Mandelblit autorise Netanyahu à emprunter de l’argent à Partrich pour sa défense
Le procureur général a approuvé la demande controversée parmi les officiels de permettre au Premier ministre d'utiliser l'argent d'un bienfaiteur pour se défendre devant la cour

Le procureur-général Avichai Mandelblit a statué vendredi qu’il permettrait au Premier ministre Benjamin Netanyahu de souscrire un prêt auprès d’un ami, l’homme d’affaires américain Spencer Partrich, pour aider à financer sa défense juridique.
Cette annonce survient une semaine après l’approbation donnée par le procureur de l’Etat, Matanyahu Englman, à la demande présentée par Netanyahu d’obtenir un financement de Partrich, conditionnant sa décision sur la conclusion de Mandelblit qu’il n’y aurait pas de conflit d’intérêts dans le transfert des fonds à cet effet. L’équipe du procureur-général a conclu que Partrich n’avait pas de liens commerciaux suffisamment significatifs en Israël et que le prêt pouvait donc être octroyé.
Cela fait longtemps que le Premier ministre cherche des fonds auprès de bienfaiteurs pour financer sa défense dans les trois affaires criminelles intentées contre lui, dont plusieurs impliquent les soupçons de ce qu’il aurait accepté des cadeaux illicites de la part de financiers dont il avait promu, en échange, les intérêts commerciaux.
Une partie de l’argent que Netanyahu devrait recevoir de Partrich servira à rembourser les 300 000 dollars qu’il a reçus de son cousin, l’homme d’affaires Nathan Milikowsky, et que la Commission des permis du bureau du contrôleur de l’État lui a demandé de rembourser.

La question du financement de la défense juridique de Netanyahu dans les trois affaires pénales auxquelles il est confronté a été litigieuse. Au cours de la dernière année, la Commission des permis a rejeté à trois reprises la demande de Netanyahu de recevoir une aide financière – d’une valeur pouvant atteindre deux millions de dollars – pour ses frais juridiques.
Mais, en juin dernier, le procureur général Avichai Mandelblit avait fait savoir à l’ancien contrôleur Yossef Shapira qu’il pouvait approuver une demande de prêt malgré la décision de la Commission des permis. Shapira, bien que s’y déclarant favorable en principe, n’a pas pris de mesures en ce sens avant de quitter son poste.
Le bureau de son successeur Englman a déclaré mercredi qu’il avait approuvé un prêt conforme aux normes du marché, à condition que Netanyahu signe une déclaration avec le procureur général pour éviter un conflit d’intérêts.

Le Mouvement pour un gouvernement de qualité a qualifié l’action d’Englman de « décision étrange et suspecte ». Il a affirmé que dans les cas de corruption présumée, comme ceux dans lesquels le Premier ministre est suspecté, « on s’attendrait à une attitude beaucoup plus stricte à l’égard des conflits d’intérêts [éventuels] ».
Il a accusé Englman de « causer de graves préjudices » au statut de la Commission des permis et de « nuire à la confiance du public dans le gouvernement ».
En refusant l’aide financière à Netanyahu, la Commission des permis avait déclaré qu’il était inapproprié pour les riches bienfaiteurs de payer pour la défense juridique du Premier ministre dans une affaire criminelle relative à sa prétendue réception de cadeaux de la part de tels bienfaiteurs en Israël et à l’étranger, la fameuse affaire 1 000.
Elle avait également indiqué qu’une telle aide ne devrait être sollicitée que si le fonctionnaire a besoin d’une aide financière – et avait demandé à Netanyahu de soumettre une évaluation de sa richesse réelle. Le Premier ministre s’y était refusé.

Trois membres de la Commission ont démissionné en août dans le cadre d’un différend avec Englman à ce sujet. La Treizième chaîne a rendu compte d’une réunion tenue en juillet entre Englman et les membres de la Commission, au cours de laquelle le contrôleur leur a reproché d’avoir exigé que Netanyahu rende l’argent à Milikowsky, qualifiant cette mesure de dépassement des pouvoirs de la Commission.
Mandelblit a annoncé avoir l’intention d’inculper Netanyahu dans trois dossiers, dont l’un comprend une accusation pour pots-de-vin. Mais le Premier ministre a d’abord droit à une audience qui devrait avoir lieu début octobre. Il a nié tout acte répréhensible et prétendu que ces accusations lancées à son encontre entrent dans le cadre d’un complot de la gauche répercuté par les médias, dont la « pression » incessante a obligé le procureur-général à le poursuivre.