Macron à Netanyahu : ‘’Il y a trop de pertes civiles à Gaza »
L'appel fait suite aux critiques du président français de l'offensive contre le Hamas, qui ont irrité Israël ; Macron a également appelé Abbas à condamner l'assaut du 7 octobre
La France va envoyer une nouvelle salve d’aide humanitaire pour Gaza et est prête à accueillir des enfants blessés dans les hôpitaux français, a annoncé dimanche Emmanuel Macron, qui a interpellé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur les « trop nombreuses pertes civiles » dans le territoire palestinien.
L’appel téléphonique fait suite aux critiques dont Macron a fait l’objet à Jérusalem la semaine dernière pour avoir critiqué la campagne militaire de Tsahal, affirmant qu’elle tuait « de facto » des » femmes et des bébés » dans la bande de Gaza. Depuis, Paris tente de modérer ses critiques mais continue d’appeler à un cessez-le-feu.
Israël affirme que ses frappes aériennes, que le Hamas tient pour responsables de la majorité des pertes, visent les terroristes et les infrastructures du Hamas. Au lendemain de l’assaut de 3 000 terroristes sur le territoire israélien, il y a six semaines, Israël s’est donné pour mission d’éliminer le groupe, qui a massacré quelque 1 200 personnes, pour la plupart des civils, au cours d’atrocités brutales, et a kidnappé 240 personnes qu’elle retient toujours en otage à Gaza.
Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, affirme que la campagne israélienne a tué 13 000 personnes dans la bande de Gaza, précisant que les victimes sont principalement des civils et comprennent des milliers d’enfants. Ces chiffres et ces affirmations ne peuvent être vérifiés de manière indépendante, et le Hamas a été accusé de les gonfler et d’inclure des adolescents armés dans la catégorie des enfants innocents tués. On ignore combien de terroristes figurent parmi les victimes et combien de morts ont été causées par les centaines de roquettes tirées sur Israël qui ont manqué leur cible et explosé à l’intérieur de la bande de Gaza. Israël a accusé le Hamas d’utiliser les habitants de Gaza comme boucliers humains et de déployer son arsenal de guerre dans et autour des hôpitaux, des écoles, des mosquées et des installations des Nations unies.
Dimanche, il s’est inquiété auprès de Benjamin Netanyahu des « trop nombreuses pertes civiles » à Gaza, lui rappelant la « nécessité absolue de distinguer les terroristes de la population » et « l’importance d’instaurer une trêve humanitaire immédiate devant mener à un cessez-le-feu », a indiqué l’Elysée.
Le bureau de Netanyahu a publié peu de détails sur son appel avec Macron, disant seulement que « les deux dirigeants ont eu une longue conversation sur la progression de la guerre dans le sud, ainsi que sur le front nord », en référence à la frontière d’Israël avec le Liban.
Sur la situation en Cisjordanie, le président français a fait part au Premier ministre israélien de « sa grande préoccupation concernant la montée des violences contre les civils palestiniens », appelant à « tout faire (…) pour maintenir le calme ».
Selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne, depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, environ 200 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués par l’armée israélienne et, certains d’entre eux par des résidents d’implantations. Les autorités israéliennes affirment que la grande majorité d’entre eux ont été tués lors d’attaques ou d’affrontements avec des soldats de Tsahal.
Il a également abordé ce sujet avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, auprès duquel il a « condamné » ces violences, a précisé la présidence française au 44e jour de la guerre entre Israël et le Hamas.
Netanyahu a souligné à plusieurs reprises que le refus d’Abbas de condamner l’assaut était la raison pour laquelle l’AP basée à Ramallah ne saurait être chargée de gouverner la bande de Gaza après la guerre, comme le demandent les États-Unis et plusieurs autres pays.
Plus tôt dans la journée de dimanche, le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, a annoncé qu’un porte-hélicoptères dépêché par Paris avait mis le cap sur l’Égypte pour apporter un soutien médical aux civils palestiniens de Gaza.
La nouvelle salve d’aide médicale promise par Paris devrait être déployée rapidement.
Dix tonnes de fret médical seront envoyées par avion, le porte-hélicoptères Dixmude est en passe d’appareiller pour l’Egypte et des établissements hospitaliers seront mobilisés jusque dans l’Hexagone, a indiqué le président français dans un message posté sur X.
Face à « l’urgence pour la population de Gaza », il a promis que « les enfants blessés ou malades (…) qui ont besoin de soins urgents » pourront être « soignés en France », si cela est « utile et nécessaire ». « Des dispositions sont prises pour recevoir jusqu’à 50 patients dans nos établissements hospitaliers ».
Le Dixmude arrivera en Egypte « dans les prochains jours » et aura pour vocation de « traiter les cas les plus graves et permettre la prise en compte de civils blessés afin de les faire soigner dans les hôpitaux alentours, si nécessaire », selon Emmanuel Macron.
Un nouvel avion de l’armée de l’air transportera de son côté « plus de dix tonnes de fret médical en début de semaine ».
Le navire était prêt à partir la semaine dernière, mais son départ a été retardé parce que les responsables israéliens, égyptiens et français avaient besoin de plus de temps pour régler les détails logistiques de l’exploitation du navire, a confié une source diplomatique française au Times of Israel.
Le renforcement de l’aide humanitaire française s’inscrit dans un contexte sanitaire très dégradé à Gaza où l’armée israélienne mène un raid depuis mercredi sur l’hôpital al-Chifa, le plus grand du territoire palestinien. Israël a présenté de multiples preuves illustrant que le Hamas opère dans et dessous de cette hôpital.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.