L’UE réitère son opposition à l’ouverture de missions diplomatiques à Jérusalem
Au lendemain de l'ouverture par la Hongrie d'une mission commerciale à Jérusalem, l'UE répète que ses membres "continueront à respecter le consensus international" sur la ville
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Au lendemain de l’ouverture d’un bureau commercial « diplomatique » à Jérusalem, l’Union européenne a insisté mercredi que ses États membres continueront de s’opposer à la présence de missions diplomatiques dans la ville.
« La position de l’Union européenne et ses États membres sur Jérusalem reste inchangée, » a indiqué un porte-parole de la mission de l’Union à Tel Aviv au Times of Israel.
« L’Union européenne et ses États membres continueront de respecter le consensus international sur Jérusalem, exprimé, notamment, dans la résolution 478 du Conseil de sécurité de l’ONU, y compris en ce qui concerne l’emplacement des représentations diplomatiques tant que le statut final de Jérusalem n’est pas résolu, » a poursuivi le porte-parole.
Adoptée en 1980, la résolution 478 appelle tous les États « qui ont établi des missions diplomatiques à Jérusalem à retirer ces missions de la Ville sainte. »
La Hongrie ne procède pas à l’ouverture d’une ambassade à Jérusalem, simplement d’une mission commerciale, a souligné le porte-parole.
Dans le même temps, l’Autorité palestinienne a fait savoir qu’elle rappelait son ambassadeur en Hongrie pour le consulter en réaction à la décision de Budapest.
Plusieurs Etats d’Europe de l’Ouest, y compris la France, disposent de consulats à Jérusalem qui servent principalement — mais pas uniquement — les Palestiniens. Mais ils sont considérés comme des missions consulaires qui remplissent un objectif « complètement différent » que les ambassades ou les bureaux commerciaux, d’après le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon.
« Ils s’occupent des problèmes consulaires qui touchent la population de Jérusalem. Ici, nous parlons de tout à fait autre chose. C’est de la pure diplomatie, » a-t-il précisé au Times of Israel mardi, en référence au bureau commercial du pays d’Europe centrale. « Il fait partie de l’ambassade, et il sera en charge de questions qui vont bien au-delà de simples questions consulaires. »
Mardi, le ministère hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjártó et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont coupé le ruban du nouveau bureau commercial du pays. Situé au 15e étage de l’immeuble de bureaux Migdal Ha’ir dans l’ouest de Jérusalem, il est considéré comme une « antenne » de l’ambassade du pays en Israël, d’après le cabinet de Benjamin Netanyahu.
« C’est un moment très exaltant pour nous, car c’est la première mission diplomatique européenne qui ouvre à Jérusalem depuis plusieurs décennies. Trois diplomates hongrois seront rattachés à ce bureau pour des raisons commerciales, » a déclaré le Premier ministre. « C’est important pour le commerce, la diplomatie et pour le mouvement qu’initie la Hongrie afin de changer l’attitude de l’Europe à l’égard de Jérusalem. »
Lors de la cérémonie d’ouverture, Péter Szijjártó a répété que Budapest souhaitait une approche « juste et équilibré » envers Israël par la communauté internationale, mais n’a pas explicitement évoqué le statut ostensiblement diplomatique du nouveau bureau commercial.
Plus tôt mardi, lors d’une visite en Jordanie, le ministre hongrois a souligné que la position de son pays au sujet du processus de pays au Moyen-Orient était « conforme » à celle de l’UE.
« Je voudrais souligner… que notre ambassade se trouve à Tel Aviv, et nous ne prévoyons pas de changement en la matière, » a-t-il déclaré.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le chef de la diplomatie hongroise a également fait savoir que Budapest s’opposait aux efforts « d’associer des mesures de rétorsion économique et commerciale à des problèmes politiques, » faisant probablement référence à la position de l’UE consistant à lier progression dans les relations bilatérales à une avancée du processus de paix.
Péter Szijjártó a également rappelé l’opposition de son gouvernement à la directive européenne obligeant à l’étiquetage des produits israéliens conçus dans les implantations.
« Nous n’appliquerons pas la décision de la Commission européenne concernant l’étiquetage. Nous ne soutenons pas la liste des entreprises présentes dans des implantations qui doit être annoncée par le haut représentant des Droits de l’homme de l’ONU, et nous appelons à une meilleure coopération, plus étroite et dynamique entre Israël et l’Union européenne, » a-t-il assuré.
En réaction à ces déclarations, une source interne à l’UE a indiqué au Times of Israel que les Etats membres ont « la responsabilité d’appliquer les directives et sont conscients de la nécessité d’appliquer la législation de la Commission européenne. »
Étiqueter les produits issus des implantations « est conforme à la politique de l’UE concernant le processus de paix au Moyen-Orient, L’UE considérant les implantations israéliennes comme illégales au regard du droit international et comme ne faisant pas partie d’Israël, » a poursuivi la source.
Appliquer la mesure d’étiquetage relève de la responsabilité première des Etats membres, mais en tant que « gardien » de la législation de l’UE, la Commission est chargée de s’assurer du respect des obligations légales des Etats membres, a expliqué la source.
L’ouverture du bureau commercial avait initialement été annoncé le mois dernier lors d’une visite du Premier ministre hongrois Viktor Orban à Jérusalem.
Le 19 février dernier, le Premier ministre slovaque Peter Pellegrini, avait également fait savoir que son pays allait ouvrir un bureau culturel et commercial dans la Ville sainte, mais sans préciser clairement s’il aurait un quelconque statut diplomatique.
Les deux hommes ne sont néanmoins pas allés jusqu’à reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël. Actuellement, seuls les États-Unis et le Guatemala y ont installé leur ambassade.
En novembre, la République tchèque avait officiellement ouvert une Maison tchèque à Jerusalem, qui abrite des entreprises comme CzechInvest, CzechTrade, CzechTourism, Czech Center dans un petit bureau de la Cinémathèque de la capitale.
Contrairement à la mission commerciale hongroise prévue, la Maison tchèque ne dispose pas de statut diplomatique, avait insisté des officiels à l’époque.