L’Université de Californie règle 6 plaintes pour antisémitisme et 3 pour islamophobie
Cinq campus ont réglé des affaires relevant du Titre VI, dont la majorité concernait l'antisémitisme, ainsi que la discrimination et les manifestations anti-Israël
Le ministère américain de l’Éducation a annoncé vendredi avoir répondu à neuf plaintes relatives à l’antisémitisme et à l’islamophobie déposées contre cinq campus de l’Université de Californie (UC), dont certaines concernaient un important campement anti-Israël à Los Angeles – un camp qui avait donné lieu à des violences au printemps dernier.
Cette résolution de grande ampleur survient dans les dernières semaines du mandat du président américain Joe Biden, et alors que le président-élu Donald Trump a menacé de supprimer complètement le département, ce qui pourrait potentiellement transférer les enquêtes sur l’antisémitisme en vertu du Titre VI de la loi sur les droits civiques aux soins du Département de la Justice.
Le Bureau des droits civils (OCR) du ministère de l’Éducation, qui traite les affaires relevant du Titre VI, a écrit dans une lettre ouverte à Michael Drake, président du système de l’UC, qu’il avait « identifié des problèmes de conformité, avec des universités qui ne semblent pas avoir répondu rapidement ou efficacement » aux allégations de harcèlement. En outre, selon l’OCR, trois des établissements « semblent avoir traité différemment les étudiants en fonction de leur origine nationale réelle ou supposée ».
Quatre des cas résolus concernent l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), où un campement indiscipliné, au printemps, s’était soldé par des violences et des arrestations. L’UCLA a reçu des plaintes de la part d’étudiants favorables et défavorables à Israël, des plaintes affirmant que l’établissement n’avait pas assuré leur protection lors des campements. Cela a récemment valu au campus une réprimande juridique – des accusations avaient porté sur un blocage de certaines parties du campus à des étudiants juifs, de la part des manifestants.
Un groupe de travail interne sur l’antisémitisme à l’UCLA a également constaté récemment que l’université avait favorisé un environnement antisémite, notamment en raison des campements.
Lors des rassemblements, les manifestants avaient scandé « mort à Israël » et « pas de paix tant qu’ils ne sont pas morts », a indiqué le ministère. Sur le site du campement, les manifestants avaient mis en place des barrages qui excluaient les étudiants juifs de la zone de protestation et de certaines parties du campus. Cela avait incité le chancelier de l’école à publier une déclaration affirmant que les étudiants juifs du campus, entre autres, avaient ressenti « un état d’anxiété et de peur ».
Deux autres plaintes concernent l’Université de Davis, où un membre du corps enseignant avait proféré en octobre 2023 des menaces à l’encontre de « journalistes sionistes » sur les réseaux sociaux, et où des étudiants musulmans et palestiniens ont affirmé avoir été victimes de « doxxing » et de harcèlement. Il est difficile de dire s’ils étaient impliqués dans les manifestations anti-Israël ou s’ils ont été ciblés simplement en raison de leurs origines.
Les trois autres affaires concernent le ciblage d’un président du corps étudiant juif à l’Université de Santa Barbara ; des accusations de « propagande anti-sioniste » qui avaient été lancées au département d’études ethniques et raciales de l’Université de Santa Cruz, avec l’incapacité de cette dernière à répondre aux activités préjudiciables de sa section du groupe Students for Justice in Palestine (SJP).
Dans une déclaration accordée à la Jewish Telegraphic Agency, le système de l’UC s’est dit « satisfait » de l’accord de résolution et a affirmé qu’il « rejette sans équivoque l’antisémitisme, l’islamophobie et toutes les formes de harcèlement et de discrimination ». La déclaration a également fait état d’autres mesures prises récemment par l’établissement pour résoudre le problème, telles que la création de son propre OCR, l’adoption d’une politique anti-discriminatoire et l’imposition de nouvelles limites aux manifestations et autres activités.
Dans le cadre de l’accord de résolution, le système de l’UC a accepté de dispenser une formation annuelle sur le Titre VI au personnel et à la police des campus, de communiquer davantage d’informations à l’OCR sur la manière dont ses campus répondront aux plaintes pour harcèlement, ainsi que de procéder à des audits annuels et à des évaluations régulières du climat sur les cinq campus mentionnés dans la plainte.
Six des neuf plaintes concernaient des actes de harcèlement à l’encontre d’étudiants juifs et israéliens. L’OCR a déclaré avoir rejeté l’une de ces plaintes, concernant une étudiante juive de l’UCLA qui affirmait que le SJP l’avait empêchée de rejoindre le groupe, en raison de l’absence de preuves dans ce dossier. Les trois autres plaintes concernaient le harcèlement d’étudiants musulmans, arabes ou palestiniens.
Justin Samuels, un activiste juridique conservateur non juif dont la plainte a déclenché l’une des enquêtes de l’UC Davis, a déclaré à la JTA qu’il était « heureux d’avoir contribué » à leur résolution. Samuels avait déposé des plaintes au Titre VI concernant l’antisémitisme sur les campus à la suite du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, au cours duquel quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas avaient pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils et enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
« Je m’attends à ce que l’administration Trump soit beaucoup plus proactive en matière de discrimination fondée sur l’ascendance partagée », a-t-il ajouté.
L’OCR a continué à résoudre des cas de Titre VI liés à l’antisémitisme depuis l’élection, bien que des dizaines d’autres restent actifs. Un accord de résolution distinct, également annoncé vendredi, a statué que l’Université de Cincinnati n’avait pas répondu de manière appropriée aux plaintes pour discrimination à l’encontre d’étudiants juifs, des plaintes liées à un rassemblement d’étudiants « Spooky Zionist ».
L’université a également accepté de rendre compte régulièrement à l’Office de sa gestion des cas de discrimination, ainsi que de dispenser une formation supplémentaire à ses employés et de procéder à des évaluations du climat sur le campus.
« L’université semble avoir agi en pensant à tort que si un plaignant ne pouvait pas identifier un auteur par son nom, que si le comportement ne visait pas une personne en particulier, que si le comportement impliquait plusieurs auteurs ou une organisation étudiante enregistrée, ou que si le comportement avait lieu en dehors du campus, elle n’avait pas l’obligation de traiter le harcèlement présumé », a déterminé le bureau selon sa déclaration.