de la dépression alors que je n’y étais pas parvenue moi-même. »

Aviva a expliqué qu’elle avait été stupéfaite par la manière dont Liri traitait leurs geôliers. « Je lui demandais toujours : ‘Quoi ? Mais comment es-tu capable d’entretenir une relation de ce type avec les terroristes ?’ et Liri m’a répondu : ‘Ce n’est qu’un jeu, et je sais parfaitement que je dois jouer le jeu’. »

« Je lui ai dit : ‘Je ne peux pas, je ne peux tout simplement pas’, » s’est-elle rappelée.

« Et elle – elle a des super-pouvoirs. »

Quand elles se sont rencontrées à l’hôpital en Israël, elle a embrassé Liri – d’autres otages libérés ont également félicité la jeune soldate pour son comportement en captivité – ravie que l’ex-captive soit enfin en mesure de ne s’occuper que d’elle-même.

« Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire », a dit Aviva.

Liri Albag, otage libérée, courant embrasser ses frères et sœurs, au centre hospitalier Rabin, à Petah Tikva, le 25 janvier 2025. (Crédit : Haïm Zach/GPO)

« Il savait que cela pouvait être sa fin à n’importe quel moment »

Selon le reportage qui a été diffusé par la chaîne N12, les conditions de vie de Keith, en captivité, s’étaient aggravées après l’accord conclu au mois de novembre 2023.

Sa fille Shir a confié devant les caméras : « Une partie du temps, il est resté seul et une autre partie du temps, il y avait d’autres otages avec lui ».

Les ravisseurs de Keith, a-t-elle ajouté, « lui ont constamment fait croire qu’il aurait pu être libéré mais qu'[Israël] avait choisi de ne pas le faire, ou qu’Israël ne faisait pas suffisamment de choses pour lui permettre de rentrer à la maison ».

« Il pense qu’il aurait pu revenir ici depuis longtemps, et je pense que c’est quelque chose d’extrêmement difficile pour lui », a-t-elle noté.

« Il y a même eu des moments où il se disait qu’il devait faire ses adieux, en quelque sorte », a continué Shir. « Il savait que chaque instant pouvait être le dernier. »

Quand Keith est revenu, il était clairement sous-alimenté.

« Il ne ressemblait plus à lui-même », a déclaré Aviva. « Il avait l’air très mal en point et j’ai eu peur. »

L’otage libéré Keith Siegel retrouve sa famille à l’hôpital Ichilov, le 1er février 2025. (Crédit : armée israélienne)

« Il a perdu des dizaines de kilos », a poursuivi Shir, et « il a été détenu dans des lieux inappropriés pour des êtres humains ».

« Pas dans des lieux, non – il a été placé dans des situations inhumaines », s’est repris Aviva. « Dans les conditions les plus extrêmes. »

Keith, qui est végétarien, devait parfois manger de la viande pour survivre, car c’était la seule alimentation disponible. « Il dit que ça a été une expérience très, très difficile », a indiqué sa fille à la chaîne N12.

« Ce n’est pas un hasard si l’une des premières choses qu’il a dites à son retour a été : ‘Je suis vegan’, » a dit Shir. « Pour lui, c’est une prise de conscience du fait qu’enfin, il contrôle les choses – que personne ne lui imposera quoi que ce soit, que personne ne décidera pour lui, et qu’il est libre et indépendant, qu’il peut décider qu’il est végan et qu’il aura toujours ce qu’il voudra manger. »

L’otage Keith Siegel lors de sa libération dans la ville de Gaza, le 1er février 2025. (Crédit : Capture d’écran/YouTube)

Elle a expliqué à la chaîne que son père ne voyait que rarement la lumière du soleil pendant sa captivité. Aviva a noté que dans l’une des maisons où Keith a été conservé en détention, « il y avait une fenêtre très haute, par laquelle il était très difficile d’apercevoir quelque chose – je pense qu’ils utilisaient peut-être un tabouret pour se hisser jusqu’à la fenêtre ou quelque chose comme ça – et il a demandé à voir la lumière du jour, juste pour être en mesure de se tenir debout et de regarder le ciel ».

Keith est resté seul pendant les deux derniers mois de sa captivité et se répétait la date, le jour de la semaine et le nombre de jours de sa captivité pour chacun des 484 jours qu’il a passés en tant qu’otage, ont raconté ses frères et sœurs au Times of Israel.

« Sa stratégie consistait à rester en lui-même autant que possible », a déclaré Lee Siegel, le frère aîné de Keith, originaire du kibboutz Gezer.

« Il a trouvé sa stratégie pour rester ancré, quel était le nombre de jours, avec qui il était, et il l’a répété et répété. »

Keith a raconté à sa famille qu’au jour 205, il a entendu sa fille Elan interviewée en hébreu dans une émission de radio arabe, et que c’est ainsi qu’il a découvert que son fils Shaï était vivant et qu’il n’avait pas été tué le 7 octobre.

Keith a été déplacé 33 fois au cours de ses quinze mois de captivité et a souvent été enfermé dans des pièces sombres où il était contraint de s’allonger et de rester silencieux.

« Il pouvait nous dire s’il y avait un chien dans la maison où il se trouvait et si le chien avait un nom », a rapporté son frère David Siegel.

« Il était très concentré, et il se récitait des détails tout au long de la journée pour se souvenir du jour [et du lieu] où il se trouvait. »

L’otage libéré Keith Siegel remis aux troupes de l’armée israélienne, dans la bande de Gaza, le 1er février 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Bien que Keith ait perdu beaucoup de poids et qu’il ait souvent dû renoncer à son régime végétarien pendant sa captivité pour survivre, il a maintenant décidé d’adopter un régime végétalien, a déclaré son frère Lee Siegel, et il « se régale ».

« Il a envie de tofu », a ajouté sa sœur Lucy Siegel.

« Il en a mangé au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner. »

Il se sent chez lui

À son retour, Keith a exprimé son désir de se rendre à Kfar Aza. Le kibboutz avait été totalement ravagé et pratiquement toutes ses structures seront reconstruites ou définitivement démolies pendant l’attaque sanglante du 7 octobre 2023. Sur le millier d’habitants que comptait la communauté, 62 avaient perdu la vie lors du pogrom, et une vingtaine de personnes avaient été kidnappées.

« Je n’y suis pas retournée depuis », a confié Aviva. « Je n’ai pas envie d’y aller. »

« Keith a été choqué d’apprendre que la famille ne vivait plus là-bas », a-t-elle ajouté.

Shira dit avoir été déconcertée par les questions qui ont principalement préoccupé son père à son retour sur le sol israélien : « Il a posé des questions sur les disques vinyles à la maison… sur l’aspect de la maison, sur la personne chargée d’arroser les plantes dans le jardin. Toutes sortes de choses qui vous font vous dire : mais comment se fait-il que ce soit ça qui t’inquiète aujourd’hui ? »

Après son rapatriement au sein de l’État juif, au troisième jour, la famille de Keith l’a emmené à la plage.

« Keith a été enchanté de pouvoir respirer de l’air frais, d’être à côté de la mer de la Terre d’Israël, d’être à côté de sa mer », a raconté Aviva.

« Il se sent chez lui ici. »

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