Marwan Issa : L’obscur « chef d’état-major » du Hamas, l’un des cerveaux du 7 octobre
Le N° 3 du groupe terroriste a fait des Brigades Ezzedine al-Qassam une force organisée ; arrêté pour la première fois en 1987, il a survécu à plusieurs tentatives d'assassinat
En tant que chef adjoint de la branche armée du groupe terroriste palestinien du Hamas, Marwan Issa a longtemps été une cible insaisissable pour Israël, et la frappe aérienne de dimanche matin, qui a laissé l’armée israélienne et le Hamas perplexes quant à son sort, a été le point culminant des efforts considérables déployés par Tsahal pour éliminer le commandant terroriste de haut rang.
Surnommé « l’homme de l’ombre » en raison de sa capacité à rester hors des radars israéliens, ce Gazaoui de 59 ans a joué un rôle important dans une longue série d’attaques terroristes, depuis l’époque de la Première Intifada jusqu’au massacre de près de 1 200 personnes et à l’enlèvement de 253 autres dans le sud d’Israël, le 7 octobre, lors de l’assaut terroriste qui a ébranlé Israël.
En raison de la nature de son rôle de chef adjoint des Brigades Ezzedine al-Qassam, qui fait de lui le second du chef de la branche armée, Mohammed Deif, Issa est « en quelque sorte le chef d’état-major du Hamas », a expliqué lundi soir l’ancien chef du renseignement militaire, Amos Yadlin, à la Douzième chaîne.
Issa est « la liaison entre l’aile armée et l’aile politique du Hamas », a ajouté Yadlin. « Il était impliqué jusqu’au cou dans le 7 octobre ; il est l’un des cinq hommes qui connaissaient par avance [tous les aspects du 7 octobre], si ce n’est le plus impliqué d’entre eux. »
Issa est soutenu par les responsables du Hamas à Gaza, en Cisjordanie et au Qatar, a déclaré Ilan Lotan, ancien responsable de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, à la Douzième chaîne, soulignant à quel point son poste fait partie intégrante des opérations quotidiennes du groupe terroriste.
En mars 2023, Issa a prononcé un discours appelant les Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est à « mener la confrontation avec l’occupation israélienne ».
« Nous devons déclencher l’action de la résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes anti-Israël] dans toute la Palestine et la soutenir financièrement, moralement et dans les médias », aurait-il déclaré selon le média New Arab, propriété du Qatar.
Dans le même discours, il a prédit qu’un « tremblement de terre frapperait la région » dans un avenir proche.
Issa a été impliqué dans les Brigades Ezzedine al-Qassam dès les premiers jours de leur création et a joué un rôle clé dans leur construction et leur établissement en tant qu’organisation armée plutôt qu’en tant que milice peu soudée, selon la chaîne publique Kan. Il a gravi les échelons de la branche armée du Hamas, devenant le commandant en second de Deif en 2012, après l’assassinat de son prédécesseur Ahmed Jabari.
Le terroriste gazaoui a passé du temps dans les prisons d’Israël et de l’Autorité palestinienne (AP). Il a été arrêté pour la première fois par Israël en 1987 et a passé cinq ans en prison pour ses activités avec le Hamas pendant la Première Intifada. Après sa libération en 1993, il a été arrêté une nouvelle fois en 1997, cette fois par l’AP, et a passé quatre années supplémentaires en prison avant d’être libéré en 2000, au début de la Seconde Intifada.
Issa est considéré comme le numéro trois du Hamas à Gaza, après Deif et le chef du groupe terroriste à Gaza, Yahya Sinwar, qui sont soupçonnés d’avoir organisé le massacre du 7 octobre qui a déclenché la guerre actuelle.
Avant la frappe aérienne de dimanche, Issa avait fait l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat infructueuses, depuis 2006, lorsqu’Israël avait pris pour cible le lieu d’une réunion à laquelle il participait avec Deif.
Issa aurait été blessé lors de l’attaque, et Deif aurait perdu ses deux jambes – bien que cette hypothèse ait été remise en question en décembre lorsqu’un article non confirmé citant de nouvelles découvertes des services de renseignement de Tsahal a affirmé que Deif boitait mais était capable de marcher.
Après l’échec de la tentative d’assassinat dont il a été victime en 2006, Issa a été la cible d’au moins deux autres tentatives d’assassinat, une fois au cours de la guerre de Gaza de 2014 et une fois au cours de l’Opération « Gardien des murs » en 2021. L’un de ses quatre fils aurait été tué lors d’une frappe aérienne en décembre, un an après qu’un autre de ses fils a trouvé la mort à la suite d’une maladie non spécifiée qui n’avait pas été soignée.
Bien qu’il occupe une position élevée au sein du Hamas, Issa a la réputation de rester discret, et ce n’est que lorsqu’il a été photographié après l’échange de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël contre le soldat israélien Gilad Shalit en 2011 que le grand public a su à quoi il ressemblait.
Le manque d’informations publiques sur Issa n’a pas empêché les États-Unis de l’ajouter à leur liste noire en 2019. L’Union européenne (UE) ne lui a emboîté le pas qu’en décembre 2023, lorsqu’il a été ajouté à la liste de surveillance en même temps que Deif.
L’UE avait alors déclaré que la décision concernant Issa et Deif avait été prise en réponse « à la menace posée par le Hamas et ses attaques terroristes brutales et aveugles en Israël le 7 octobre 2023 ».