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Marée noire en Méditerranée : Israël accuse l’Iran « d’attentat environnemental »

Gila Gamliel affirme qu'un navire libyen qui a quitté l'Iran est responsable de l'énorme pollution sur le littoral ; l'affirmation est contestée par les services de sécurité

Des soldats nettoient le goudron sur la plage de Palmachim suite à une marée noire en mer, qui a recouvert la majeure partie des côtes israéliennes, le 22 février 2021. (Yonatan Sindel/Flash90)
Des soldats nettoient le goudron sur la plage de Palmachim suite à une marée noire en mer, qui a recouvert la majeure partie des côtes israéliennes, le 22 février 2021. (Yonatan Sindel/Flash90)

Israël a accusé mercredi la République islamique d’Iran, son ennemi juré, d’avoir commis un « attentat environnemental » après une marée noire au large de ses côtes en Méditerranée, qui aurait été causée par un bateau venant d’Iran.

« Un bateau pirate battant pavillon libyen qui a quitté l’Iran est responsable de cet attentat environnemental », a affirmé Gila Gamliel, ministre de l’Environnement, lors d’une conférence de presse.

Selon elle, le navire s’est « approché de la zone économique exclusive d’Israël » pour « polluer de manière délibérée ».

« L’Iran mène des activités terroristes pas uniquement [en cherchant à se doter de] l’arme nucléaire et par son implantation près de nos frontières, mais aussi en lançant des attaques environnementales », a encore soutenu la ministre, précisant qu’environ 35 navires avaient fait l’objet d’une enquête avant d’aboutir à cette conclusion.

Malgré ses démentis, l’Iran est accusé par Israël de chercher à se doter de l’arme atomique.

« Notre lutte contre la pollution et les atteintes à l’environnement est une lutte transfrontalière », a ajouté Gamliel.

Des morceaux de goudron sur une plage de la réserve naturelle de Gdor près de Michmoret, en Israël, le 1er mars 2021, après la marée noire en mer Méditerranée. (Crédit : AP / Ariel Schalit)

Gamliel n’a pas nommé la société libyenne propriétaire du navire ni fourni d’autres détails sur le rôle présumé de l’Iran dans le déversement. Elle s’est engagée à intenter des poursuites.

« Nous allons poursuivre en justice pour obtenir une compensation au nom de tous les citoyens d’Israël pour les dommages causés à la santé, la nature, la flore et la faune », a-t-elle déclaré.

Gila Gamliel s’exprime lors d’une conférence à Kedem, en Cisjordanie, le 5 septembre 2019. (Hillel Maeir/Flash90)

L’accusation de la ministre a cependant été contestée par de hauts responsables de la sécurité et la Treizième chaîne a rapporté que l’establishment de la défense israélienne « ne partageait pas cette évaluation ». La chaîne a déclaré qu’il était « frappant » que ni l’agence de renseignement du Mossad ni d’autres organismes de défense n’aient été impliqués dans la formulation de la conclusion de Gamliel.

Un haut responsable de la sécurité non identifié a déclaré à Kan que l’Iran ne semblait pas être directement impliqué.

Le chef de l’unité navale du ministère de Gamliel a également semblé jeter un doute sur les affirmations selon lesquelles la fuite était intentionnelle.

« Nous pensons que la fuite qui nous a touchés n’est pas survenue lors d’un transfert de pétrole de l’Emerald vers des navires plus petits, mais qu’il s’agit soit d’un déversement délibéré – c’est-à-dire terroriste – soit d’un accident », a déclaré Rani Amir lors de la conférence de presse.

Des soldats israéliens nettoient du goudron sur la plage de Palmachim à la suite de la marée noire, qui a recouvert la plus grande partie du littoral israélien, le 22 février 2021. (Yonatan Sindel/Flash90)

Le navire libyen, baptisé Emerald, faisait de la contrebande de pétrole brut de l’Iran vers la Syrie lors du déversement, selon le ministère de la Protection de l’environnement, qui a déclaré que le navire battait pavillon panaméen.

« Entre le 1er et le 2 février, le navire a pollué les eaux économiques d’Israël alors qu’il se déplaçait avec ses dispositifs de suivi automatique éteints. Il a rallumé ces dispositifs lorsqu’il est arrivé en Syrie. Entre le 3 et le 14 février, il a déchargé le pétrole brut qu’il transportait vers d’autres navires à proximité du territoire syrien », selon un communiqué du ministère.

Le navire est retourné en Iran et y est actuellement ancré, a déclaré le ministère.

Gamliel avait déclaré plus tôt mercredi qu’Israël avait identifié le navire, sans donner plus de détails.

Dimanche, elle a affirmé que son pays ne laisserait pas « impuni ce crime environnemental » et les autorités ont lavé de tout soupçon un pétrolier grec suspect, ainsi qu’une dizaine d’autres navires.

Mi-février, des vents puissants et une houle inhabituellement importante ont secoué les côtes, entraînant l’arrivée de tonnes de goudron sur les plages, depuis la région de Rosh Hanikra, dans le nord d’Israël, près du Liban, jusqu’à Ashkelon, dans le sud, à la limite de l’enclave palestinienne de Gaza.

Selon le ministère de l’Environnement, des « dizaines à des centaines de tonnes » de goudron ont été déversées, ce qui constitue l’une des plus importantes marées noires sur le littoral méditerranéen israélien.

Des équipes de l’armée, des salariés de l’Autorité israélienne de la nature et des parcs, des civils et des membres d’ONG ont aussitôt parcouru les côtes d’Israël afin de nettoyer les plages. Une baleine – un rorqual commun, deuxième plus grande espèce au monde après la baleine bleue – longue de près de 17 mètres, a été découverte sur une plage près d’Ashkelon.

Le drame écologique s’est propagé jusqu’au sud du Liban, où du goudron était visible le long du littoral, allant de la ville frontalière de Naqoura jusqu’à Tyr, un peu plus au nord. Cette zone, l’une des plus préservées du littoral libanais, compte de nombreuses plages et est considérée comme un foyer de tortues marines.

Un ramassage du goudron de la plage d’Atlit dans le nord d’Israël, le 1er mars 2021. (Elad Yaakov, Service de presse du gouvernement)

Le ministère de la Protection de l’environnement a indiqué mardi qu’il avait déjà retiré quelque 120 tonnes de sable, de goudron et de matériaux contaminés sur les plages côtières nord de Jisr az-Zarqa, Herzliya et Atlit et de Palmachim, dans le centre d’Israël. Il a indiqué que des préparatifs étaient en cours pour des nettoyages sur d’autres plages, notamment à Haïfa, Rishon Lezion, Netanya, Tel Aviv et Nahariya.

La semaine dernière, alors que le nettoyage s’accélérait, le ministère de la Santé a interdit, à titre préventif, la vente de poissons et autres fruits de mer en provenance de la Méditerranée.

L’accusation de Gamliel fait suite à une autre par l’État juif d’une récente attaque de l’Iran contre un navire appartenant à Israël dans le golfe d’Oman en février, ce qui a encore accru les tensions entre les deux pays. L’Iran a nié tout rôle dans l’explosion qui a frappé le MV Helios Ray, laissant deux trous sur son flanc mais ne faisant aucune victime.

« Il est clair que c’est un acte iranien. Pour ce qui est de ma riposte, vous connaissez ma politique. L’Iran est le plus grand ennemi d’Israël et je suis déterminé à l’arrêter. Nous le frappons partout dans la région », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Téhéran a rejeté ces accusations. Si Israël « veut utiliser cette accusation comme base pour créer de nouvelles tensions, nous les surveillerons et les suivrons de près », a prévenu le ministère iranien des Affaires étrangères. « Si quelque chose se passe, nous y répondrons au moment opportun. »

L’AFP a contribué à cet article.

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