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L’usage du smartphone par les mères nuirait au développement de l’enfant

Une étude de l'université de Tel Aviv révèle que les interactions avec l'enfant sont divisées par 4 lorsque la mère - et sûrement le père - est sur son téléphone ou lit un magazine

Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Selon une étude publiée récemment par des chercheurs de l’université de Tel Aviv, il se pourrait que les parents distraits par leur smartphone causent des dommages à long-terme au développement de leurs enfants en bas âge, car ils n’interagissent pas suffisamment avec eux.

La recherche a révélé que l’interaction entre les mères et les tout-petits est divisée par quatre lorsque la mère utilise son smartphone, a déclaré l’université dans un communiqué sur la recherche.

« Les conséquences d’une interaction inadéquate entre la mère et l’enfant peuvent être considérables », a mis en garde Katy Borodkin, du département des troubles de la communication de la Stanley Steyer School of Health Professions, Sackler Faculty of Medicine, et qui a dirigé l’étude.

Il y a une « forte probabilité » que les résultats de la recherche s’appliquent également aux pères, a déclaré Borodkin, car hommes et femmes ont des habitudes similaires d’utilisation de leurs smartphones.

Capture d’écran de la vidéo de la chercheuse Katy Borodkin du département des troubles de la communication de l’école Stanley Steyer des professions de la santé, faculté de médecine Sackler. (Crédit : YouTube)

Borodkin a noté qu’il n’existe actuellement aucune recherche suggérant que l’utilisation des smartphones par les parents affecte réellement le développement de l’enfant, « car il s’agit d’un phénomène relativement nouveau », mais les résultats indiquent un « impact négatif sur les fondements du développement de l’enfant ».

Les chercheurs ont observé des dizaines de mères dans leurs interactions avec leurs enfants âgés de 2 à 3 ans. Les mères ont été informées que l’expérience visait à examiner le lien entre les intérêts d’une mère et d’un enfant. Elles ne connaissaient donc pas le véritable objectif, qui était d’examiner leurs interactions, explique Borodkin.

On a demandé aux mères de parcourir une page Facebook spécifique et d’aimer les vidéos et les articles qu’elles trouvaient intéressants pendant que leurs enfants jouaient. Dans d’autres sessions, on leur a demandé de lire un magazine imprimé en marquant les articles qui les intéressaient, puis de jouer avec leurs enfants, et enfin de jouer avec leur enfant lorsque le smartphone et le magazine n’étaient pas dans la pièce.

Selon Borodkin, l’expérience a été conçue pour simuler des situations réelles dans lesquelles une mère partage son attention entre son enfant et son smartphone. Ses sujets se sont comportés naturellement, « partageant leur intérêt entre les tout-petits et le smartphone et les magazines. »

Jeune femme utilisant un smartphone de la marque Apple (Crédit : Frederic J. Brown)

Les séances ont été filmées puis soigneusement examinées image par image pour quantifier les interactions mère-enfant.

Les chercheurs de Tel Aviv ont défini trois éléments dans les interactions mère-enfant et ont étudié comment les participants aux expériences se comportaient dans chacun d’eux.

L’apport linguistique maternel, c’est-à-dire le contenu linguistique qu’une mère transmet à son enfant, s’est avéré, lors de recherches antérieures, être un facteur prédictif important du développement du langage, un apport réduit entraînant une réduction du vocabulaire chez l’enfant qui peut se prolonger à l’âge adulte, indique le communiqué.

Une autre composante, les tours de conversation, permet de mesurer le degré d’interactivité du discours entre la mère et l’enfant. C’est au cours de ces interactions réactives que l’enfant apprend qu’il a quelque chose à apporter à l’interaction et qu’il acquiert une compréhension des normes et des interactions sociales. Il s’agit donc d’un facteur prédictif du développement linguistique et social.

Des enfants et leurs enseignants au Gan Nayot, à Jérusalem, le 10 mai 2020. (Crédit : Yonatan SIndel/Flash90)

Enfin, les chercheurs ont examiné la réactivité de la mère, en mesurant l’immédiateté des réponses et leur lien avec le contenu des demandes de l’enfant, en comparant les simples affirmations aux réponses plus détaillées qui montrent que la mère réfléchit à ce que l’enfant a dit. Cette réactivité constitue la base « de presque tous les aspects du développement de l’enfant : linguistique, social, émotionnel et cognitif », indique le communiqué.

Les résultats ont montré que ces trois éléments étaient réduits par un facteur de deux à quatre par rapport au jeu libre ininterrompu, lorsque les magazines et le smartphone n’étaient pas dans la pièce.

« En d’autres termes, les mères ont parlé jusqu’à quatre fois moins avec leurs enfants lorsqu’elles étaient sur leur smartphone », a déclaré Borodkin. « De plus, elles échangeaient moins de tours de conversation avec le tout-petit, fournissaient moins de réponses immédiates et adaptées au contenu, et ignoraient plus souvent les offres explicites de l’enfant. »

« Même lorsqu’elles étaient en mesure de répondre tout en naviguant sur Facebook, la qualité de la réponse était réduite – les mères maintenaient leur réactivité au strict minimum pour éviter une rupture totale de la communication avec le tout-petit », a-t-elle ajouté.

Une femme tient un smartphone avec les icônes des réseaux sociaux Facebook, Instagram, Twitter et autres à Moscou, le 23 mars 2018. (Crédit : Kirill KUDRYAVTSEV/AFP)

Il n’y avait pas de différence selon que les mères lisaient un magazine ou naviguaient sur un smartphone, mais comme ce dernier est généralement plus immédiatement disponible, il présente un plus grand danger, a noté Borodkin.

« Nous n’avons pas trouvé qu’un média distrayait plus que l’autre », a-t-elle déclaré. « Cependant, il est clair que nous utilisons les smartphones beaucoup plus que tout autre média, ils représentent donc une menace importante pour le développement. »

Cette étude a été publiée dans le numéro de novembre/décembre de la revue de premier plan Journal of Child Development.

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