Massacre d’Ascq: des enfants de victimes portent plainte contre un ancien SS
Karl Münter, acquitté en mars dernier en raison de la prescription des "crimes de guerre", est aujourd'hui poursuivi pour avoir tenu des propos négationnistes
Deux sœurs dont le père a été tué dans le massacre d’Ascq, dans le nord de la France, perpétré par la Waffen SS en 1944 ont porté plainte contre un ancien SS présent ce jour-là, après qu’il eut tenu des propos négationnistes sur la chaîne allemande ARD en novembre dernier.
Dans cette interview diffusée le 29 novembre dernier « Karl Münter, 96 ans, condamné à mort par contumace en 1949 à Lille par un tribunal militaire, a notamment affirmé ‘ne pas regretter du tout’ ces faits, niant toute action criminelle des SS durant la guerre, » rapporte Ouest France.
Il a également affirmé : « Il faut être prudent avec ce chiffre de millions de juifs. Il n’y avait pas autant de juifs chez nous autrefois, cela a déjà été réfuté. Ce chiffre de 6 millions n’est pas exact ».
La 12e division SS de la « Hitlerjugend » (Jeunesse hitlérienne) s’était abattue sauvagement sur le village d’Ascq, près de Lille, dans la nuit du 1er au 2 avril 1944.

En quelques heures, une cinquantaine de ces soldats dont le train avait légèrement déraillé après une action de sabotage de la Résistance, avaient fusillé 86 hommes, en représailles.
En mars dernier, le Parquet allemand avait annoncé l’abandon des poursuites contre Karl Münter, l’homme ayant déjà été jugé après la Guerre.
« Le Parquet général de Celle a abandonné la procédure d’enquête sur un Allemand de 95 ans de Nordstemmen pour soupçon de complicité d’assassinat », selon un communiqué de cette instance.
Karl Münter, âgé de 21 ans au moment du massacre, a déjà été condamné à mort par contumace en 1949 par un tribunal militaire français, avant d’être gracié en 1955.
Précédant la justice allemande, la Chancellerie française avait en outre estimé que le massacre relevait des « crimes de guerre », dont la prescription est de 20 ans, et non de crimes contre l’humanité, qui sont imprescriptibles.
Le ministère français de la Justice avait considéré que s’appliquait dans ce cas le principe selon lequel, en vertu des accords de Schengen, une personne ne peut être jugée deux fois pour les mêmes faits dans deux pays différents.
Suite à cette récente interview Jacqueline Ruckebusch-Béghin et Marguerite-Marie Béghin, dont le père Louis, alors âgé de 31 ans, a été fusillé par les SS « ont ainsi saisi par courrier le parquet de Celle, en Allemagne, » détaille Ouest France.
Elles portent plainte contre Karl Münter pour « apologie de crime de guerre » et « propos négationnistes au titre de l’extermination des juifs ». Son discours, écrivent-elles, est « particulièrement blessant pour les familles, aussi irrespectueux que scandaleux, mais surtout illégal ».
Le parquet de Celle a accusé réception de la plainte et affirmé qu’elle est actuellement « en cours d’instruction ».